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Maman déchire de Émilie Brisavoine

par | 5 Mar 2025 | CINEMA, z- 1er carré gauche

Allo Maman bobo

Dix ans après Pauline s’arrache – consacré à l’adolescence de sa demi-sœur – Émilie Brisavoine reprend sa caméra et se lance à nouveau dans l’exploration de sa famille dysfonctionnelle. Avec Maman déchire, c’est sa mère punk, Meaud qui devient le sujet. Armée d’archives VHS tournées par son grand-père, de vidéos contemporaines (appels visio à l’iPhone, filtres Snapchat, YouTube, etc) et de son journal intime d’enfant lu en voix-off rajeunie, Brisavoine propose un beau voyage intime à travers le temps et l’espace pour tenter de percer à jour ce qu’elle considère comme le plus grand mystère de l’univers – en tout cas du sien – sa mère, donc. Qui est Meaud ? Douce grand-mère, reine de la nuit, mère et épouse colérique, blessée et imprévisible… En zoomant sur celle avec laquelle elle n’a pas grandi, la réalisatrice se place elle-même (ou plutôt son enfant intérieur) en personnage principal et enquête sur les souffrances familiales. Grâce à ce parti pris du film expérimental et ludique construit au montage avec Karen Benainous le film dégage trois vécus d’enfants blessés devenus des adultes abîmés, sa mère, son frère et elle-même. C’est ici que se situe la force imparable de Maman déchire : dans la confrontation, la compréhension et le pardon – non sans violence – pour parvenir à se libérer du passé. Car c’est en devenant mère à son tour qu’Émilie Brisavoine s’interroge sur le rôle de la maternité, la place de la mère. S’il n’y a pas de résolution à la fin de cet immense puzzle de récits du réel, Maman déchire s’inscrit dans le sillage d’autres exemples cinématographiques récents où la narration documentaire et le montage kaléidoscope se font le réceptacle de l’introspection et catharsis des cinéastes. On pense (entre autres) à Little Girl Blue de Mona Achache, Une Famille de Christine Angot ou encore La Déposition de Claudia Marschal. Avec ce deuxième essai, Émilie Brisavoine propose un film déchirant sur la transmission des traumatismes et affirme un ton, un style personnel, innovant et singulier.

Écrit et réalisé par Émilie Brisavoine. 1h20 – JHR FILMS – En salles le 26 février 2025. 

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