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Chroniques de Villefranche (Jour 4) : “Les Bienheureux” et “Jusqu’à la garde”

par | 10 Nov 2017 | CINEMA

Du 6 au 12 novembre se tiennent les 22e Rencontres du Cinéma Francophone en Beaujolais. A cette occasion, FrenchMania vous livre chaque jour, dans son journal de bord, son avis des films en sélection. Aujourd’hui Les Bienheureux (sortie le ) et Jusqu’à la garde, un très grand premier film à découvrir le février 2018 en salles.

Les Bienheureux  de Sofia Djama

« Alger, 2008 ». Le décor est planté par Sofia Djama. Les Bienheureux, son premier long métrage, est aussi beau qu’amer. Il cerne les bouleversements d’un pays à travers le regard réaliste d’une famille au bord de l’explosion : Amal et Samir, couple qui se fissure – à l’image du pays -, et Fahim, leur fils, entouré de ses amis Feriel et Reda incarnent cette jeunesse qui rêve encore de faire bouger les lignes tandis que la génération précédente se demande ce qu’il est advenu de leurs idéaux. Les rêves se font mirages et la mise en scène multiplie les plans fixes pour figurer la stagnation, la volatilité de ce qu’on croit voir. Le passé et le présent se répondent ici, et les deux sont anxiogènes. Impossible de crier “Liberté chérie”. Les personnages dessinés avec finesse par Sofia Djama sont écartelés : fuir ou reconstruire, telle est la question. Mais c’est encore plus dur pour Feriel, adolescente dont la mère a été assassinée, et qui porte sur elle les marques d’une histoire violente alors qu’elle n’aspire qu’à la paix. Les destins s’entrecroisent et forment un tout poignant. Pas étonnant que la jeune comédienne Lyna Khoudri ait été récompensée d’un prix d’interprétation amplement mérité à la dernière Mostra de Venise. J.G.

Jusqu’à la garde  de Xavier Legrand

Attention, film coup de poing. Xavier Legrand nous invite dans le quotidien d’un couple qui se sépare et le rythme cardiaque s’accélère. Tout commence dans le bureau de la juge aux affaires familiales. Une scène magistrale qui pose les enjeux du film : Myriam veut protéger son fils alors mineur d’un père abusif, mais Antoine nie avoir un comportement violent. La juge tranche et la garde des enfants est partagée. Commencent alors les épreuves et les supplices, le cauchemar d’une mère et de son fils, la spirale de la violence et le régime de la terreur. La tension monte crescendo jusqu’au finish, explosif. Jusqu’à la garde ne lâche rien, son écriture est incisive, sa mise en scène, précise, métrique. Porté par un Denis Ménochet et une Léa Drucker au sommet, le premier long métrage de Xavier Legrand épate autant qu’il bouleverse. La surprise vient de la sobriété de ce drame pourtant dense qui fait la nique à tous les clichés que le sujet pouvait porter en lui. Il a même soufflé la Mostra de Venise, le jury l’ayant doublement récompensé (Meilleur Premier film et prix de la mise en scène). Chapeau. A.C.

 

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