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Journal de bord de St-Jean-de-Luz / Jour 2 : Michèle Laroque, L’Enfant de Goa, Diane a les épaules et L’Echange des princesses

par | 4 Oct 2017 | CINEMA

Pendant toute la durée du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, retrouvez chaque jour sur FrenchMania une interview d’un des membres du jury ainsi que les critiques des films en sélection.

3 questions à Michèle Laroque, présidente du jury 2017

Comment aborde-t-on le rôle de présidente d’un jury ?

J’ai été à plusieurs reprises déjà dans cette position et ça s’est à chaque fois merveilleusement bien passé, alors j’aborde ce rôle avec beaucoup de joie. C’est assez simple en fait, il faut juste qu’il y ait une bonne énergie. Dans ce groupe, elle circule très bien ! Tout le monde se sent à l’aise. C’est important au sein d’un jury d’avoir le sentiment de pouvoir être soi, sans filtre, arriver à parler, à discuter de ce qu’on a ressenti. J’ai toujours eu envie, et d’ailleurs à chaque fois que je suis dans ce rôle de présidente, de parler des films tout de suite après les avoir vu. Pas d’attendre d’en avoir visionné 3 ou 4, mais débriefer tout de suite, à la sauvage presque. C’est très agréable car il n’y a aucune pression, et il y a beaucoup de respect entre chacun de nous. Ce sont des bons moments, des moments de rencontre. On apprend aussi à se connaître à travers nos goûts, nos avis. Cette expérience, c’est donc vraiment le contraire de quelque chose de contraignant !

Pour mieux connaître vos goûts en matière de cinéma, auriez-vous un coup de coeur et un coup de gueule récent à nous partager ?

Alors comme j’étais en plein dans mon film (Brillantissime, Ndlr), je suis très peu allée au cinéma ces derniers temps… Par contre, je suis tombée il n’y a pas très longtemps à la télé sur Opening Night de Cassavetes. Je l’avais bien sûr déjà vu, mais je suis restée scotchée. Cassavetes est un de mes réalisateurs favoris. Je ne pourrais jamais me lasser d’un film de Cassavetes. Jamais. Puis Gena Rowlands quoi ! Elle est éblouissante dans chacun de ses rôles. Son jeu d’actrice est très inspirant. Comme j’avais trouvé Cate Blanchet remarquable dans Blue Jasmine de Woody Allen. Elles sont de la même trempe. Quant au coup de gueule, c’est plus vaste. Je n’aime pas les films qui manipulent les émotions, qui nous disent quand il faut rire ou pleurer. Ça, ça peut me gâcher un film oui, m’en faire sortir totalement. Et pourtant, je suis bon public ! J’aime avant tout les choses sincères, peu importe si le film a des défauts, des imperfections.

Brillantissime sera projeté en clôture du Festival donc on en reparle plus tard ! Mais vous avez projet avec Muriel Robin en cours d’écriture, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Avec Muriel, on s’apporte de l’énergie. Il se passe quelque chose quand on est ensemble. On a eu envie d’écrire une histoire sur un couple de femmes, que Muriel et moi allons interpréter. Avant de se rencontrer, l’une était hétéro, mariée et avait déjà un enfant, et ça m’a semblé intéressant de parler de ces sujets là, de la vie quoi. Le film est écrit à quatre mains avec Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine.

Propos recueillis par Ava Cahen et Franck Finance-Madureira – Photo : Chris Huby / Agence Le Pictorium

LES FILMS DU JOUR

L’enfant de Goa  de Miransha Naik  (en compétition)

Si le traditionnel modèle de la comédie musicale bollywoodienne tient toujours le haut du pavé en Inde, une cinématographie parallèle émerge dans les festivals du monde entier. L’enfant de Goa s’inscrit dans une veine naturaliste et nous plonge dans une communauté, un village proche des plages de Goa, qui fonctionne à l’image de la société indienne. Le « patron », un marchand de sommeil sans scrupule, s’octroie le droit de vie, de cuissage ou de mort sur les familles d’ « immigrés » (venues d’autres états indiens) qu’il héberge. L’enfant de Goa, c’est Santosh, un ado qui vit seul avec sa grand-mère. Elève brillant marqué par un drame familial, il cumule école et petits boulots. Santosh se débat comme il peut dans cette vie faite d’humiliations et de violence. Un portrait dur et juste qui distille quelques notes d’espoir dans cet univers qui a aboli le respect et l’intimité mais pas la dignité. F.F-M

Diane a les épaules  de Fabien Gorgeart  (en compétition)

Diane est une fille moderne. Cash et indépendante en diable, elle porte l’enfant de ses meilleurs amis homos et se met à faire des travaux dans la maison de ses parents. C’est dans ce contexte bien particulier qu’elle rencontre Fabrizio, l’électricien du coin et va devoir gérer les trois hommes de sa vie. Construit tel un écrin autour de Clothilde Hesme, Diane a les épaules suit ces fameux 9 mois qui font la nique aux certitudes. D’une finesse d’écriture et d’une modernité folle, le film revisite allègrement les codes de genre (Bisous la Manif pour tous) et s’inscrit dans une tendance jouissive et récente du cinéma français à mettre enfin en avant une féminité décomplexée (Victoria, Jeune femme, …). Malgré quelques longueurs en fin de course, le premier long métrage de Fabien Gorgeart tient ses promesses et confirme un fait établi : Clotilde Hesme est une actrice extraordinaire ! F.F-M

L’échange des princesses  de Marc Dugain  (hors compétition – ouverture)

Adaptation du roman de Chantal Thomas, L’échange des princesses nous plonge dans la France du 18e siècle, celle de la monarchie. Pour solder un conflit, Philippe d’Orléans, alors Régent de France (Olivier Gourmet), propose au Roi d’Espagne, Philippe V (Lambert Wilson), un mariage entre l’héritier du trône français, Louis XV, âgé de 11 ans, et la très jeune infante d’Espagne, Anna Maria Victoria… Sujet audacieux donc pour un film en costumes qui n’est pas à la hauteur de cette audace. Malgré de formidables comédiens, tous dirigés avec soin, la réalisation de Marc Dugain manque de personnalité et d’enjeux. C’est le deuxième long métrage du romancier, après le remarqué Une exécution ordinaire, nommé au Prix Louis Deluc en 2010. A.C

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