Sélectionner une page

Après la guerre d’Annarita Zambrano

par | 20 Mar 2018 | CINEMA

 A nom du père

C’est l’histoire d’une dérobade : celle d’un ex-militant d’extrême gauche italien rattrapé soudain par son passé. Soupçonné d’avoir commandité l’assassinat d’un juge, Marco est contraint de fuir le pays où il est réfugié depuis des années, le gouvernement italien réclamant à sa patrie d’accueil (La France) son extradition. Il entraîne avec lui sa fille, Viola, 16 ans, dont la vie va se trouver alors bouleversée par les fautes de son père – la figure de celui-ci fatalement change à ses yeux. Le prix à payer (celui des erreurs commises durant les années de plomb), voilà le thème dont Annarita Zambrano s’empare ici avec sobriété. La réalisatrice et co-auteur du scénario orchestre un voyage entre la France et l’Italie qui ravive des plaies jamais vraiment pansées. L’action se déroule en 2002, alors que les étudiants manifestent avec vigueur contre la nouvelle loi travail (superbe scène d’ouverture chargée de la parole contestataire). Juste, engagé, Après la guerre met en scène les déflagrations internes, les répercussions politiques et historiques au sein de la sphère intime (la famille de Marco) – forcément le champ se resserre, les plans aussi, le choix du format scope engageant au confinement. Si le héros a des idéaux, si sa soif de liberté est sans borne, s’il ne regrette rien de ses gestes, sa fille, elle, est à la fois la victime et la prisonnière d’une guerre qui n’appartient pas à sa génération. Malgré quelques longueurs et une partie française moins solide que l’italienne, ce premier long métrage sélectionné à Cannes en 2017 – compétition Un Certain regard – se distingue justement par son regard critique sur vingt ans d’histoire complexe entre deux pays aux révoltes (presque) communes. Une filiation naturelle avec le cinéma italien militant des années 1970 se noue en même temps qu’une empathie certaine pour Viola, personnage touchant. Inégal mais passionnant.

Réalisé par Annarita Zambrano. Avec Giuseppe Battiston, Charlotte Cétaire, Barbora Bobulova… Durée : 1H32 – FRANCE / ITALIE.

Pin It on Pinterest

Share This