En jeu
Après le succès de Yannick, qui se déroulait dans un petit théâtre parisien, Quentin Dupieux continue de filer la métaphore de la scène et du spectacle avec ce Deuxième Acte (film d’ouverture du Festival de Cannes 2024) qui fait marcher ses personnages au bord d’une route, au milieu de nulle part, avant de les faire asseoir dans un restaurant sans charme. Des décors minimalistes pour cinq protagonistes qui prennent plus ou moins d’espace. Des acteurs qui jouent des acteurs qui tournent dans un film bidon, et un figurant tremblant que tout le monde regarde de haut. Quentin Dupieux, comme à son habitude, se sert ici du corps (et de l’aura) des comédiens qu’il engage pour pirater le système (ici Lindon, Quenard, Seydoux et Garrel). Les corps des acteurs et des personnages médiocres qu’ils interprètent deviennent des écrans sur lesquels se projettent les états de crise du cinéma français, de la baisse de fréquentation des salles à l’émergence des IA, en passant par la question du #MeToo. On est bel et bien du côté de la satire, et si les traits sont volontairement grossis (pour mieux donner à voir les défauts des hommes et de la société), Dupieux a su par le passé les rendre moins visibles. Entre le on et le off, le film balance sans cesse. Un langage alterné, peut-être un peu trop binaire, voire un peu boomer. Du bon et du moins bon donc dans ce Deuxième Acte, drôle au départ, grave à l’arrivée, et louche entre les deux.
Réalisé par Quentin Dupieux. Avec Vincent Lindon, Raphäel Quenard, Léa Seydoux, Louis Garrel … Durée : 1H20. En salles le 15 mai 2024.