Sollers Point, Baltimore de Matt Potterfield, en salles depuis mercredi, est une coproduction franco-américaine. FrenchMania a rencontré Gabrielle Dumon (Le Bureau), maître d’œuvre de ce travail de production un peu atypique afin qu’elle nous éclaire sur les dessous d’un tel projet.
Comment avez-vous rencontré Matt Porterfield ?
J’avais rencontré Jordan Minster, son collaborateur/producteur/co-scénariste selon les projets depuis Hamilton, à l’époque de Putty Hill. Il cherchait de l’aide pour la post-production mais à l’époque je n’avais pas pu intervenir sur le film. Quand ils ont lancé le projet Sollers Point, on a vite décidé de travailler ensemble.
Comment s’est articulée cette coproduction franco-américaine ?
On savait dès le départ que cela serait compliqué sur un tel projet : pour un film américain, même très indépendant comme celui-là, et même si j’avais une grande confiance en la qualité du scénario, je n’étais pas très confiante sur une participation du CNC via l’aide aux Cinémas du monde. On a obtenu cette aide à hauteur de 135.000 euros, une bonne surprise et donc le premier bout de financement du film qui a aidé les démarches de levée de fonds au États-Unis, c’est un beau label de sérieux, c’est une aide très difficile à avoir. Ils autorisent que 50% soit dépensé dans le pays de tournage donc cela nous a beaucoup aidé pour le cash-flow au début sur place. J’ai ensuite collaboré au développement du film et aidé comme je pouvais sur plein de démarches de production et de financement. On a assez vite décidé avec Le Bureau de prendre en charge le mandat international du film et donc les ventes aux distributeurs. Cela a avancé comme ça, on a juste pré-vendu le film sur quelques territoires comme la Chine par exemple. Le tournage s’est bien passé, dans une économie restreinte, un budget entre 700 et 800 000 euros avec une vraie équipe, 6 semaines de tournage, mais c’est le film de Matt qui a été produit dans les meilleurs conditions depuis ses débuts. Toute la post-production du film s’est passée en France à l’exception du montage image qui a eu lieu à New York puisque Matt avait ses habitudes avec un monteur là-bas. On a aussi obtenu une aide à la post-production de la Région Ile-De-France de 40 000 euros et un labo, Ike No Koi, est entré comme coproducteur à hauteur de 60 000 euros, après la défection du labo précédemment engagée, on a eu de la chance ! A l’arrivée on est à près de 40% de budget français. Mais le truc particulier, c’est qu’il n’y a pas d’accord de coproduction entre la France et les États-Unis donc, dès le départ, on savait que cela allait être un peu complexe et que la nationalité française ne pourrait pas apparaître. A priori, si cet accord existait, il pourrait s’appliquer à tout bien industriel et ne permettrait pas une réciprocité en droit américain. Mais l’aide aux Cinémas du monde génère un agrément en termes de distribution. On s’est un peu baladé dans une zone grise, c’est un peu handicapant sur de nombreux éléments de distribution ou de vente télé notamment. On est en tout cas très heureux de travailler sur le prochain film de Matt qui se tournera en Europe ! Cela a été un vrai coup de cœur et j’aime continuer à travailler avec des auteurs qui me donnent autant envie. C’est leur énergie qui me nourrit et me fait vibrer.
Propos recueillis par Franck Finance-Madureira
Photos : JHR Distibution