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Swallow de Carlo Mirabella-Davis

par | 16 Jan 2020 | CINEMA

Nouvelle cuisine

Connaissez-vous le Pica ? Cette étrange maladie psychiatrique apparaît subitement dans la vie de Hunter. Elle a, en apparence, tout pour être heureuse : Un mari beau, riche, sportif et héritier de l’entreprise familiale, une nouvelle maison hyper moderne et tout confort qu’elle s’emploie à décorer avec soin et l’annonce d’une grossesse qui vient poser la dernière pierre d’un édifice en forme de vie parfaite. Seulement, ses journées solitaires vont prendre un tour nouveau quand elle commence à ingérer de façon à la fois compulsive et sensuelle une bille qui traîne sur la commode. Le Pica, c’est donc ça, un syndrome qui provoque l’envie irrépressible d’avaler des éléments non-comestibles.

Le film de Carlo Mirabella-Davis (coproduction américano-française) travaille une partition précise, minutieuse, qui joue d’un décor “high tech” et intemporel à la fois que ne parviennent pas à réchauffer les filtres de couleurs vives qu’Hunter applique sur les vitres. La première scène donne, d’une certaine façon, le ton puisqu’elle se concentre sur le destin bref et pathétique d’une petite côte d’agneau et tout est déjà là : la vie paisible puis le trauma, la solitude face à la mort, et, au final, l’ingestion, la gourmandise et la sensualité crue du morceau de chair dans une assiette, l’éveil des sens par la bouche.

Copyright UFO Distribution

Bien sûr la solitude de la jeune “desperate housewife” qui vit dans l’ombre d’une belle-famille “control freak” et d’un homme tout-puissant aux allures de Ken satisfait d’avoir trouvé sa Barbie, est l’une des clés de sa nouvelle et étrange passion dévorante mais il n’y a pas que ça. Le film pose doucement les jalons d’un chemin de croix psychologique vers le souvenir et, sans jouer de bascules scénaristiques spectaculaires, pointe le trauma originel, toujours avec cette distance digne d’un psychiatre : concernée mais froide.

Swallow joue sa carte sur un fil ténu, toujours au bord d’un précipice émotionnel, et doit beaucoup de sa tenue à l’incroyable interprétation de Haley Bennett qu’on avait découverte en étudiante à la sexualité fluide dans le Kaboom de Gregg Araki il y a presque 10 ans. La comédienne ne cherche jamais une empathie sur laquelle le récit travaille lentement et parvient à toucher juste à mesure que son personnage se révèle. Swallow est un film lancinant, fascinant et élégant, Carlo Mirabella-Davis, lui, un réalisateur prometteur.

Réalisé par Carlo Mirabella-Davis, avec Haley Bennett, Austin Stowell, Denis O’Hare, … ETATS-UNIS/FRANCE- 1h34 – Sortie le 15 janvier – UFO Distribution

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