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Arras Film Festival : les films qui ont marqué la compétition

par | 17 Nov 2019 | CINEMA, Reportage

L’Arras Film Festival a clos hier soir une 20ème édition qui comme chaque année a regroupé un public nombreux, varié et avides de découvertes. Avant-premières de films français, découvertes européennes, programmations “Visons de l’Est” et “Cinémas du monde”, rétrospective consacrées à Nicole Garcia, au cinéma italien sur la période mussolinienne ou au à la “peur sur les sixties”, ce sont plus de 300 projections qui ont eu lieu dans la cité arrageoise depuis le 8 novembre sous la houlette de Nadia Paschetto et Eric Miot qui dirige de mains de maîtres le festival. Mais la spécificité du festival d’Arras, c’est sa compétition basée sur une sélection de 9 films venus de toute l’Europe et, particulièrement des pays de l’Est. C’est parmi ces films que le jury Atlas présidé par Thierry Klifa, le jury presse du syndicat de la critique, le jury jeunes et le public ont fait leurs choix. Palmarès commenté par FrenchMania, partenaire de l’événement.

ATLAS D’OR / GRAND PRIX DU JURY

The Father de Kristina Grozeva et Petar Valchanov (Bulgarie-Grèce)

Quand Pavel se voit contraint par son père Vasil de prendre une dernière photo de sa mère dans son cercueil avant son inhumation, il ne se doute pas encore que c’est le début d’un deuil plus que rocambolesque. Son père est en effet persuadé que sa femme cherche à lui dire des choses depuis l’au-delà et abandonne toute rationalité. Pavel est embarqué dans un road-trip par ce père en quête de signes alors qu’il a apparemment d’autres chats à fouetter avec, notamment, la gestion à distance des hauts et des bas de son épouse enceinte un tantinet cyclothymique qui fait une fixette sur la confiture de coings aux géraniums. The Father, film court, vif et intelligent, concentre dans cette relation père-fils, toute la quintessence des non-dits familiaux au rythme d’un périple en voiture loin d’être de tout repos. Le duo de comédiens est au diapason de l’énergie que porte en lui ce récit et les deux réalisateurs parviennent à équilibrer les aspects très comédie de cette histoire loufoque et l’évocation par bribes d’une histoire familiale pas franchement résolue avec un propos plus grinçant sur la Bulgarie et le spectre encore pesant des nombreuses années de gouvernance communiste. Une réussite réjouissante !

ATLAS D’ARGENT / PRIX DE LA MISE EN SCÈNE

Let there be light de Marko Skop (Slovaquie)

Milan travaille dur en Allemagne pour aider sa famille restée en Slovaquie à s’en sortir et assurer la meilleure éducation possible pour ses trois enfants. Quand il rentre au village pour les vacances de Noël, sa femme est au bout du rouleau et il découvre que son aîné Adam fréquente un groupe de jeunes embrigadé dans une défense douteuse des valeurs traditionnelles plus proche de la milice paramilitaire que du scoutisme. Quand la nouvelle du supposé suicide d’un des jeunes se répand, que la police et que l’église s’en mêlent, il semble être déjà trop tard pour faire machine arrière et sortir sa famille de cet engrenage douteux. Let there be light met en scène un père de famille optimiste et travailleur, qui, malgré sa collection d‘armes à feu, a comme idéal de ne pas reproduire la violence de son propre père et d’aider ses enfants à s’épanouir. La mise en scène de l’isolement de ce village aux mœurs d’un autre temps participe à créer un climat de suspicion proche du thriller au sein d’une communauté en perte de repères. Si les questions politiques du poids de l’église et de la renaissance d’une extrême-droite sont passionnantes, elles sont malheureusement un peu diluées par la surenchère d’un scénario qui ne se fait pas confiance. En ajoutant à cette toile de fond déjà chargée une histoire criminelle qui s’est joué hors-champ, le film perd en force politique et pousse la tension dramatique à l’extrême, quitte à sembler changer de sujet en cours de route. Restent une mise en scène tenue, des comédiens efficaces et un film enneigé qui porte en son cœur de beaux moments de cinéma et une réflexion pertinente sur les relations père-fils, l’éducation et le poids de l’église.

PRIX DU PUBLIC

Dafne de Federico Bondi (Italie)

Tout commence dans un bal. Des couples, des enfants dansent et une jeune femme semble virevolter des uns aux autres. Dafne, c’est son nom, est une jeune femme trisomique qui déborde d’énergie, travaille et semble dévorer la vie, s’émerveillant de tout. Quand sa mère décède brutalement, Dafne et son père Luigi perdent leurs repères. C’est lors d’une randonnée en montagne que père et fille vont se retrouver, se reconnecter et faire le point. Ce film italien, présenté en février dernier dans la section Panorama à Berlin, a l’intelligence de faire de son héroïne une jeune femme comme les autres, ne cherchant jamais à se forcer le trait sur sa différence préférant mettre en avant la façon dont elle est autonome dans la gestion de sa vie et est intégrée à la société. La mise en scène de Federico Bondi est aussi élégante que son traitement de son personnage central. Sa vision de la relation père-fille entre cette jeune femme solaire et cet homme taciturne qui gèrent chacun son deuil à sa façon lutte avec un aplomb bienvenu contre les préjugés et les stéréotypes.

PRIX DU JURY PRESSE DU SYNDICAT DE LA CRITIQUE

The Father de Kristina Grozeva et Petar Valchanov (Bulgarie-Grèce)

PRIX REGARDS JEUNES – RÉGION HAUTS-DE-FRANCE

The Father de Kristina Grozeva et Petar Valchanov (Bulgarie-Grèce)

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