Virginie Efira surprend à chaque apparition et confirme qu’elle est devenue l’une des comédiennes incontournables du cinéma français. C’est encore le cas dans le film de Catherine Corsini, Un Amour impossible. Nous avons rencontré la comédienne pour évoquer cette incarnation du personnage de Rachel, ses projets et même ses podcasts préférés !
Comment êtes-vous arrivée sur cette adaptation du roman de Christine Angot par Catherine Corsini ?
J’avais lu le livre il y a longtemps, à sa sortie, et j’avais adoré. Il résonnait très fort en moi. C’est le genre de livre auquel on pense après l’avoir terminé, je l’ai même acheté à des gens que j’aimais. Ce n’était pas intellectuel, mais le livre me faisait ressentir des choses et m’interrogeait, notamment sur les questions du rapport à soi, sur la relation qu’on a à l’humiliation, pourquoi on se laisse parfois humilier… Et ce qui est un réconfort très fort dans l’histoire, c’est la façon dont on peut se sortir d’une situation comme celle-là par la parole, l’analyse. J’ai appris plus tard que Catherine Corsini faisait l’adaptation du roman. Catherine peut avoir l’air un peu revêche quand on ne la connait pas et je me disais qu’elle ne penserait jamais à moi pour le film. Ce n’était pas d’une logique implacable que je puisse jouer ce rôle, même si j’étais sûr que je pouvais le faire ! Au festival d’Angoulême, Catherine a vu Victoria et elle m’a souri. Le lendemain, on était ensemble pour des interviews radio et j’ai mis en avant des choses auxquelles je crois profondément mais c’était vraiment un forme de drague et je crois que cela l’a interpelée !
Avez-vous eu des relations avec Christine Angot et sa mère dont vous interprétez le personnage ?
Avant le film non, je n’en avais pas du tout envie car je pensais que cela allait trop m’intimider. Mais si Rachel ou même Christine l’avaient demandé je l’aurais fait. C’est une drôle de chose de représenter la vie de quelqu’un. Depuis, elles ont vu le film, et on s’est rencontrées. Rachel, je n’arrivais pas trop à lui parler parce qu’il fallait dire tout ou rien. Il faudrait se mettre à avoir une vraie relation mais pas un truc dans une projection avec plein de monde à table. Je lui ai dit que je lui écrirais et je ne l’ai pas encore fait, ce que je trouve regrettable ! Donc je vais le faire après la sortie du film. Christine Angot, j’ai bien aimé sa chaleur et sa réaction. Elle nous a dit que le film lui plaisait.
Les costumes, l’époque, ça met le corps dans un moule différent ?
Oui il y avait les costumes et l’époque mais aussi le fait de jouer la jeunesse et un âge plus avancé. Sa manière élégante de s’habiller comme les classes modestes de l’époque, il y a la fois une tenue et une humilité. Je ne voulais pas, même plus âgée de chaussures orthopédiques mais des petits talons élégants. En me voyant je me disais que j’avais l’air d’une petite vieille sympa, une sorte de Mamie Nova. Mais le maquillage prend un temps fou, je me levais à 4 heures du matin pour terminer à 1h le soir. C’était hyper long mais les maquilleurs étaient vraiment des pro ! Du coup on écoute plein de podcasts pendant ce temps là et on apprend plein de choses !
Vous nous rendez curieux, quels sont les podcasts que vous écoutiez pendant ces longues séances de maquillage ?
“Les Chemins de la philosophie”, j’adore ! Adèle Van Reeth est super mais j’aimais aussi quand c’était Raphaël Enthoven. Sinon, bien sûr, “Le Masque et la plume”. J’écoute beaucoup les podcasts pour m’endormir donc il ne faut pas que cela soit trop narratif, mais j’adore aussi celui qui a une voix incroyable, Fabrice Drouet, “Affaires sensibles” ! Je peux aussi écouter “Répliques” de Finkelkraut, je sais toujours où il se positionne mais il reçoit des personnes intéressantes. C’est vraiment bien Radio France, on a tellement de chance d’avoir ça !
Votre rôle-titre dans Victoria de Justine Triet a beaucoup changé les choses pour vous ?
Oui, clairement ! De manière très concrète cela a changé des choses intimement pour moi dans cette rencontre avec un metteur en scène qui m’est très proche, il y a un partage intellectuel et artistique qui font que je ne peux pas truquer. Je suis sorti d’un rapport de soumission ou de politesse par rapport à des films pas mal mais sans plus. Et ce changement en moi dont tout le monde pourrait se foutre a eu un impact sur les propositions qui sont venues après ! Jusqu’à Verhoeven dont je viens de terminer le film et qui est un truc de dingue ! Et j’ai tourné juste avant, déjà avec Niels Schneider, mais également Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel et Sandra Hüller (L’héroïne de Toni Erdmann, NDLR) qui est incroyable, dans le nouveau film de Justine Triet. Je joue une psy fascinée par une actrice enceinte, un peu comme dans un film de Woody Allen avec Gena Rowlands dans lequel elle écrit un livre et entend par une bouche d’aération les confidences de Mia Farrow à son psy (Une Autre femme, NDLR) et le 23 janvier sort le film de Joachim Lafosse, Continuer.
Photos : Copyright Stéphanie Branchu / CHAZ Productions / Le Pacte.