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Everybody Knows d’Asghar Farhadi – Compétition officielle

par | 9 Mai 2018 | CINEMA

Une disparition

Deux ans après avoir remporté le Prix du scénario pour Le Client, Asghar Farhadi revient en grande pompe au Théâtre Lumière, entouré de deux méga stars espagnoles, Javier Bardem et Penélope Cruz, des habitués de la manifestation. C’est donc son film Everybody Knows qui ouvre cette nouvelle édition cannoise, un polar psychologique comme les aime Farhadi, mais cette fois-ci l’action est relocalisée en Espagne, dans un petit village viticole pour faire exotique. Loin de ses terres, le réalisateur iranien n’en reste pas moins proches de ses thèmes de prédilection : la famille, les tragédies qui la touchent et qui la scindent, les travers de la société, les travers de l’humain. A l’occasion du mariage de sa petite sœur, Laura (Penélope Cruz) revient dans son village natal avec ses deux enfants, un petit garçon et une adolescente. Alors que les retrouvailles sont heureuses et que la fête bat son plein, hors champ, c’est le drame, Irene, la fille de Laura, n’est plus dans la maison. Après Une séparation, une disparition.

L’installation (longue) distille les enjeux et permet au spectateur de mettre un visage sur tous ces personnages qui, comme le souffle le titre du film, « savent ». Des Judas, il y en a partout qui embrassent la malheureuse Laura sur les deux joues tandis qu’un homme, Paco (Javier Bardem), son ex, fout toute sa vie en l’air pour lui venir en aide. Suspicion, psychose, duplicité, dissimulation, tout est brassé par la mécanique farhadienne où le linge sale se lave définitivement en famille. Une famille qui, bien sûr, a son lot de secrets, certains moins bien gardés que d’autres. Si Javier Bardem tire son épingle du jeu – prestation exceptionnelle – Everybody Knows nous laisse froid malgré la chaleur du soleil ibérique. Aucune émotion ne passe, même les larmes de Cruz n’y font rien. Le film est prisonnier de son écriture trop rigide, et la petite musique de cette histoire en trois actes qui s’inspire de plusieurs fait divers qui se sont déroulés dans les années 1990 en Espagne – des kidnappings en séries, des familles entières (riches et moins riches) rompues au chantage – finit par ronfler jusqu’au final prévisible (et raté). Manque de surprise. Manque de secousses.

Réalisé par Asghar Farhadi. Avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin, Barbara Lennie… Durée : 2H12. En salles le 9 mai 2018.

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