Aller de l’avant
Après Even Lovers Get the Blues, un premier long qui dessinait le portrait d’une génération en mal d’amour, de chair et de beauté, Laurent Micheli resserre son objectif sur une trajectoire, un personnage : Lola, jeune fille trans dont le projet d’opération de réassignation est bouleversé par la mort de sa mère. Avec la disparition de celle-ci – qui comptait payer l’opération de sa fille-, les espoirs de Lola chancellent, et ce n’est pas son père, engoncé dans son chagrin et sa colère, qu’elle peut solliciter, lui qui continue de nier l’identité de Lola. C’est donc en plein deuil et conflit que père et fille se retrouvent le temps d’un long trajet en voiture, direction la mer, réunis par l’urne qui contient les cendres de celle qu’ils ont tant aimée. Sans sophistication mais délicat de bout en bout, Lola vers la mer séduit par la justesse de son écriture et la chaleureuse lumière qui émane de l’héroïne et de son interprète, Mya Bollaers (nommée parmi les présélectionnées pour le meilleur espoir féminin aux César cette année). La ligne que tient Laurent Micheli est claire, sa mise en scène comme son récit aspirent à la simplicité, à la lisibilité. Au road movie, le réalisateur rend hommage, associant le genre (dépourvu ici d’effets de manches) au cheminement intérieur du père de Lola (parfait Benoit Magimel). L’itinéraire de la compréhension, le parcours de la réconciliation, Lola vers la mer les dépeint avec sincérité, non sans un certain militantisme. Aucun didactisme, mais une volonté : aller de l’avant. On ouvre le cadre, la fenêtre, et on respire, enfin.
Réalisé par Laurent Micheli. Avec Mya Bollaers, Benoit Magimel, Sami Outalbali… Durée : 1H30. En salles le 11 décembre 2019. BELGIQUE.