L’an passé, Asaph Polonsky a présenté Une semaine et un jour à La Semaine de la Critique à Cannes. Un premier film aussi drôle qu’émouvant sur le deuil de Vicky et Eyal suite à la disparition de leur fils unique. A l’occasion de la sortie en DVD d’Une semaine et un jour chez Blaq Out, Asaph Polonsky revient pour nous sur son expérience cannoise. Témoignage.
Non seulement Une semaine et un jour était projeté pour la première fois à La Semaine de la critique, mais c’était également la première fois que les trois acteurs principaux voyaient le film. Et c’était exactement un an après le premier jour de tournage. Entre la première version du scénario et premier jour de tournage, cinq ans sont passés. Le processus du passage de l’écrit à l’écran a donc duré en tout six ans. Je devais être assis à côté des acteurs. Mais en sortant de scène après la présentation du film, il y a eu un problème de place (je pense que quelqu’un n’était pas assis dans le bon fauteuil) donc j’ai dû m’installer derrière eux. J’étais d’abord déçu de ne pas pouvoir être à côté d’eux pour observer leurs réactions durant le film. Mais il y avait quelque chose de drôle dans le fait de voir leurs têtes de dos, et d’imaginer leur expression pendant qu’ils se regardent sur l’écran. Trois acteurs incroyables, très différents de leurs personnages, chacun avec sa propre méthode de travail, assis les uns à côté des autres, partageant cette expérience. Au milieu de la projection, Tomer Kapon, qui joue Zooler, a atteint ma main pour la serrer, le visage toujours tourné vers l’écran – c’était beaucoup mieux que de voir son visage. Ce simple geste voulait tout dire. Je suis très reconnaissant d’avoir pu vivre cette expérience cannoise. Saar Yogev et Naomi Levari, les producteurs, et moi-même, travaillions sur ce film depuis 2010. En 2015 d’autres collaborateurs nous ont rejoints et nous nous sommes attelés à faire un film comme nous le voulions et savions le faire. Il n’y avait aucune garantie qu’il aille quelque part. C’est un petit film, et nous avons tout mis dedans. Le fait qu’il soit accepté à La Semaine de la Critique signifiait que le film allait être exposé et se faire connaître, il a été vendu pour une exploitation en salles dans de nombreux pays et festivals. C’était le grand départ de ce film, et tellement de choses se sont passées depuis cette première projection. J’ai récemment discuté avec quelqu’un qui était à cette première projection à Cannes. On se connaissait à peine et elle est venue voir le film. A la fin du film, il y a eu une longue standing ovation, et après cela elle est venue vers moi et m’a pris dans ses bras. Elle m’a dit que je tremblais comme une feuille, ce dont je ne m’étais pas aperçu jusqu’alors. Apparemment, vu de l’extérieur, je semblais calme et en plein contrôle, mais quand elle m’a pris dans ses bras, j’étais une feuille tremblante. En y repensant cela a du sens, j’avais à partager le film avec ma femme, mes acteurs, collaborateurs, et un public tout neuf qui n’en savait rien, cela peut vous faire trembler d’excitation, et bien avant de savoir toutes les belles choses qui allaient arriver avec ce film après. Hier, on m’a appris que la musique du film, écrite par mon ami et collaborateur Ran Bagne, serait jouée avant les projections des films en compétition cette année à la Semaine de la Critique. La musique qui reste dans la salle de cinéma : que demander de plus ?
***
Last year, Asaph Polonsky was presenting One Week And a Day at the Critic’s Week in Cannes. A first movie as funny as moving on Vicky and Eyal’s mourning after the death of their only son. On the occasion of the release of One Week and a Day in DVD by Blaq Out, Asaph Polonsky returns for us to his Cannes experience. A Testimony.
Not only was the screening at Critics’ Week the premiere of One Week and a Day but it was the first time that the three leads of the film saw the film. It was exactly a year on the day since we had our first shoot day. It took 5 years from the first draft of the script to the first day of the shoot. Six years in the process from script to screen. I was supposed to sit next to the actors during the screening. But as we got off the stage, after presenting the film there was a mishap with the seats (I think that someone was not sitting in their seat) so I had to sit behind them. At first I was disappointed that I didn’t get to sit by the actors and see how they are interacting with the film. But there was something fun about seeing the back of their heads, wondering what is going on their faces as they see themselves up on the screen. Three amazing actors, very different from the characters they portray, each with their own way of working, but sitting next to each other and sharing an experience. In the middle of the screening, Tomer Kapon, who plays Zooler, reaches to shake my hand while still watching the film – that was much better than looking at his face. That simple gesture said it all. I’m grateful for the Cannes experience. Saar Yogev and Naomi Levari, the producers, and I were working on the film since 2010, in 2015 more collaborators joined in and we set to make a film the way we wanted and knew how. There was no guaranty that it will go anywhere. It’s a small film and we put everything into it and getting accepted with it to Critics’ Week meant having a spotlight on it and putting it out there – it got sold to be screened theatrically many countries and film festivals. That was the starting point of the film and so much has happened with it since that first screening. Recently I talked with someone that was at the premiere at Cannes. We barely knew each other and she came to see the film. At the end of the film we had a long-standing-ovation and when it all ended she came to talk to me — and hugged me. Now, I did not know this until recently, she said that I was shivering like a leaf. Apparently on the outside, I seemed in control and calm, but when she hugged me – a shivering leaf. Looking back on it, it makes sense, I got to share the film with my wife, my actors, collaborators and a fresh audience that did not know anything about the film – just that s hould make you shiver with excitement, and that’s before even knowing about all the great things that had happened with the film afterwards. Just yesterday I was told that music from the film, that was written by my friend and collaborator, Ran Bagno, will be played before the screenings of the films in competition at Critics’ Week this year. Music that stays in a film theater : I can’t ask for anything more.