On l’a découverte en ado perdant la vue et affirmant sa liberté dans le très beau Ava de Léa Mysius en 2017, on l’a vue grandir en jeune fille qui redécouvre son père (Jean-Hugues Anglade) dans Le Grand bain de Gilles Lellouche, on a pris un plaisir infini à la voir incarner Charlotte, cette jeune femme qui fuit le quotidien de sa relation amoureuse pour tenter autre chose, avec un homme plus âgé, dans le magnifique Genèse de Philippe Lesage. FrenchMania fait un point d’étape avec la surprenante Noée Abita.
Comment avez-vous réagi à la lecture du scénario de Genèse ?
Noée Abita : Je suis arrivée sur le projet très tard (après la défection de l’actrice initialement choisie, NDLA), une dizaine de jours avant le tournage et parce que le producteur avait vu Ava à Cannes. On a fait un casting par Skype et on m’a ensuite envoyé le lien de la première fiction de Philippe Lesage, Les Démons. Et ça m’a tellement touchée, ça m’a tellement plu que je me suis dit qu’il fallait que j’en sois. Je voulais découvrir Charlotte, je voulais être cette personne. A la lecture du scénario, il y avait tellement de choses défendues, dénoncées, et tout un discours sur l’amour. Et puis Charlotte m’a vraiment touchée, je voulais faire partie de cette aventure !
Et c’est la première fois que vous avez un vrai rôle d’adulte, que vous n’êtes pas la fille d’un personnage …
N.A : Oui c’est vrai ! Elle est dans une recherche de liberté, d’émancipation. Elle a un besoin de romantisme, de reconnaissance, un besoin de se trouver qui m’a séduit. Elle n’est pas très différente de moi, on vit sans doute à peu près les mêmes choses, les mêmes murs, les mêmes besoins d’amour, cette espèce d’errance dans l’émotion. Ce que j’aime chez Charlotte, c’est sa pureté, son entièreté, son courage d’aller au bout des choses, son besoin de vérité. Aujourd’hui je dirais que j’ai appris de Charlotte. Parfois, je me dis “Charlotte irait chercher quelque chose de plus grand“. C’est tellement dur d’être une âme si pure, si intacte dans un monde de tricheurs, cela m’a plu de défendre cela.
Charlotte et Guillaume, son demi-frère (Théodore Pellerin), ne sont pas souvent ensemble dans le film mais on sent un lien fort entre les deux …
N.A : Ils sont très proches. ils n’ont que deux scènes ensemble mais cela suffit pour qu’on comprenne qu’ils sont très liés et qu’ils ont un vrai rapport fraternel. Tous les deux se heurtent à des violences extrêmement difficiles, mais il y a de l’espoir. L’amour qu’il y a entre eux, ils vont s’en servir pour grandir, pour ne pas se laisser abattre par le monde !
Après deux films en France, partir tourner au Québec, on peut dire que tout s’accélère ?
N.A : Cela a été un bouleversement, c’était la première fois que je tournais en dehors de France et que j’allais en Amérique. C’était la même langue, les mêmes mots même si les tournages sont beaucoup plus courts. Je trouve que tout ça est merveilleux, je ne me rends toujours pas compte de la chance que j’ai de faire des films que je veux défendre, qui me tiennent vraiment à cœur, d’être entourée de personnes tellement exceptionnelles et talentueuses. Philippe Lesage a un grand talent : il voit la beauté dans les choses, c’est rare d’arriver à créer de la beauté dans le monde. Je suis toujours aussi émerveillée de ce qui m’arrive tout en gardant bien les pieds sur terre. Depuis j’ai tourné Une Île, avec Laëtitia Casta, c’est une histoire fantastique autour du mythe de la sirène, qui a eu le prix de la meilleure série française à Sériesmania. J’ai un petit rôle dans le film d’Antoine de Bary avec Vincent Lacoste et je suis partie, il n’y a pas longtemps, tourner un film à la montagne sur une skieuse avec Jérémie Renier. Des projets très différents !