FrenchMania vous recommande dix films, produits ou co-produits par la France, à découvrir au cinéma cet été : documentaire, comédie, film fantastique, drame intimiste ou familial, premiers films ou Palme d’or, il y en a pour tous les goûts. À vos agendas !
© Jour2fete
Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania – 5 juillet 2023
Récompensé de L’Œil d’or (prix documentaire), Les Filles d’Olfa est un film troublant qui oscille entre ombre et lumière, associe réalité et reconstitution, et croise, devant la caméra, amateurs et professionnels. Olfa, maman solo et sévère, a quatre filles, mais deux d’entre-elles ont quitté le nid, les deux aînées, parties faire le djihad en Libye. Kaouther Ben Hania s’empare de sujets brûlants, sans prendre de gants, adoptant un point de vue inédit; elle invente un dispositif minimaliste et intimiste (presque thérapeutique), pour mieux accueillir la parole d’Olfa et ses filles, victimes de génération en génération d’emprise et de violence. Sur un plateau quasi nu, les récits s’incarnent, résonnent et deviennent l’affaire de tous. Une expérience cinématographique vertigineuse, doublée d’un film essai complexe et passionnant qui nous fait partager le désespoir et les espoirs des protagonistes. AC
© À Vif Cinémas / The Dark
Tout le monde m’appelle Mike de Guillaume Bonnier – 5 juillet 2023
Son premier long métrage, Guillaume Bonnier le conçoit comme un huis clos maritime à ciel ouvert. Il met en scène des personnages Idéalistes et pacifiques : Jean (Pierre Lottin), Isabelle (Daphné Patakia) et son jeune fils Damien, qui ont quitté définitivement la France pour voguer librement sur les mers du monde. La rencontre qu’ils vont faire avec un chauffeur de taxi que « tout le monde appelle Mike » (Abdirisak Mohamed), lors d’une escale forcée à Djibouti, va bouleverser leur virée. Jean, décide d’embarquer Mike contre l’avis d’Isabelle, et, progressivement, la tension et le thriller s’installent dans cet espace réduit où nul échappatoire n’est envisageable. Ils étaient trois, ils sont désormais quatre, et Guillaume Bonnier ramène évidemment à bord la question du post-colonialisme. Un film puissant – solaire, mais souvent glaçant – où excelle une nouvelle génération de comédiens impressionnants. DL
© Le Pacte
Le Retour de Catherine Corsini – 12 juillet 2023
Le retour, c’est celui de Khédidja et ses filles, Jessica et Farah, sur la terre qu’elles ont quitté 15 ans plus tôt, la Corse. Khédidja (formidable Aïssatou Diallo Sagna, révélation de La Fracture) est employée par un couple bourgeois, joué par Ledoyen et Podalydès (justes et drôles), et est logée avec ses filles dans un camping à proximité de la maison du couple. L’été qui commence va charrier son lot de découvertes et de désillusions. En entrelaçant coming of age et secrets de famille, Corsini distille dans son récit estival une critique sociale actuelle et pertinente. Grand film sur la réconciliation (avec le passé, ses origines, ou entre les générations et classes sociales), Le Retour est le pendant lumineux de La Fracture, film précédent de la cinéaste. Ici aussi, dans ces villages et plages de Corse idylliques, la crise qui traverse la société française fait ressentir ses effets, ses contradictions, notamment sur des ados et jeunes adultes, à la fois conscients et un peu perdus. Une adresse, à la fois romanesque, confiante et naïve, à la jeunesse d’aujourd’hui donc. FFM
© Ad Vitam
Les Meutes de Kamal Lazraq – 19 juillet 2023
Amoureux du cinéma américain des années 70, Kamal Lazraq signe un premier long métrage haletant et poisseux qui lui rend hommage. Les Meutes est un film noir, parfois cruel, qui se déroule dans les faubourgs populaires de Casablanca et se transforme, à vue, en un fiévreux road-movie. Le réalisateur dépeint un monde féroce et âpre, dans lequel trafic et pauvreté cohabitent, et met en scène un père et son fils qui vont de mésaventures en malchances, tombant sur de nombreux os, et des bandits plus gros qu’eux. Deux amateurs, avec un corps sur les bras, une nuit en enfer et la somme de toutes les peurs. Kamal Lazraq frappe fort, non sans style et sans humour (on pense à celui des frères Coen). Un coup de maître. AC
© The Jokers
Juniors d’Hugo Thomas – 26 juillet 2023
Premier long métrage en solo d’Hugo Thomas (Willy 1er), Juniors est une comédie ultra rafraichissante qui met en scène deux copains, Jordan et Patrick, qui habitent à la campagne et ne jurent que par leur console de jeux, y tenant comme à la prunelle de leurs yeux. Alors, le jour où celle-ci rend l’âme, c’est le méga drame ! Mais les copains ont de la suite dans les idées, et Hugo Thomas – qui a le sens du rythme – nous embarque avec entrain dans leurs petites combines et embrouilles, façon pieds nickelés 2.0. Erwan Bourdelles et Noah Zandouche interprètent ces deux ados roublards, princes de l’esquive et du bobard. Deux jeunes et talentueux comédiens qui font pétiller de plus belle ce teen-movie original et sensible sur l’amitié comme valeur fondamentale et émancipatrice. AC
© Rezo Distribution
Tropic d’Édouard Salier – 2 août 2023
Lázaro et Tristán sont frères jumeaux et partagent le même rêve : devenir astronaute. Ils intègrent ensemble un programme militaire et s’y trouvent à l’aise comme des poissons dans l’eau, jusqu’à ce qu’un mystérieux accident se produise et brise leurs rêves et ambitions communes. Petit à petit, Édouard Salier invite le fantastique dans la partie, ce qui rend ce premier film trop scolaire (écriture, enjeux, mise en scène) plus stimulant et plus surprenant dans son deuxième acte où les thèmes de la métamorphose et de la monstruosité jaillissent. Une série B donc, portée par un jeune casting plutôt intéressant, à commencer par Louis Peres, découvert dans la série Mentale, et Pablo Cobo, vu dans Stalk, toutes les deux diffusées sur France TV Slash. AC
© Totem Films / Srab
Animalia de Sofia Alaoui – 9 août 2023
Fantastique toujours avec Animalia, le premier long métrage de la réalisatrice franco-marocaine Sofia Alaoui (qui avait remporté le César du meilleur court métrage en 2021 pour Qu’importe si les bêtes meurent). Elle brosse ici le portrait (façon impressionniste) d’une jeune femme fraîchement mariée inquiétée soudain par de mystérieuses visions et de mauvais pressentiments. La fin du monde ? Une invasion extraterrestre ? Le pays décrète l’état d’urgence. Itto, l’héroïne, cherche de l’aide et des réponses. Sensuel et étrange, Animalia fait le récit d’une quête spirituelle et physique où la réalité et la science-fiction se frottent l’une à l’autre jusqu’à provoquer des étincelles. Un univers visuel attirant, une atmosphère mystique, des décors qui évoquent ceux du western, une actrice débutante envoûtante (Oumaïma Barid)… Prometteur ! AC
© Les Films du Losange
La Bête dans la jungle de Patric Chiha – 16 août 2023
1979. John et May se retrouvent à l’inauguration d’un club parisien branché. Ils se connaissent déjà – souvenir d’une brève rencontre estivale. Mais là, ils ne se quitteront plus. John sait qu’un événement grave et mystérieux va se produire et il aimante May à ses côtés pendant plus de 25 ans, dans cette attente, coincés dans cette boîte de nuit parisienne comme dans un monde parallèle. Avec cette adaptation du roman court d’Henry James, le réalisateur Patric Chiha revient à la fiction après ses magnifiques Brothers of the night et Si c’était de l’amour avec le même sens inné de la mise en scène des ambiances nocturnes et des corps, sans pour autant céder au classicisme narratif. Dans ce film-monde, en forme de boule à facettes, les personnages-clubbers muent au gré des époques et styles musicaux, jamais vraiment protégés des bouleversements du monde. Si Béatrice Dalle irradie en narratrice/physio du lieu, Tom Mercier (John) hypnotise par sa droiture physique et sa folie froide et Anaïs Demoustier (May) est tout simplement éblouissante. FFM
© Les Films Pelléas – Les Films de Pierre
Anatomie d’une chute de Justine Triet – 23 août 2023
Une romancière à succès est suspectée d’avoir tué son mari, lui-même romancier. C’est le point de départ d‘Anatomie d’une chute, superbe Palme d’or du dernier festival de Cannes, film qui, dès son titre, annonce la couleur : une étude clinique d’une action physique. La comédie ici se dissout dans les eaux profondes du drame – même si, comme dans la vie, l’humour se fraie toujours un chemin. Justine Triet bâtit son film comme un thriller et met en scène le procès de Sandra, procès auquel assiste son jeune fils (la révélation Milo Machado Graner), malade du portrait que la cour fait de ses parents, l’arrachant à sa crédulité et ses illusions. Passionnant, le film remixe des thèmes qui, depuis La Bataille de Solférino, hantent le cinéma de la réalisatrice : les rapports de force et d’inégalité au sein du couple, le syndrome de la page blanche ou de l’imposteur, la perte de crédit et d’équilibre d’hommes et de femmes aux assises confortables, la raideur de la vérité, la laideur des préjugés, la dépression et l’alcool… Anatomie d’une chute cherche à sonder l’insondable, à commencer par le personnage de Sandra, campé par l’immense Sandra Hüller. La plus belle des énigmes de ce film puissant, dense et entêtant. AC
© Pyramide Distribution
Ama Gloria de Marie Amachoukeli – 30 août 2023
Cléo, 6 ans, ne s’attendait pas à pareille nouvelle : Gloria, sa nounou, doit rentrer chez elle au Cap Vert. Une séparation qui les bouleverse toutes les deux. Alors le père de Cléo va autoriser sa fille à aller passer les vacances d’été (les premières et les dernières) au Cap Vert avec Gloria. Sous le soleil exactement. Marie Amachoukeli (Party Girl) raconte ces adieux avec une infinie délicatesse, à hauteur d’enfant. Elle adopte ici le point de vue de Cléo, petite fille myope et émouvante qui observe le monde qui l’entoure avec autant d’interrogation et d’appréhension que de désir et d’amour. Un film poignant, mêlant prises de vue réelles et séquences animées colorées, qui révèle deux comédiennes débutantes fabuleuses : Louise Mauroy-Panzani (Cléo) et Ilça Moreno Zego (Gloria). AC