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Le Monde n’existe pas d’Erwan Le Duc

par | 2 Oct 2024 | SERIES, z - Milieu, z- 1er carré gauche

Pour en finir avec Adam Vollmann

Adam Vollmann est un jeune journaliste travaillant à Paris. Un jeune homme discret, qui découvre que son amour d’adolescence, celui qui l’avait révélé à son homosexualité, est accusé du meurtre d’une lycéenne. Malgré ses réticences et sur l’insistance de son rédacteur en chef, notre héros taciturne retourne dans le village de son enfance. Une bourgade du Nord de la France, abimée par la crise sociale, épicentre pour Adam de la violence endurée lorsqu’il n’était qu’un adolescent introverti, harcelé par ses camarades en raison de son orientation sexuelle. Une enfance meurtrie dont il fit (ou espérait faire) le deuil en changeant de nom et qui devint l’objet d’un roman victimaire ayant eu un écho auprès des critiques et du public. Luttant contre le flot amer de souvenirs traumatiques, Adam, plus solitaire et isolé que jamais, débute son enquête, secondé par des personnages tout aussi perturbés que lui comme une journaliste baroudeuse spécialisée dans les faits divers, un bibliothécaire étrange enregistrant et archivant tout ce qui passe dans l’objectif de sa caméra ou encore la compagne de son ancien amant… Unique boussole dans ce monde menaçant : l’homme dont il est amoureux, un japonais resté dans son pays et avec lequel Adam communique par Skype. La première des élégances de cette série (qui n’en manque pas), c’est de contrarier dès le départ le côté programmatique de son résumé : soit un drame social un peu poisseux sur fond de misère sociale, d’homophobie endémique et de déterminisme… Piste apparemment très balisée perturbée ici par une écriture et une mise en scène qui ne cessent de multiplier les accidents de parcours. La réalisation d’Erwan le Duc, aux manettes l’an dernier de la série politique Sous contrôle déjà sur Arte et auteur au cinéma de La Fille de son père, injecte des éléments perturbateurs. Mélange inattendu et savoureux d’insolite, voire d’absurde, faisant basculer les quatre épisodes dans un climat grinçant, décalé et insidieux, qui trouvera tout sa signification dans un dernier épisode absolument bouleversant. Une ambition formelle (im)pertinente et sagace dans laquelle Niels Schneider, impeccable en garçon en proie à l’inconfort mental, trouve un terrain pour un jeu tout en ruptures et complexités. Point d’orgue d’une distribution sans faute où l’on retrouve également les excellents Maud Wyler et Julien Gaspar-Oliveri.

Le Monde n’existe pas sur Arte le jeudi 26 septembre et disponible sur Arte.tv. par Erwan le Duc. Avec Niels Schneider, Maud Wyler, Julien Gaspar-Oliveri.

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