Regarde les hommes traumatisés
L’action se déroule en 1994, quelque part dans le désert algérien que traversent deux flics et amis à la recherche d’un dangereux criminel baptisé Abou Leila, un ennemi insaisissable, comme le vent. Cette année-là, le pays vit ce qu’on appellera plus tard sa “décennie noire” et la quête engagée par les deux protagonistes va les mener tout droit en enfer, les confronter à leurs propres peurs et violence, au terrorisme aussi. Western, film fantastique, road-movie, fable macabre et psychanalytique, ce premier long métrage est tout à la fois, envoûtant, délirant, perturbant et cru. Les yeux sont rivés sur l’écran, écarquillés de la première à la dernière minute, le souffle est court, l’ambiance moite, collante, toxique. Abou Leila est un véritable pari de cinéma, et il s’agit d’embarquer dans ce fiévreux circuit et de se laisser surprendre. En un film seulement, Amin Sidi-Boumedine, scénariste et réalisateur, s’impose en cador. Présenté à La Semaine de la critique, Abou Leila a continué d’étonner les festivals du monde entier par sa beauté, sa radicalité et sa singularité. Il trouve aujourd’hui le chemin des salles françaises, et la balade est bel et bien sauvage. De la sueur, des larmes, du sang et des acteurs époustouflants. Secouant.
Réalisé par Amin Sidi-Boumedine. Avec Slimane Benouari, Lyes Salem, Azouz Abdelkader… Durée : 2H15. En salles le 15 juillet 2020. FRANCE – ALGERIE.