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Sing Me a Song de Thomas Balmès

par | 23 Sep 2020 | CINEMA, z- 1er carré gauche

Après le bonheur, les écrans

Dans ce nouvel opus, six ans après le très remarqué Happiness, Thomas Balmès nous donne à voir l’éveil d’un adolescent Bhoutanais au monde extérieur. « Sing Me a Song » c’est ce que le jeune Peyangki dit sur le réseau social WeChat mais cette phrase, d’une simplicité désarmante, incarne surtout ses premiers émois et son désir de sortir du cadre qui lui est imposé par le monastère. De ce point de vue, le film est une réussite. Le cinéaste français n’est jamais aussi pertinent que lorsqu’il s’efface derrière son objectif pour ne filmer que le quotidien : la prière, les repas, une soirée dans un bar, un simple moment au lit… Tous ces détails font de Sing Me a Song un documentaire profondément singulier, qui puise subtilement ses inspirations dans la photographie comme dans la fiction. Ces moments presque contemplatifs laissent l’imaginaire du spectateur vagabonder, s’échapper et se développer grâce à l’absence de voix off ou de témoignages face caméra. Par moments, le cinéaste nous emmène dans un univers esthétique qui peut rappeler les documentaires de Patricio Guzman ou le sublime Bird People de Pascale Ferran. En revanche, la critique des réseaux sociaux et de leur pervasivité peine à intéresser. Sur cet aspect du film, l’impression de déjà-vu est manifeste (on pense par exemple à Men, Women and Children de Jason Reitman) et, malgré le changement de décor, rien ne nous permet ici d’y déceler quelque chose de réellement novateur. Des grandes métropoles aux montagnes du Bhoutan en passant par la banlieue américaine, le discours reste le même : les réseaux sociaux isolent et tout particulièrement les jeunes. Quand bien même les idées les plus simples aboutissent parfois aux films les plus beaux, le procédé tourne ici vite court. Aux plans de groupe, de prière et de spiritualité succèdent les plans dans lesquels le jeune moine solitaire regarde son téléphone, isolé. Et ainsi de suite… Le temps de l’innocence est également surjoué par la superposition entre des images de Peyangki jeune dans Happiness et des images de lui devant des écrans aujourd’hui. Reste un film qui témoigne d’une qualité d’observation remarquable : des enfants du monastère regroupés autour d’une télé pour regarder un match de foot, un jeu dans les montagnes. La preuve que, malgré les défauts du film, Balmès est un grand cinéaste.

Réalisé par Thomas Balmès. Durée : 1h35. En salles le 23 septembre 2020. FRANCE / SUISSE. Nour Films.

Nour Films

 

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