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Chroniques de Villefranche (jour 3) : “En attendant les hirondelles” et “Makala”

par | 9 Nov 2017 | CINEMA

Du 6 au 12 novembre se tiennent les 22e Rencontres du Cinéma Francophone en Beaujolais. A cette occasion, FrenchMania, partenaire des Rencontres, vous livre chaque jour son avis sur les films en sélection.

Focus aujourd’hui sur :

En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui

D’après le dicton, les hirondelles font le printemps. Pourtant, les personnages du premier long métrage de Karim Moussaoui avancent d’espoir déçu en espoir déçu. A travers trois histoires filées avec justesse et précision, le réalisateur met en scène ce qui l’interpelle dans la société algérienne contemporaine, là où ça coince encore, en ville et dans les terres. Chaque récit figure un motif, la mosaïque des problématiques qui pèsent de génération en génération : corruption, patriarcat, stigmates de la sale guerre. Karim Moussaoui et Maud Ameline, co-scénariste, racontent tout à tour l’histoire d’un promoteur immobilier qui veut rester intègre, d’un jeune homme contraint de laisser filer l’amour de sa vie et d’un médecin rattrapé par son terrible passé. Au milieu, les femmes. Des mères, des filles, des épouses, résignées, esseulées ou outragées. Le film débute par un plan d’ensemble, sur une voiture en marche. Un premier élan. Si le pays stagne toujours, le cinéma de Moussaoui, lui, privilégie le mouvement et ses articulations. La mise en scène, ample, gracieuse, est piquée d’instants poétiques, d’intermèdes enchanteurs, comme cette scène de danse en plein désert qu’on pourrait croire sortie d’un film de Carax. Personnage à part entière, la musique est à l’image de l’Algérie dépeinte par Moussaoui, entre modernité et classicisme, entre guitare sèche, guitare électrique et violoncelle. Cordes sensibles. Présenté en sélection Un Certain regard à Cannes en 2017, En attendant les hirondelles fait dialoguer le fond et la forme, l’intime, les illusions et les désillusions. Le casting n’est pas en reste – tous les comédiens et comédiennes sont formidables. Un premier film, un sans faute. A.C.

Makala d’Emmanuel Gras

Après Bovines, documentaire sur la vraie vie des vaches sorti en 2012, Emmanuel Gras reprend du service, direction le Congo. Sa caméra filme le quotidien d’un travailleur qui aspire à offrir un avenir meilleur à sa famille. La brousse, la marche, la sueur, la rudesse des taches, les routes dangereuses, les bras qui lâchent sous le poids des cargaisons. Emmanuel Gras capture avec délicatesse la valeur de l’effort, l’euphorie et les souffrances qui en découlent. « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil » chantait Aznavour. Pour Gras, ce sont les rêves qui la rendent moins pénible, même s’ils coûtent. Portrait d’un homme au courage exemplaire, Makala réveille notre humanité et nous rappelle à l’humilité. Tour de force. A.C.

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