Amour, gloire et beauté
Après les vicissitudes d’une famille bourgeoise aux sports d’hiver (Snow Therapy), Ruben Östlund continue sa percée chez les nantis et pose sa caméra du côté des musées d’art contemporain. Moqueries faciles sur ce petit milieu caricaturé à outrance, le gras n’est pas taillé. A travers différents sketchs, Östlund poursuit son examen du genre humain. Tous pourris ? Oui. Alors le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère, faisant craquer le vernis de chacun des personnages, de chacune des situations. Le film dure 2h22 alors qu’Östlund boucle son sujet en moitié moins de temps. Là où l’élasticité des situations dans Snow Therapy donnait au drame de l’ampleur, ici, les couches se superposent comme dans un gros gâteau à la crème bien écoeurant. Trop démonstratif, The Square se joue de Christian, riche conservateur de musée, mettant des bâtons dans les roues de sa fortune pour le confronter à ce qu’il est vraiment : un amant exécrable, un père intermittent, un citoyen inconséquent et indifférent, un homme castré, pressé, gêné (par son plan cul qui lui parle de sexe, par un enfant de 12 ans qui réclame justice, par des artistes aux méthodes extrêmes). Un misérable en somme. On ne tire pas sur une ambulance, mais Ruben Östlund si. Des balles à blanc qui nous chatouillent plus qu’elles ne nous touchent. La satire ne marche pas, l’humanité se relèvera, Christian aussi.
Réalisé par Ruben Östlund. Avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West … Durée : 2h22. En salles prochainement.