Si vous avez fini de suivre les tourments de Lady Di dans The Crown et déjà binge-watché toute la saison du Jeu de la dame, vous êtes probablement à la recherche d’une nouvelle série. La rédaction de FrenchMania vous propose ici 5 séries aussi diverses que réjouissantes disponibles en ce moment sur des plateformes ou à la télévision. Et avec 3 séries parmi les 5 choisies, Arte confirme sa vitalité dans la création de contenus originaux.
18h30 (Arte TV)
Chaque soir, Eric et Melissa effectuent le même trajet du bureau à l’arrêt de bus. Au début, ça n’est pas le coup de foudre. Éric est lourd, maladroit et un peu gênant. Melissa est agacée, fuyante et préfère rester dans sa bulle. Au fur et à mesure, les deux collègues s’apprivoisent. 18h30 mêle comédie romantique et critique du monde du travail et bénéficie d’un atout majeur : le charme de ses deux comédiens, Pauline Etienne et Nicolas Grandhomme. La mise en scène (signée Sylvain Gouverneur et Maxime Chamoux) est discrète, faite de plans séquences qui accompagnent les deux personnages d’un point A à un point B. Au fil de ses 22 épisodes de 5 minutes, 18h30 dessine la chronique des petits moments du quotidien comme celui, inaugural, qui consiste à se dire au revoir avant de se rendre compte qu’on continue sur le même chemin.
No Man’s Land (Arte TV)
Créé par des scénaristes israéliens et co-écrite par le français Xabi Molia, No Man’s Land est au carrefour de différentes influences. Dans cette série chorale, jeunes radicalisés, trentenaires désœuvrés, agents secrets et combattantes kurdes se croisent et s’affrontent au cœur du conflit syrien en 2014. Le travail de recherche quasi-journalistique a permis aux scénaristes de s’approcher au plus près des questions de l’embrigadement, de l’engagement et des leurs mécanismes. Dans le rôle d’un jeune parisien qui s’engage auprès d’un commando de combattantes kurdes pour retrouver sa sœur disparue, Félix Moati dévoile une intensité dramatique surprenante, Souheila Yacoub confirme son talent après Les Sauvages (dans notre top l’an dernier) et Mélanie Thierry livre une interprétation bluffante. Tous donnent vie à des personnages complexes et subtilement écrits dans cette série remarquable et dénuée de tout manichéisme.
Derby Girl (France TV Slash)
Derby Girl s’inscrit dans la lignée des séries proposées par France TV Slash (la plateforme en ligne de Frances Télévisions). Comme SKAM France, Derby Girl porte un regard neuf sur la jeunesse d’aujourd’hui dans toute sa complexité et sa diversité et suit le parcours de Lola Bouvier, espoir déchu du patinage artistique qui rejoint une équipe de roller derby, discipline qui a émergé grâce à Bliss, le film de Drew Barrymore. Autour de Lola, peste à volant rose de fourrure, chewing-gum dans la bouche et attitude hautaine, gravite une belle bande de filles qui ne s’excusent ni d’être lesbienne, noire ou féministe. La série flirte avec le trash et l’abattage de Cholé Jouannet (qui maîtrise à merveille le débit mitraillette et les punchlines bien senties) et de ses partenaires sert un rythme effréné. Réjouissant.
Moloch (Arte TV)
En pleine journée, un homme prend feu, inexplicablement. Curieuse, une journaliste débutante se rend sur les lieux (du crime ? de l’accident ?) et décide d’enquêter sur cette affaire malgré la réticence de sa hiérarchie. Après Trepalium et Ad Vitam, Arte continue d’explorer le polar social et fantastique, avec cette série franco-belge, inégale mais ambitieuse. Si les sous-intrigues prennent du temps à se rejoindre et à faire sens, le parcours de cette jeune enquêtrice improvisée, campée avec conviction par Marine Vacth suscite l’intérêt tout comme l’atmosphère soignée de l’ensemble. La réalisation d’Arnaud Malherbe et la photographie sobre et sombre de Christophe Nuyens permettent de capter avec justesse la réalité sociale des villes côtières du Nord tout y apportant une note mystérieuse, fantasmatique et presque mythologique (la série tient son titre d’une divinité liée au sacrifice d’enfants par le feu).
Possessions (Canal Plus)
Après Moloch, voilà un autre polar qui frôle avec le fantastique et le mystique. Possessions s’ouvre sur une vibrante scène de mariage durant laquelle la fête tourne court. Après une coupure d’électricité, les lumières se rallument et la jeune mariée apparaît un couteau à la main près du corps de son époux. La série questionne les croyances tout en multipliant les fausses pistes et si son volet surnaturel peine à convaincre, elle vaut néanmoins le détour, notamment pour ses allures de western (la musique, l’aridité des paysages Israéliens) et le duo impeccable que forment Nadia Tereskiewicz et Reda Kateb. Déroutant.