Tout l’été, FrenchMania propose à plusieurs de ses talents cinéma préférés de répondre à son French’Questionnaire ! Après Lidia Terki (Paris la Blanche), Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages) et Morgan Simon (Compte tes blessures), c’est au tour d’Antony Cordier, réalisateur de Gaspard va au mariage, de nous plonger dans le cinéma français qu’il aime. Récompensé en 2005 du prix Louis-Delluc du premier film pour Douches froides, Antony Cordier poursuit son ascension avec Happy Few (2010) puis Gaspard va au mariage sorti en janvier 2018. Le film raconte comment Gaspard renoue avec sa famille à l’occasion du remariage de son père. C’est l’opportunité pour lui de retrouver le cadre de son enfance, un zoo. Cinéphile avisé, le réalisateur compte dans son panthéon des meilleurs films français Passe-montagne de Jean-François Stévenin (film restauré en 2018), Extérieur, nuit de Jacques Bral et Possession d’Andrzej Zulawski.
J’aime bien l’érotisme de certains films déconsidérés des années 80, par exemple L’Année des méduses de Christopher Frank – Antony Cordier
Le film français ou francophone à voir seul l’été, les volets fermés, quand les autres sont à la piscine ou la plage ?
Antony Cordier : Si on ne veut pas rire à la plage avec les autres, c’est qu’on a envie d’être mélancolique à la montagne, alors je dirais Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli. C’est un film qui m’émeut d’une manière très personnelle. L’élégance du montage, la façon dont Cécile de France est dirigée, la féminité de Depardieu… Tout me touche.
Le film français que vous revoyez régulièrement entre potes et dont vous répétez les répliques entre deux sessions de barbecue ?
A.C : Je me rends soudain compte que je ne suis pas du tout comme ça avec mes potes ! C’est inquiétant ? Pour répondre malgré tout à la question : avec mes parents, on connaît Flic ou voyou de Georges Lautner par cœur, on l’a vu au moins dix fois. Avec ma femme, on a adopté au quotidien quelques répliques de films : “Un désir, ça se respecte” (Delon à Gabin dans Le Clan des Siciliens d’Henri Verneuil), “Même pour nous c’est un peu fort” (Roman Polanski à Bernard Fresson qui écoute la musique à tue-tête pour emmerder ses voisins dans Le Locataire). Et, plus récemment, une réplique de 12 jours de Raymond Depardon: “J’te revaudrai ça quand je serai footballeur professionnel”.
Le film français qui vous donne envie de galocher votre voisin ou voisine de canapé ?
A.C : J’aime bien l’érotisme de certains films déconsidérés des années 80, par exemple L’Année des méduses de Christopher Frank. J’aime beaucoup Christopher Frank, comme réalisateur et comme romancier.
Un film français dans lequel vous pourriez vivre à l’année longue ?
A.C : Quand j’avais 20 ans, je pense que j’aurais aimé vivre dans le chalet de 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix, sur la plage de Gruissan, faire mijoter des chili con carne, boire des téquilas frappées avec le voisin saxophoniste, repeindre la cabane en bleu et rose, écrire dans l’anonymat en débardeur sur la terrasse…
Un héros ou héroïne français(e) de fiction que vous adoriez enfant ?
A.C : Joëlle Mazart. Et les Pieds Nickelés de Jean-Claude Chambon.
Le réalisateur ou la réalisatrice français(e) dont vous avez vu tous les films ?
A.C : En général, il m’en manque toujours un ou deux. Ah oui, j’ai vu les huit films de Manuel Pradal, que j’adorais. Je trouve qu’il n’a pas été assez défendu. Il ne cochait pas les bonnes cases. Pourtant il filmait mieux que les autres. Ça compte, quand même.
Le film français de l’année pour vous ?
A.C : Mektoub my love d’Abdellatif Kechiche, ce roman français où le héros met une éternité à ne pas dire ce qu’il voudrait dire. J’apprécie qu’il ne fasse pas partie de ces films qui n’ont rien d’autre à offrir au spectateur que leur cinéphilie. C’est un film obsessionnel, utopique, cruel, lubrique… Ça fait beaucoup de qualités !
Votre actualité prochaine ?
A.C : J’aimerais faire ce que je n’ai pas encore fait : un film en costumes, une adaptation de roman, une série.