Chaque mercredi, FrenchMania vous propose une série, un film et/ou un documentaire français à découvrir sur petit écran, en ligne ou en VOD, depuis votre canapé, pour garder le moral et la santé ! Aujourd’hui, rapgame et portraits d’excentriques.
Validé, série de Franck Gastambide (en ce moment sur Canal+)
Tout commence sur le plateau de l’émission mythique Planète Rap sur Skyrock consacré au rappeur Mastar (Moussa Mansaly, dit Sam’s et repéré dans Patients, puissant) qui pèse lourd dans l’industrie de la musique la plus écoutée en France. Le jeune Clément aka Apash (Hatik, déja connu sur la scène rap et acteur au charme évident), petit dealer de weed de la cité doué d’un flow hors-du-commun va tenter le tout pour le tout en rappant-clashant son idole par téléphone et ça marche ! Il est invité à rejoindre le plateau et a improvisé un son qui va mettre tout le monde K.O. en commençant par DJ Sno (Gastambide himself en vieux sage), partenaire artistique de longue date de Mastar. Mais cette entrée fracassante dans le rapgame ne va pas aller de soi pour Clément. Pour cette première série, Gastambide crée un univers assez proche de la réalité du milieu du rap et de sa violence. Mêlant vision un peu caricaturale du “show-biz” et de sa composante rap, parcours initiatique classique d’un artiste émergent (buzz, contrat, clip, album, …) et le bouleversement de ce milieu par les réseaux sociaux, leur force et leurs dérives, il parvient à susciter l’intérêt et la curiosité sans jamais une baisse de rythme. Pour permettre à la série de brasser les genres (succes story, chantage, vengeance, etc.), il positionne son héros dans une zone d’inconfort à la lisière de plusieurs mondes : Clément/Apash va être confronté à une ascension et une notoriété fulgurantes mais aussi à la jalousie des petits caïds du quartier et l’ascendant du baron de la drogue local Mounir qui le considère comme son “poulain-poule aux œufs d’or”. La série est ambitieuse, parfois drôle, souvent violente et parvient à prendre le pouls de l’époque avec un vrai talent qui la rend totalement addictive.
Monsieur Deligny, vagabond efficace (en VOD sur shellacfilms.com)
Fernand Deligny était un être hors-du-commun. D’abord instituteur auprès dans un institut médico-pédagogique puis dans un asile psychiatrique, il a consacré sa vie à l’accueil des enfants, des ados, des jeunes différents, autistes, “difficiles”, délinquants au sein de son association et lieu de vie “La grande cordée”. Documentariste chevronné mais également directeur de la photo pour de nombreux réalisateurs français (Claire Simon, Luc Moullet ou Danièle Dubroux) et producteur, Richard Copans raconte, via ce film et à l’aide de nombreuses archives, son destin si singulier. Le comédien Jean-Pierre Darroussin prête sa voix à Fernand Deligny et ouvre l’accès à un monde parallèle en matière d’éducation, de psychologie et de compréhension et d’appréhension de l’autre. Le film fait aussi le récit imbriqué de la passion de Deligny pour le cinéma : réalisateur de deux films Le Moindre Geste et Ce Gamin, là, il a toujours articulé ses différentes activités autour de sa passion pour le cinéma qu’il utilisera comme outil pédagogique. Proche de François Truffaut, Fernand Deligny l’aidera même, grâce à son expérience de terrain, à repenser le scénario des 400 coups ! Richard Copans a travaillé avec Deligny, cela explique sans doute pourquoi son travail si précis de montage, et le récit qu’il fait de sa vie est à la hauteur du destin étonnant de ce “vagabond efficace”, figure passionnante et héros de film idéal.
The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier (en VOD chez Epicentre Films)
En hommage à Genesis Breyer P. Orridge qui vient de disparaître, Epicentre Films propose de découvrir le très beau film de Marie Losier (le lien est accessible gratuitement sur la page Facebook d’Epicentre Films jusqu’au 31 mars) qui faisait le portrait de cette figure anglaise de la scène underground new-yorkaise et de son couple-fusion avec Lady Jaye (décédée en octobre 2007). Le film, sorti en octobre 2011, raconte leurs parcours, leur amour et, surtout, une phase de leur vie de couple qui les voit, changer d’apparence, devenir de plus en plus similaires, dans le but ultime de ne former qu’une seule et unique “persona”. Cette démarche artistique, amoureuse et politique s’inscrit dans la droite ligne du travail subversif musical de Genesis considéré comme une figure tutélaire de la musique industrielle, et transfigure la biologie et la perception même des genres. Marie Losier, dont on a vu depuis Cassandro The Exotico (en décembre 2018) et dont on attend pour très prochainement le nouveau film Felix in Wonderland consacré à Felix Kubin, musicien allemand qui multiplie les expériences dans le domaine de la musique électronique, posait avec ce premier long métrage, les bases si personnelles de son travail documentaire : des films inspirés, irréels, qui brassent allègrement vérités et fantasmes et qui sont avant tout des déclarations d’amour pudiques et sensibles d’une artiste à d’autres.
Bonus : La Fête du court … à la maison
L’événement qui devait avoir lieu dans 330 villes en France se recentre sur le home cinéma ! En vous inscrivant sur le site internet, vous aurez accès du 25 au 31 mars à une belle programmation de courts métrages récents et à de nombreux films destinés au jeune public. Inscriptions sur : lafeteducourt.com