Ultra modernes solitudes
Des jeunes filles insistent pour se faire faire refaire la poitrine. Une jeune veuve qui s’ennuie adhère à une secte. Une mère dont la fille a disparu tente de continuer à vivre. Des vigiles et anciens policiers gèrent une milice qui entend faire sa loi. Un cadavre a été retrouvé dans des bureaux.
Qu’ont en commun les protagonistes du nouveau film de Virgil Vernier ? Un lieu qui n’est pas tout à fait une ville, Sophia Antipolis, une zone d’activités et d’habitation coincée entre Nice et Cannes. C’est dans cette cité au sens originel (Polis en grec) que chacun tente de trouver sa place, seul au monde dans une société d’apparences, de manques, de colères et de violences.
Ni réellement documentaire, ni réellement fiction, Sophia Antipolis prend la tangente. Filmés en 16 mm, ces cagoles, ces illuminés, ces miliciens, ces figures de fait divers ou de télé-réalité, ont droit à leur part d’humanité, à leur vue sur mer, à leur levers de soleil. Le grain est épais, la photo sensible et le cadre précis, Sophia Antipolis est beau comme un souvenir et glaçant comme une prophétie. Pas de message moral mais un mouvement poétique qui lie les destins, les solitudes et les failles.
Surprendre, embarquer, remettre en cause les à priori, hypnotiser, raconter des histoires, questionner sont les fondamentaux du cinéma. Virgil Vernier a tout compris, il n’explique rien.
Réalisé par Virgil Vernier. Avec Dewi Kunetz, Hugues Njiba-Mukuna, Sandra Poitoux, Bruck, Lilith Grasmug. Durée : 1h38 – En salles le 31 octobre 2018 – FRANCE
Crédit photos : Shellac