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A table ! On a vu Tazzeka de Jean-Philippe Gaud et Wine Calling de Bruno Sauvard

par | 9 Oct 2018 | CINEMA

Tazzeka de Jean-Philippe Gaud

Elias est né à Tazzeka, petit village marocain où il est élevé par sa grand-mère, fine cuisinière. Dans son lit d’enfant, tous les soirs, il répète en français le nom des plats et desserts qu’il a lu dans le livre “Comment cuisiner comme un chef” de Joël Robuchon. Au pays du couscous et des tagines, Elias rêve de homard à la truffe et de macaron d’Ispahan. En devenant jeune homme, Elias n’a rien perdu de son appétit pour la cuisine française qu’il essaie même d’imposer à la carte du restaurant dans lequel il travaille. C’est pourtant un couscous qu’il va servir à un chef français, vedette du petit écran, de passage dans cette cantine de village. Une rencontre déterminante pour Elias, tout comme celle avec Salma, jeune parisienne envoyée en séjour punitif à Tazzeka. Lorsque celle-ci rentre chez elle, Elias n’a plus qu’un objectif en tête : la rejoindre à Paris, capitale de la gastronomie, mais aussi ville qui lui a arraché son grand frère, mort depuis des années. Gaud traite avec délicatesse de thèmes universels (l’indépendance, l’altruisme, la nourriture – follement désirable dans le film) et de thèmes plus intimes liés au voyage d’Elias. Quitter sa grand-mère et son employeur n’est pas aisé, vivre à Paris non plus – surtout sans papiers. Il se dégage quelque chose de solaire de ce premier film qui laisse sur le visage un sourire mélancolique. Madi Belem (Elias) est parfait, ses yeux reflètent l’émerveillement du personnage comme sa détresse, la photo est belle, chaude, la musique aussi. Malgré quelques longueurs (des détours scénaristiques pas toujours utiles), Tazzeka séduit par sa douceur et sa générosité – en plus de faire saliver.

Durée : 1H35. En salles le 10 octobre 2018. FRANCE-MAROC. 

Copyright Les Films des Deux Rives

Wine Calling de Bruno Sauvard

Point conso : moins de 42 litres par habitant par an en France en moyenne en 2016. Le vin se boit comme du petit lait, pourtant les méthodes de vinification n’ont jamais été si menaçantes – pour les cultures comme pour notre santé. Boire avec modération, c’est intégré. Mais boire du vin sans sulfites, ni additifs, ni pesticides, si elle était là la clé du bonheur, celui qui vient directement de sous le bouchon ? Ces dernières années, les néo-vignerons sont entrés en guerre contre la mécanisation et la chimie, traitant avec soin (et à la main) les vignes et les grains. Bruno Sauvard est allé filmer quelques uns de ces irréductibles, des passionnés, des travailleurs acharnés (non le vin naturel n’est pas un vin de fainéants), soulignant leur démarche à contre-courant d’un trait de musique rock et punk, symboles de la contre-culture. C’est bien tout un système de valeurs nobles (et parfois oublié) qui s’exprime. Des femmes et des hommes qui se partagent des terres, qui respectent les sols, qui travaillent ensemble, qui vivent en collectivité, qui s’entraident, qui trinquent et se remercient. Wine Calling est un voyage énergique, joyeux et humain dans le monde de ceux qui font le vin avec la sueur et le cœur, preuve qu’il n’y a aucune fatalité, qu’il est possible de faire autrement que les géants à gros sous. Santé !

Documentaire réalisé par Bruno Sauvard. Durée : 1H35. En salles le 17 octobre 2018. FRANCE

Copyright Urban Distribution – Ciné-Sud Promotion

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