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Festival “Les Œillades” d’Albi (épisode 3) : 3 films en compétition

par | 26 Nov 2017 | CINEMA, Interview

FrenchMania est partenaire du 21ème Festival du film francophone d’Albi, “Les Œillades” du 21 au 26 novembre. Des avant-premières, des invités, un focus sur les documentaires, des séances pour les scolaires et 13 films en compétition. Le jury ? C’est le public !

Pour ce troisième épisode, retour sur 3 films de la compétition : l’immense Makala, le décevant Une Saison en France et le plantage Marie Curie.

Makala d’Emmanuel Gras*

La force de l’épreuve

Après Bovines, documentaire sur la vraie vie des vaches sorti en 2012, Emmanuel Gras reprend du service, direction le Congo. Sa caméra filme le quotidien d’un travailleur qui aspire à offrir un avenir meilleur à sa famille. La brousse, la marche, la sueur, la rudesse des taches, les routes dangereuses, les bras qui lâchent sous le poids des cargaisons. Emmanuel Gras capture avec délicatesse la valeur de l’effort, l’euphorie et les souffrances qui en découlent. « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil » chantait Aznavour. Pour Gras, ce sont les rêves qui la rendent moins pénible, même s’ils coûtent. Portrait d’un homme au courage exemplaire, Makala réveille notre humanité et nous rappelle à l’humilité. Tour de force. (En salles le 6 décembre). A.C.

* plus d’infos sur ce film à venir prochainement sur FrenchMania.

Une Saison en France  de Mahamat Saleh Haroun

Triste asile

Abbas et ses deux jeunes enfants ont fui la guerre en Centrafrique après le décès de sa femme pour s’installer en France. Ce professeur de français se débrouille comme il peut, entre des logements temporaires et un petit boulot sur un marché. Dans son exil, il a fait la connaissance Carole, une fleuriste avec qui il entretient une relation douce malgré la difficulté de sa situation. Le film de Mahamat Saleh Haroun, qui fut en compétition à Cannes avec Un homme qui crie (Prix du Jury en 2010) et Grigris (2013), est une chronique assez lisse du parcours d’un migrant africain dans le Paris d’aujourd’hui entre demandes de droit d’asile refusées, humiliations quotidiennes et menaces policières. Malgré la présence puissante d’Eriq Ebouaney dans le rôle principal et l’humanité solaire de Sandrine Bonnaire (Carole), Une Saison en France pêche par une mise en scène plate, un propos souvent démonstratif (le parcours du jeune frère d’Abbas) et des dialogues pauvres (les enfants, les seconds rôles). Sans parler des incursions fantastiques mal amenées ou inutilement redondantes (le fantôme de l’épouse défunte). Décevant. (En salles le 31 janvier 2018). F.F-M.

Marie Curie  de Marie-Noëlle Sehr

Les particules et les mentors

Belle idée que de raconter la vie de Marie Sklodowska-Curie après la mort de son mari Pierre et la façon dont elle dût lutter pour continuer les travaux du couple sur les particules, les noyaux et le radium qui leur avait valu un prix Nobel 3 ans auparavant. Le sujet est passionnant d’un point de vue sociologique puisqu’il donne à voir la misogynie du milieu scientifique au début du 20ème siècle : la condescendance de ses pairs qui ne la laissent continuer ses travaux qu’à la condition qu’elle soit chapeautée par des mentors masculins et donc dignes de confiance. Mais patatras ! Le film de Marie-Noëlle Sehr, coproduction franco-germano-polonaise indigente, se tire continuellement des rafales dans le pied : aucun plan n’est cadré si bien que la caméra semble avoir sa vie propre et les lumières, par exemple, devoir plus au hasard qu’à un chef opérateur digne de ce nom. En hystérisant son propos, la réalisatrice fait, peut-être malgré elle, le portrait d’une demi-folle qui voit son mari défunt partout et passe ses nuits à tripoter frénétiquement du radium. Tout est à l’avenant, chaque scène propose, telle une méga-discothèque de zone industrielle, à minima 3 ambiances et la palette de jeu de Karolina Gruszka (Marie), qui semble avoir appris son texte phonétiquement, est aussi vaste que celle d’une voix de GPS. On s’attend à ce qu’elle annonce en plein exposé à la Sorbonne que “le calcul de l’itinéraire est en cours“. Même le discours scientifique apparait caricatural et opaque tant la réalisatrice refuse l’étape de la vulgarisation qui permettrait de relancer l’intérêt. “Faites demi-tour dès que possible“. (Sortie en salles le 24 janvier 2018). F.F-M.

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