Poudre de perlimpinpin
Dans la catégorie jolie photo mais scénario branlant : Good Time des frères Safdie, le récit, dans les bas-fonds de New York, de deux frères losers (interprétés par Robert Pattinson et Ben Safdie), l’un entraînant l’autre sur une pente ultra glissante. On a toujours eu du mal à trouver de la personnalité aux Safdie, eux qui font un cinéma patchwork et référentiel (les polars de Schatzberg et Scorsese) aussi creux que leur définition du cauchemar américain (The Pleasure of Being Robbed, Mad Love in New York). Savoir filmer ne suffit plus. Raconter des histoires, c’est tout de même l’essentiel et l’impression de vide que laisse Good Time est irrévocable. Les Safdie ne parviennent pas à nous embarquer dans la course du personnage de Connie (Robert Pattinson, inégal), coupé dans son élan par une série de coups du sort qui fait vriller sa trajectoire. Après un braquage foireux, Nick (Ben Safdie) est arrêté par la police. Connie va alors tout mettre en œuvre pour sauver son frère, mais s’il est débrouillard et téméraire, il est aussi un peu nigaud. Quand tout doit capoter, tout capote. Le dessin des spirales qui aspirent Connie est trop (pré)visible pour être honnête, et le film devient alors d’un ennui mortel. La critique aux néons bleu et rouge d’une société désenchantée qui ne laisse aucune chance aux modestes s’écrit en filigrane sur le personnage de Connie, celui qui porte la poisse (au premier comme au second degré). Le premier quart d’heure laissait présager le meilleur, puis c’est la débandade. Petit thriller, petit drame indé sur la fraternité mais aussi la dynamique de l’échec et ses engrenages au son de la musique pop & dark. Beaucoup de bruit pour rien.
Réalisé par les frères Safdie. Avec Robert Pattinson, Ben Safdie, Jennifer Jason Leigh … Durée : 1H40. En salles le 11 octobre 2017.