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Camille Chamoux (Le Processus de paix) : « Ce qui m’intéresse, c’est la présence du regard de l’autre »

par | 19 Juin 2023 | Interview, z- 1er carré gauche

En 2017, Camille Chamoux était à l’affiche du premier long métrage de fiction d’Ilan Klipper, Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête. Quelques années plus tard, elle retrouve le réalisateur comme actrice mais aussi en tant que co-scénariste de la comédie Le Processus de paix. L’histoire de Marie et Simon (Damien Bonnard), un couple amoureux mais dysfonctionnel qui va expérimenter une charte Universelle des droits du couple comme tentative de pacification entre eux. Rencontre avec la comédienne.

Tu étais déjà été actrice dans le premier long métrage de fiction d’Ilan Kilipper, Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, c’est lui qui t’a proposé d’être co-scénariste pour Le Processus de paix ?

Camille Chamoux : Dans Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, j’ai beaucoup aimé la singularité et l’étrangeté du regard d’Ilan Klipper et aussi son sens de la comédie qui pour un réalisateur très pointu, auteuriste, et exigeant sur l’image est assez étonnant. Peu de réalisateurs de son genre sont portés naturellement vers la comédie sans même appeler ça « comédie ». Je trouvais Laurent Poitrenaux extrêmement drôle et les monologues écrits par Ilan dotés d’un souffle verbal humoristique très fort. C’est ma recherche permanente, la comédie intelligente qui n’exclût pas l’esthétique. J’ai très vite ressenti une proximité avec son travail et son regard de réalisateur. Lui, a apprécié mon jeu et on s’est bien entendu en direction d’acteurs entre ce qu’il voulait et ce que je proposais. Il m’a très vite reproposé de travailler ensemble, éventuellement pour un projet commun. 

Un jour, je suis arrivée avec l’idée de ce couple qui voulait juste faire la paix. Je lui ai dit que j’avais réfléchi à une idée embryonnaire d’un couple qui s’aime, mais qui est hyper dysfonctionnel et conflictuel. Tout le monde est en guerre. Dans la vie, il y a de la révolte partout. Tout est difficile. Tout est lutte. Quand on passe la porte de chez soi, on voudrait que ça soit un endroit de paix et c’est à nouveau un endroit de guerre. Ilan m’a dit que ça lui parlait beaucoup. On a commencé à réfléchir à ça. Très naturellement, est venue l’idée de ce couple que l’on a voulu très attachant, très touchant, mais qui passe de 0 à 100 en une seconde.

Ilan est spécialisé dans le rapport névrotique au monde et aux gens. Il a beaucoup travaillé la folie et les pathologies. Je trouvais ça intéressant chez des gens qui ont l’air complètement normaux et de s’intéresser à la pathologie du rapport de couple quand la porte est fermée. Personne ne le sait, mais tout le monde vit des trucs complètement tarés dans son couple. Le maximum qu’on en dit au café, quand on débriefe avec des copains, c’est : « Non, c’est un peu dur en ce moment » ou « C’est un peu compliqué ». Et après, tu apprends que les gens se sont séparés, qu’ils se déchiraient la gueule depuis des années… On a estimé que ce terreau-là était une terre de fiction et de comédie qui ferait plaisir aussi aux gens et qu’ils se sentiraient moins seuls. 

C’est l’idée aussi de montrer un « couple normal »… auquel on peut s’identifier à l’intérieur du foyer ?  

Camille Chamoux : Oui, un couple normal, sachant que la normalité dans le couple, c’est plutôt le conflit. Comment on fait pour ne pas être en fight ? C’est difficile de vivre avec quelqu’un, de vivre avec les autres, c’est pour ça qu’il y a un aspect géopolitique dans le couple.  

Et comment est arrivée cette charte Universelle des droits du couple, qui est une idée plutôt fantaisiste dans votre scénario ? 

Camille Chamoux : Au début, c’était vraiment l’idée d’un couple qui essaye de bien se parler pendant 15 jours sinon ils se séparent.Et pendant qu’on écrivait le film, avec plein de scènes qui sont encore là aujourd’hui, on a rencontré dans un café mon ami Mathieu Bisson, qui était avec moi en cours de théâtre il y a des années. Entre-temps, il était devenu père, en rencontrant la mère de son enfant, avec qui il n’est pas en couple, sur un site de co-parentalité. Il nous a raconté tout ça et Ilan prenait des notes de tout ce qu’il disait. Après, il m’a dit que c’était vraiment la scène centrale de notre film. Ce couple devait établir une charte.

Comment vous avez travaillé l’écriture à deux ? C’était un échange permanent ?

Camille Chamoux : Oui, on a une façon de fonctionner très fluide avec Ilan. Je crois qu’on ne s’est jamais engueulé dans l’écriture. On s’interview mutuellement et on réfléchit à haute voix. On écrit quand l’autre nous dit des choses intéressantes, puis on se partage l’écriture des scènes et on rebondit sur la scène de l’autre. C’est naturel. Il y a beaucoup d’éléments qui sont presque de la retranscription de scènes de la vie. On se raconte la scène et on l’écrit telle qu’elle s’est passée, enfin presque, mais dans le presque, il y a l’écriture. On est très complémentaires parce qu’on est collaborateurs et justement, pas ensemble en tant que couple. Donc on est un homme et une femme qui n’ont pas le même point de vue et qui se connaissent hyper bien. Et lui, il est vraiment très Simon là où moi, je suis très Marie. Même si ce n’est pas exactement lui ou exactement moi, ça nous ressemble. Je pense que l’on s’apporte un regard complémentaire sur les rapports hommes-femmes. Il y a vraiment les deux regards jusque dans le souffle, la qualité esthétique du film, le rythme…

Et il y a autre chose dans le film, que tu apportes toi aussi en tant que femme et avec ton regard dans l’écriture. Il y a quand même beaucoup de films réalisés où ce sont les hommes qui portent ce regard sur les femmes dans le couple hétéronormé et là tu nous montres une femme qui a quelque chose de la vraie nana que l’on côtoie dans la vie. Comme dans Les Gazelles, que tu avais aussi co-scénarisé, où tu étais un personnage qui pouvait être nous et les femmes que l’on connait… c’est assez frappant cet aspect-là…  

Camille Chamoux : Exactement. Les Gazelles, je l’avais co-écrit avec une scénariste, Cécile Sellam, et avec Mona Achach qui l’avait réalisé. C’était très important pour moi qu’il y ait une équipe exclusivement féminine à la création. Parce que Les Gazelles, c’était vraiment le mono point de vue d’une femme qui tombe en célibat. Et le célibat, c’est une condition suspecte pour une femme, dépassé 30 ans. 

Et de la même manière, Le Processus de paix, c’est hyper important pour moi que ce soit une collaboration d’un homme et d’une femme, que le réalisateur soit un homme et que la scénariste et interprète principale soit une femme et qu’il y ait quelque chose de mixte et de partagé parce que c’est le propos du film. Évidemment, ce qui m’a intéressé, c’est le pas que l’on a fait l’un vers l’autre. Non pas dans l’esprit d’une concession, mais dans l’esprit d’une compréhension. Et c’est d’ailleurs ce que devrait être le couple. Mais Ilan Klipper, je l’ai amené à considérer les choses de manière très différente sur plusieurs sujets. 

Par exemple, dans l’écriture, certaines choses que j’avais écrites du personnage de Marie, il me disait qu’il la trouvait très énervée ou trop enragée. Je lui ai fait comprendre cette colère ou cette rage qui ne peut pas s’exprimer autrement. Je reprendrai la grande expression de Ségolène Royal : « Il y a des colères saines ». Je pense que la colère est parfois le meilleur moyen. Dire qu’il faut toujours passer par le calme, c’est encore une forme d’oppression, de soumission, de non-égalité. On a donc énormément bossé ça pour que le personnage ne soit pas agaçant et ne puisse pas être taxé d’hystérie, parce que c’est insupportable. Et même si moi, je ne la trouverai jamais hystérique, y compris si elle était plus extrême, ça aurait nuit au propos du film. Mais néanmoins, elle a des colères saines. Et elle a d’ailleurs des débordements. Dans le film, il y a la compréhension originelle d’Ilan, qu’il a eu l’intelligence de retranscrire en scène et de ce rapport d’un homme qui dit « Mais pourquoi t’es tout le temps en fight ? » Et d’une femme de 2023 qui répond : « Parce que je n’ai pas le choix ! » En-tout-cas : « C’est ma façon d’avoir accédé à tout ce que j’ai aujourd’hui et qui est ma liberté, que je défends et que je prône même ».

Puis, par son métier aussi, son ambition professionnelle, ses désirs. Ça, ce sont des choses qu’on ne voit pas tant que ça finalement… montrées de cette manière-là au cinéma.

Camille Chamoux : Ça me fait plaisir que tu dises ça et que tu le considères. Et c’est vrai qu’on ne le voit pas de ce point de vue. C’est-à-dire non pas en constatant cette réaction ou ce petit animal furieux qui se bat, mais en étant à l’intérieur de son point de vue. En-tout-cas, c’est ce qu’on a essayé de faire dans le film, de la comprendre profondément et de voir qu’à plein de moments de sa vie, ça n’est pas une femme en fight. Elle est même plutôt très douce, très sympa dans la vie quotidienne. Un soldat de la joie. Mais moi, j’ai énormément de copines qui sont des soldats de la joie. Ça n’empêche pas qu’il y ait des moments où il faut mordre. 

Est-ce que c’est plus facile pour toi en tant qu’actrice de jouer des personnages quand tu as participé à leur écriture ? D’ailleurs tu as joué dans tous les films où tu a aussi été co-scénariste…

Camille Chamoux : Ça commence à bouger, mais je trouvais souvent que la parole des personnages féminins qu’on me proposait avait une grosse limite, notamment dans leur expression. Pas forcément dans ce qu’en faisait le ou la réalisateur.rice, mais dans le scénario, dans le verbe, dans la quantité de langage, dans la prise de parole, je trouvais qu’il y avait souvent une limite ou que les personnages étaient monochromes. J’avais envie de défendre des personnages féminins complexes, riches, et qui permettent d’aborder certaines questions d’un autre point de vue, de faire comprendre. Ce n’est pas juste un manifeste, c’est aussi un vecteur. C’est la fiction qui permet de changer les mentalités. Moi, je crois très fort à ça. Et je crois particulièrement à la comédie, puisque la comédie, c’est de la vaseline. Donc c’est comme ça que je me suis mise à écrire des rôles féminins qui me semblaient à la mesure de tout ce qu’il y avait à défendre, à dire, et le plaisir de jouer. Après, ce n’est pas forcément plus facile. C’est même parfois plus casse-gueule, disons. Et puis moi, j’ai jamais envie de faire un truc qui soit complètement moi. Je n’ai pas envie de faire un documentaire sur moi-même. J’en ai marre de moi. Je fais déjà du one-man-show… J’aime bien aussi les cerveaux des autres, mais je passe toujours par un ou une réalisateur.rice avec qui j’ai une grosse collaboration et qui me déplace dans des territoires inconnus. 

L’écriture a toujours été présente à côté de ton métier d’actrice. Tu te verrais écrire un film seule ?  Et peut-être le réaliser ?  Ou au moins travailler avec un réalisateur, mais être toi seule au scénario ?  

Camille Chamoux : J’écris déjà des spectacles seule, enfin quasiment seule. Mais j’aime la collaboration. Je me suis longtemps posée la question, à vrai dire. Je me demandais si là encore, c’était une forme ingérée de manque de confiance, parce qu’une fille qui écrit, etc. Mais en fait, non, moi, j’ai quand même profondément un goût pour la collaboration. Par exemple, je suis devenue productrice, de tout ce que j’initie mais j’aime être coproductrice. En ce qui me concerne, je trouve qu’on est souvent plus fort à plusieurs. Et en plus moi ça m’amène toujours un peu plus loin. Mais il y a des artistes comme Sophie Letourneur qui sont extrêmement autonomes et dont la force artistique réside aussi dans leur autonomie et dans leur circuit clos. Ça fait partie de leur procédé. Moi, de tout temps, ça a fait partie de mon procédé d’être dans un système un peu miroir et circulant.

Mais toujours par le prisme la comédie, c’est vraiment une nécessité pour toi  ?

Camille Chamoux : Oui. Et après, la collaboration, c’est applicable à toutes les zones de ma vie. C’est-à-dire que, si je m’écoutais, je vivrais en kolkhoze. Je suis enfermée dans des schémas de société où je vis en couple avec mon mec et mes enfants. Mais petit à petit, sans leur en parler, je glisse vers le kolkhoze. D’ailleurs, là, je suis en coloc alors que je vis avec mon mec et mes enfants. J’ai quand même réussi à instaurer une coloc. J’aime quand ça circule. Je trouve que dans l’art et dans la vie, les cellules qui me plaisent, ce sont les cellules poreuses. Ce sont des endroits où ça communique.  

Tu penses que ça permet de mieux avancer dans la vie, dans ses projets… ?  

Camille Chamoux : Pour moi ! Je trouve qu’on est plus heureux. Je suis toujours très heureuse quand je comprends un point de vue différent d’humain et que j’arrive à vraiment le digérer. Et artistiquement, c’est très fort moi d’avoir fait un pas dans la tête d’Ilan Klipper et de Simon et donc d’un homme qui a envie de comprendre plein de trucs, mais qui n’a pas forcément toutes les clés ou toute la donne. Ça m’intéresse. Enfin, il y a des choses que je comprends, des névroses. C’est marrant parce que moi, je partais dans l’écriture du personnage de Marie avec 2 000 ans de lutte féministe. Et lui, Ilan, avec 10 000 ans de lutte judaïque. Donc on était chacun avec sa charge sur ses frêles épaules, le poids d’une espèce de conquête. Il n’y a personne qui se situe dans une frange tranquille du monde.

Et c’est cette communication qui permet d’avancer ensemble que vous avez appliqué dans l’écriture de ce scénario ?  

Camille Chamoux : Oui, c’est le principe du Processus de paix. Ilan est spécialisé. Il a été prof de TD sur les questions d’Israël-Palestine. Et il a rédigé un mémoire hyper intéressant sur « Espoir et tentative de paix de 1975 à 1995 » où il a analysé pendant vingt ans les allers-retours dans le conflit israélo-palestinien. Et justement, il explique que l’on pourrait faire la paix aujourd’hui. C’est un souhait de quelques personnes que la paix ne soit pas faite. Mais c’est juste un mindset de faire la paix. Et dans le couple, c’est exactement pareil. On se rend compte que c’est un mindset, c’est vraiment de le vouloir. Un jour, tu rentres chez toi et tu te dis, je vais désamorcer tous les trucs où je considère que mon mec est mon ennemi alors que je l’aime.

Oui, parce que on ne comprend pas l’altérité…  

Camille Chamoux : Et ça va du dentifrice ouvert, au regard sur un enfant de 2 ans qui a ou n’a pas un pull parce qu’il fait chaud ou pas chaud… Au rapport à la vie, à la liberté, à la sortie, à la fidélité… C’est-à-dire que c’est aussi anecdotique et profond que toutes ces questions. Et c’est tout ça qu’il faut dealer. Et pourquoi on se crispe aussi. C’est beaucoup ce que j’ai essayé de mettre dans le film et Ilan était à fond avec cette idée également. Il y a une partie qui concerne le couple et il y a une partie qui ne concerne pas le couple. Et ça, on a beaucoup essayé de le mettre dans les personnages de Simon et de Marie. Beaucoup de gens, moi y compris évidemment, trimballent dans la vie une difficulté quotidienne à se faire respecter, écouter, entendre, travailler avec d’autres gens. C’est difficile. Et donc quand on rentre chez soi, on a parfois, on a des frustrations fortes et des amertumes et ça peut être extrêmement difficile à ne pas les faire peser sur l’autre qui est un punching-ball. 

Et Damien Bonnard ça a été une évidence de casting, pour incarner le pendant masculin de ce couple ? 

Camille Chamoux : Justement, Damien, je l’ai vu un jour dans un bar parisien qui s’appelle Les Deux amis, où j’allais très souvent. Quand je l’ai vu entrer dans ce bar, c’était la semaine de la sortie des Misérables. Je l’avais trouvé génial. Je l’avais vu avant dans Rester vertical d’Alain Guiraudie. J’aime beaucoup sa présence que je définirai comme pataude avec toute le caractère touchant que ça implique. Et il est arrivé dans ce bar, il trimbalait un empêchement hyper touchant. Il était une star montante du cinéma français après Cannes et il n’arrivait pas à commander son verre. J’étais avec des copines et je le regardais tout empêché d’arriver au bar pour commander. Et je suis allée le voir et je lui ai dit : « J’ai l’impression que tu es exactement le rôle que je suis en train d’écrire ». Et Ilan l’aimait beaucoup aussi, donc ça a été une évidence.

Vous lui avez proposé directement ? 

Camille Chamoux : Dès que le scénario a été fini on lui a envoyé.

Et en même temps c’est assez troublant à quel point il ressemble à Ilan Klipper dans le film…

Camille Chamoux : C’est assez marrant, ils ont fusionné. Ils se sont beaucoup vus en prépa du film. Et d’ailleurs, il y a beaucoup de choses du personnage de Simon qui ont été improvisées pendant le tournage. Tout ce qui n’est pas verbal. La scène de la synagogue n’était pas écrite. La seule chose, c’est qu’il devait passer devant une synagogue écouter des chants. Il y avait un groupe qui chantait et il a demandé à une des filles qui était une silhouette de faire la rabbine. Cette scène a été complètement improvisée. Et cette fille est hallucinante. Ça m’a fait penser à La Discrète, ce film sur ce mystère de l’altérité homme/femme avec Luchini et Judith Henry, où dans le dernier plan Luchini arrive dans le Café de la place à Saint-Sulpice, il se pose et il a un regard sur une jeune femme qui est figurante et elle m’avait marqué. J’ai joué au théâtre avec elle et quand je l’ai vu arriver dans la salle des répétitions. Je me suis écriée : « Tu es la fille du dernier plan de La Discrète » et elle m’a dit oui et je lui ai dit : « Je n’oublierai jamais ton visage ». Cette fille qui joue la rabbine, c’est un peu pareil. C’est la magie du cinéma. Parfois en un plan, il y a une humanité qui se dégage. Elsa Zylberstein était figurante, sur Van Gogh, Pialat la voit en figuration, il la filme sur 4 phrases et lance sa carrière. Et c’est ce qu’il s’est passé avec cette fille où Ilan lui a demandé de faire ce petit rôle sur le tournage. Alors que c’était juste écrit dans le scénario : Simon passe devant une synagogue. La porte est ouverte. Il bloque. Il entend des chants. Sauf qu’Ilan, il a filmé la synagogue. Il est rentré dedans… Et c’est une scène majeure du film. Simon cherche sa place dans le monde. Il se lève, il s’assoit, il n’est jamais du bon côté… C’est extraordinaire et ça n’était pas écrit. Et pour moi, Ilan a ça. C’est un coup de génie. Il écrit énormément, il a un grand respect du scénario et il a aussi un respect et une curiosité pour l’instant magique du cinéma. 

Ça vient surement du fait qu’il soit documentariste tu ne penses pas ?

Camille Chamoux : Oui exactement ! C’est l’alliance de ces deux choses : un énorme travail qui lui permet d’être aiguisé dans le rapport au présent. Il doit faire exactement la même chose en documentaire. La principale qualité de son talent, c’est sa curiosité et il y a aucun message dans le film, on ne sait pas s’ils vont rester ensemble… Mais c’est la tentative d’aller vers l’autre et je trouve qu’il y a ça dans son cinéma en général. C’est un cinéma qui regarde les gens et les endroits que l’on ne regarde pas vraiment dans les relations communes, la famille, le couple, les gens. Ça m’intéresse toujours. C’est difficile d’écrire un scénario et de le voir après, mais pour moi, ce sont des expériences très difficiles et très intéressantes. C’est la troisième fois que je le fais. Ce qui m’intéresse, c’est la présence du regard de l’autre, donc quand tu me demandais si j’écrirai seule, non, je ne crois pas. 

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