Nouvelle mini-série de France 2, Romance, dont les deux premiers épisodes ont été diffusés mercredi soir, tranche avec les créations françaises habituellement proposées par le service public. Le réalisateur Hervé Hadmar a écrit et réalisé ces six épisodes qui cassent les codes et déjouent les attentes avec un réel souci du détail. Héros de cette série, Pierre Deladonchamps incarne Jérémy, jeune homme perdu dans son époque qui va être transporté dans les années 60 et y trouver un sens à sa vie. Le comédien a répondu aux questions de FrenchMania sur son personnage mais également sur ses prochaines apparitions sur grand écran.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet de série ?
Pierre Deladonchamps : J’ai aimé le parcours du personnage qu’on me proposait, il passe d’un anti-héros loser et mal dans son époque et dans sa vie à quelqu’un qui tombe éperdument fou d’amour dans une autre époque et qui doit sauver une jeune femme. Il trouve son utilité, sa mission ! Et puis quelqu’un qui a des secrets pour tout le monde sauf pour le spectateur c’est grisant à incarner parce qu’on sait que le spectateur est avec lui et sait qu’au moindre faux-pas il peut se faire griller. C’est très agréable de jouer là-dessus avec le plus de naturel possible.
Romance prend son ampleur en multipliant les genres : polar, film historique, romantique et fantastique, avec une réelle fluidité. Vous avez ressenti cette richesse sur le plateau ?
Pierre Deladonchamps : Ça fait plaisir à entendre ! J’ai déjà été happé dans un premier temps par l’histoire en tant que lecteur, c’est toujours bon signe quand un scénario ne vous tombe pas des mains ! Là, j’étais accroché, je tournais les pages à toute vitesse et je ne l’ai pas lâché avant d’avoir lu les six épisodes. Et puis j’ai rencontré Hervé Hadmar, j’ai vu l’univers et la passion qu’il avait, j’étais emballé et le tournage a baigné dans une grâce et un plaisir que j’ai rarement ressenti sur un plateau. Pour la casting réuni autour d’Olga (Kurylenko, qui interprète Alice, NDLR) et moi, il y aussi des univers différents. Simon Abkarian était dans son univers de prédilection, le jazz, puisqu’il chante vraiment dans la vie et il avait déjà fait Pigalle la nuit avec Hervé. C’est un super acteur, aguerri et Hervé a vraiment écrit la série en partant de son personnage de Tony qui a été écrit pour lui ! Barbara Schultz, je l’admirais beaucoup, je l’avais vue au théâtre à Paris plus jeune et l’avait même accostée dans un restaurant il y a presque vingt ans. Et Pierre Perrier, il est génial, très bon partenaire et il élève le jeu parce qu’il est très solide.
Et c’est un choix intéressant puisque vous et lui confrontez, via vos personnages dans la série, deux époques de la masculinité…
Pierre Deladonchamps : C’est pas faux même si Pierre sous ses airs un peu plus costauds et virils a une grande sensibilité qui permet d’avoir de l’empathie pour ce personnage maladroit. On se renvoyait la balle parce qu’on jouait dans la même cour mais pas avec les mêmes armes. Son personnage fait croire que tout va bien alors qu’il est dévoré par une jalousie maladive prête à exploser à tout instant. Dans la scène de la voiture quand il hurle, il prévient mon personnage des limites à ne pas franchir avec Alice et me menace “Tu ne la touches pas “, c’est une psychothérapie en direct, cela le rend fou, c’est très bien écrit !
Est-ce que le réalisateur ou vous-même aviez des films en tête en vous retrouvant dans cette reconstitution très réussie du Biarritz des années 60, dans ces ambiances de plages, de bateau ou de villa avec piscine, toutes très cinématographiques ?
Pierre Deladonchamps : Je sais qu’Hervé avait de nombreuses références pour écrire l’histoire : ça va de Vertigo à Plein Soleil, ce genre de référence. Il n’a fait que des thrillers, des choses un peu noires, sombres, c’était sa première histoire romanesque, je crois qu’il avait envie d’aborder le sujet de l’amour, d’aller vers quelque chose de plus clair, et d’aller vers cette idée de voyage dans le temps sans que ce soit Retour vers le futur mais plutôt que cela se passe par la magie d’une chanson, tout en simplicité.
Est-ce que, comme nous, vous avez parfois pensé à Delon dans La Piscine ?
Pierre Deladonchamps : Je n’oserais pas mais j’ai été très touché qu’un ou deux articles fassent le rapprochement, j’en ai été flatté. Je n’essaye pas de ressembler à quelqu’un mais il y a pire comme référence, on m’aurait dit Winnie l’ourson je ne l’aurais peut-être pas aussi bien pris !
Les salles de cinéma vont rouvrir d’ici dix jours, quand vous reverra-t-on sur grand écran ?
Pierre Deladonchamps : J’ai une grande fierté, c’est que j’ai fait un tout petit film fauché avec un réalisateur qui s’appelle Peter Dourountzis, le film s’appelle Vaurien et parle d’un vagabond qui erre, croise des gens et qui a une part très sombre puisqu’il tue, c’est une espèce de serial killer. Ce film tout en tension en non-dits a été sélectionné à Cannes donc il n’y a pas de tapis rouge mais on a des étoiles plein la tête on est très heureux. C’est un film fait avec le cœur qui devrait sortir à la rentrée. Sinon j’ai tourné un film qui s’appelle Petite leçon d’amour, c’est le deuxième long métrage d’Eve Deboise avec Laëtitia Dosch. C’est une comédie sur deux paumés qui sont ensemble pendant une soirée et une nuit et qui vont devoir chercher une personne en commun, c’est très touchant et très drôle. Et je fais une participation dans le film de Sylvie Verheyde, Madame Claude, ça a été un grand plaisir de travailler avec Sylvie et avec Karole Rocher que j’aime beaucoup !
Vous aviez réalisé un court métrage très réussi, Âmes sœurs pour l’Adami, est-ce que votre projet de long métrage a avancé ?
Pierre Deladonchamps : Grâce au confinement oui, ça a avancé plus vite que prévu puisque, avec ma coscénariste, nous avons écrit tous les jours et nous sommes donné des rendez-vous quotidien par visioconférence auxquels nous nous sommes tenus pendant un mois et demi ! Ce que nous avons pondu nous plaît de plus en plus et j’aimerais beaucoup si toutes les planètes sont alignées, tourner l’année prochaine.