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Clermont 2024 : Dix coups de cœur français

par | 9 Fév 2024 | Reportage, z - 2eme carre droite

Après huit jours, le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand s’est achevé samedi 10 février couronnant Une orange de Jaffa de Mohammed Almughanni du Grand prix international, J’ai vu le visage du diable de Julia Kowalski du Grand prix national et AlieN0089 de Valeria Hofmann du Grand prix labo. Retour sur dix de nos coups de cœur de la compétition nationale. 

J’ai vu le visage du diable de Julia Kowalski

Récompensé du Grand prix national par le jury, J’ai vu le visage du diable de Julia Kowalski (déjà sélectionné à la Quinzaine des cinéastes 2023) navigue entre le surnaturel et un réalisme quasi documentaire. La réalisatrice de Crache coeur place son décor dans le nord de la Pologne où Majka (Maria Wróbel), une jeune fille de 18 ans, confrontée à son attirance pour les femmes, se persuade d’être possédée. Son seul espoir ? Recourir à l’exorcisme pratiqué par un prête pour se débarrasser de ses pulsions « démoniaques ». Le film confronte intelligemment la réalité de cette communauté religieuse au fantastique qui s’immisce dans les images mystiques de la forêt associées à un sound design inquiétant, interrogeant les peurs dans l’horreur pour mieux s’accepter. 

Dans la tête un orage de Clément Pérot

Également présenté à la Quinzaine des cinéastes avant Clermont-Ferrand, Dans la tête un orage de Clément Pérot est un film de regards. Le temps d’un instant d’été, le cinéaste capture dans son cadre des enfants et adolescents s’ennuyant au pied des tours d’une cité du nord de la France. Entre les terrains vagues et le béton, il laisse le silence des solitudes cohabité avec les bruits en hors champs. Avec cette poésie épurée née de l’observation, Clément Perrot prouve qu’il est un grand portraitiste de personnages et de territoire.

Oyu de Atsushi Hirai

Dans une petite ville du Japon, Atsushi Hirai filme un homme venu récupérer un panier dans un bain public. Ce dernier finit par prendre un bain. Dans la moiteur et la mousse, le cinéaste observe avec lenteur chaque geste de ces hommes nus, de ces différents corps cohabitant ensemble dans cet espace non-mixte. Dans les bruits d’eau et les conversations des autres, Atsushi Hirai immerge le spectateur dans les émotions ressenties par son personnage. Subtilement, le deuil du protagoniste se dessine dans le contemplatif sans jamais être mentionné et c’est sublime. 

Petit Spartacus de Sara Ganem

Se mettant en scène sur les routes de la Bretagne aux pays de l’Est, Sara Ganem déploie un dispositif inventif et comique prenant la forme d’un auto-documentaire. Accompagnée de son vélo, Petit Spartacus, qui parle grec et le chante quand il est triste, la réalisatrice filme pour réparer un drame personnel violent et pour se retrouver. Au fil des rencontres et des pays qui défilent, le montage emporte dans une œuvre libre aussi bien dans le ton que dans la forme.. 

La Perra (La Chienne) de Carla Melo Gampert

Par la douceur de l’aquarelle et les bruitages, la réalisatrice colombienne Carla Melo Gampert se saisit de l’animation. Par l’intermédiaire de ses personnages mère/fille à tête d’oiseau, elle raconte l’évolution du corps des femmes dès l’adolescence et la puberté. Elle explore à la fois le regard porté sur soi, celui des hommes, inconfortable dans la rue ou désirant dans l’intimité. Les corps nus des personnages appuient le propos de leurs évolutions à travers le temps, de la vie à la mort. 

Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues de Wissam Charaf

Un an après la sortie de son sublime deuxième long métrage Dirty, Difficult, Dangerous l’an passé, le réalisateur libanais Wissam Charaf est repassé par le format court avec un nouveau film au titre si poétique : Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues. Sur un front de mer en travaux, le travail de Raed consiste à empêcher aux passants l’accès à la mer. Les plans fixes chers au cinéastes laissent s’échapper des situations absurdes voire burlesques quelque part entre le rêve et la réalité capitaliste d’un horizon vendu à de riches promoteurs. 

Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne

Sélectionné à la Semaine de la critique 2023, Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne s’attache à raconter le temps d’une nuit la rencontre de deux âmes en peine (Dimitri Doré et Tiphaine Raffier) qui vont se reconnaître dans leur tourments et tenter ensemble un début de guérison vers l’espoir. Ils sont voisins mais il fallait l’appel à l’aide de Gabriel par une mauvaise prise de médicaments pour que Margot l’accompagne aux urgences. De leur deux solitudes nait alors des chansons et de la tendresse comme par enchantement. 

Queen Size de Avril Besson

D’une simple vente via le BonCoin d’un matelas entre Marina (Raya Martigny) et Charlie (India Hair), Avril Besson crée une vraie rencontre entre deux personnages singuliers que beaucoup de choses opposent à commencer par leur direction. La vendeuse doit quitter Paris pour retourner à La Réunion, quand l’acheteuse se voit obligée d’occuper l’appartement légué par sa grand-mère qui l’a élevée. La réalisatrice filme avec tendresse cette traversée du 18e arrondissement pour transporter ce fameux matelas Queen size, sous la canicule estivale. 

Montréal en deux de Angélique Daniels 

Comment faire après une rupture quand les lieux fréquentés ramènent sans cesse au souvenir de l’autre ? Montréal en deux de Angélique Daniels apparait comme un film séparé en deux comme ses protagonistes. D’un côté, il y a le son, une conversation téléphonique frictionnelle entre une voix masculine et une voix féminine dont on comprend rapidement les liens qui les unissait. Ils tentent une partition du territoire de la ville de Montréal afin que chacun puisse continuer de se rendre dans ses lieux favoris sans tomber sur l’autre. À l’image, des plans documentaires de quelques secondes de la ville défilent. En déclarant son amour à la ville, la cinéaste retrace ici le parcours et le souvenir amoureux, celui qui reste dans les mémoires des lieux, celui connu de toutes et tous. 

Qu’importe la distance de Léo Fontaine 

Léo Fontaine filme au plus près dans une atmosphère parfois troublante de fin de nuit, le parcours d’une mère jusqu’au parloir d’une prison où elle se rend voir son fils. Dès la première scène, on comprend que c’est une première fois pour elle et qu’elle va vivre cette épopée à travers les transports en commun où le danger semble partout, quasi anxiogène. Le cinéaste fait de son personnage une héroïne du quotidien dont il saisit la beauté dans chaque photographie, avec une simplicité étonnante, jusqu’aux retrouvailles salvatrices. 

Palmarès complet :

Grand prix international : Une orange de Jaffa de Mohammed Almughanni (Pologne, France, Palestine)

Grand prix national : J’ai vu le visage du diable de Julia Kowalski (France)

Grand prix labo : AlieN0089 de Valeria Hofmann (Chili, Argentine).

Prix spécial du jury international : Virundhu (Le festin) de Rishi Chandna (Inde)

Prix spécial du jury national : Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues de Wissam Charaf (France, Liban)

Prix spécial du jury labo : Nafura de Paul Heintz (France)

Mention spéciale du jury international : Entre las sombras arden mundos de Ismael Garcia Ramirez (Colombie)

Mention spéciale du jury national : La Voix des autres deFatima Kaci (France)

Mention spéciale du jury labo : Borj El Mechkouk de Driss Aroussi (France, Maroc)

Prix du public international : Coal (Charbon) de Saman Lotfian (Iran)

Prix du public national : Les Mystérieuses aventures de Claude Conseil de Marie-Lola Terver et Paul Jousselin (France)

Prix du public labo : Wild Summon de Karni & Saul (Royaume-Uni)

Prix d’interprétation : Amira Chebli dans La Voix des autres de Fatima Kaci (France). Ruzica Hajdari dans Kafana Na Balkanu de Boris Gavrilovic (Allemagne)

Prix du meilleur film européen : 2720 de Basil da Cunha (Portugal, Suisse)

Prix de la meilleure musique originale : Committee (Rozi et Mari Mako) pour le film 27 de Flóra Anna Buda (France, Hongrie)

Prix étudiant international : The Medallion de Ruth Hunduma (Royaume-Uni, Ethiopie)

Prix étudiant national : There is no friend’s house (Où est mon amie ?) de Abbas Taheri (France, Iran)

Prix étudiant labo : Los rayos de una tormenta de Julio Hernandez Cordon (Mexique)

Mention spéciale du jury étudiant international : The miracle de Nienke Deutz (Belgique, Pays-Bas, France)

Mention spéciale du jury étudiant national : Ici en silence tout hurle d’Akaki Popkhadze (France)

Mention spéciale du jury étudiant labo : Hito de Stephen Niels Lopez (Philippines)

Prix Partenaires : 

Prix Canal + / Ciné + International : La Cascada de Pablo Delgado (Mexique)

Prix Canal + National : Queen size de Avril Besson (France)

Prix Procirep : Apnées de Nicolas Panay (France)

Prix du queer métrage : Entre las sombras arden mundos de Ismael Garcia Ramirez (Colombie)

Mention spéciale : Saigon Kiss de Hồng Anh Nguyễn (Vietnam)

Prix des effets spéciaux par Adobe : Wild Summon de Karni & Saul(Royaume-Uni)

Prix festivals connexion : Hito de Stephen Niels Lopez (Philippines)

Prix Evaveo du meilleur film VR : Empereur de Marion Burger et Ilan J. Cohen (France, Allemagne)

Prix SACD du meilleur film d’animation francophone : La Saison pourpre de Clémence Bouchereau (France)

Prix SACD de la meilleure première oeuvre de fiction : Avec l’humanité qui convient de Kacper Checinski (France)

Prix du meilleur film documentaire : Incident de Bill Morrison (États-Unis)

Prix du rire « Fernand Raynaud » : Les Mystérieuses aventures de Claude Conseil de Marie-Lola Terver et Paul Jousselin (France)

Prix de la presse Télérama : Montréal en deux de Angélique Daniels (France, Canada)

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