Malgré le contexte et l’impossibilité pour le festival de se tenir comme à l’accoutumé, ses 60 bougies ont toutefois été soufflées ! Le rendez-vous phare de la petite Venise a lieu en ligne cette année, du 15 au 30 juin 2020. Et même si l’on regrette de ne pas avoir pu débattre physiquement des films à la sortie des projections, tout en trinquant à la santé de l’animation mondiale, la plateforme en ligne nous a permis de découvrir quelques pépites, surtout côté courts, les longs métrages francophones (tant attendus) n’ayant été montrés que par extraits. Néanmoins, ces mises en bouche ont suffi à attiser notre curiosité, en particulier le western de Rémi Chayé, Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, qui s’inspire de l’histoire vraie de la conquérante de l’Ouest et qui a remporté le Cristal du meilleur long métrage. Parmi les courts, Purple Boy, qui pose poétiquement la question du genre, ou encore Friend of a Friend qui aborde celle du consentement. En plus des thèmes, une panoplie de techniques différentes nous en a mis plein les yeux. Dans le désordre : 2D, 3D, animation d’objets ou marionnettes… Citons les courts francophones (ou coproduits par la France) Moi Barnabé de Jean-François Lévesque, Rivages de Sophie Racine et Freeze Frame de Soetkin Verstegen.
Trois courts au cœur battant (focus)
Physique de la tristesse de Theodore USHEV – Canada
Ce court de 27 minutes retrace la vie d’un inconnu d’origine bulgare, hanté par la fin du monde. A la manière d’une nature morte qui s’anime, ses souvenirs, figés dans la peinture à l’encaustique, défilent. Son premier amour, son éducation sévère, ses heures de punition passées enfermé dans le noir, son passage dans l’armée, son départ pour le Canada… Le tout ponctué de questions existentielles qui plongent le spectateur dans sa propre mélancolie. Une quête de soi insolite doublée par la voie mélodieuse de Rossif Sutherland.
Empty Places de Geoffroy De Crécy – France
Un ascenseur bloqué par un roller, un centre commercial vide, une caisse laissée à l’abandon avec des produits qui s’empilent, un restaurant à volonté où les sushis continuent de défiler sans personne pour les prendre… Mais où sont donc passés les gens ? Ce court made in France met en scène un monde où les humains viennent tout juste de disparaître, en une fraction de seconde. Et pourtant, tout continue de fonctionner. Il n’y a plus que le bruit des machines pour venir combler le silence, et c’est à la fois dérangeant, crispant et apaisant.
Homeless Home d’Alberto Vazquez Rico – Espagne/ France
Coproduit par Nicolas Schmerkin, Homeless Home est un tableau sans concession de l’Espagne profonde, habité par des personnages qui semblent tout droit sortis du Guernica de Picasso. Alcoolisme, violences conjugales, misère, vieillesse abandonnée, jeunesse perdue et barbarie de certaines traditions (on plaint ce taureau battu par un maître victime de son propre malheur), les thématiques traitées sont dures et elles se déploient avec force dans un petit village, au moment même où les habitants souhaitent tous partir vivre ailleurs.