Un duo électrisant
Par Véronique Le Bris
Entre les vagues, c’est l’histoire d’un duo féminin qu’une amitié puissante aide à entrer dans la vie.
Entre les vagues, c’est aussi l’histoire de la relation incroyable qui provoque une telle urgence à vivre qu’elle est bien plus forte que la vie…
Entre les vagues, c’est encore l’histoire d’une énergie, celle toute particulière d’une période charnière où tout se joue mais où tout est encore possible, dans l’existence de deux jeunes femmes, folles de théâtre et dotées d’un appétit monstre à croquer la vie, et encore plus lorsqu’elles sont ensemble.
Entre les vagues ne raconte que cela, mais tout cela, et qu’est-ce que ce film fait du bien !
Entre les vagues, c’est donc l’histoire d’Alma et de Margot, 27 ans chacune et du culot à revendre. Elles rêvent d’être comédiennes de théâtre et vont justement réussir à mettre en scène leur amitié indéfectible pour parvenir à leurs fins. Car, ensemble, elles font des étincelles !
Pour son premier long métrage conventionnel, révélé à la Quinzaine des réalisateurs 2021, elle qui a d’abord signé le projet crossmedia Heis et une série documentaire, la toulousaine Anaïs Volpé a voulu se remémorer ses débuts de comédienne à Paris et l’énergie et la sororité qu’elle a partagées alors avec ses consœurs. Pour cela, elle a réussi à mettre en place un dispositif audacieux qui met en abîme théâtre et cinéma et mélange astucieusement la vie sur et en dehors des planches. Elle installe aussi un équilibre instable dans lequel elle fait évoluer ses deux protagonistes et qui ne tient que grâce à l’énergie, au mouvement qu’elle leur impulse. Filmé à l’instinct tout en étant rigoureusement écrit et pensé, Entre les vagues bénéficie aussi de l’insécurité dans lequel il a été tourné, c’est-à-dire entre deux confinements et sous le couvre-feu que la pandémie du Covid a imposé. Et puisqu’elle n’appartient à aucune école et qu’elle s’est formée sur le tas, Anaïs Volpé s’est offert toutes les libertés. Celle d’une caméra particulière, la Digital Bolex qui, bien que numérique, donne un rendu 16mm et d’un chef op américain, Sean Price Williams, qui a réussi à filmer Paris comme il aurait filmé New York. Celle d’un casting ouvert aux non professionnels comme aux profils inattendus. On croise dans ce film la chanteuse Angelique Kidjo ou l’ancienne interprète de Dalida, Sveva Alviti, ici metteuse en scène de théâtre. Et surtout le duo magnifique que forme Souheila Yacoub (Les Sauvages, H24 ou Le Sel des larmes) et l’impressionnante Deborah Lukumuena (Divines, Les Invisibles, Robuste) qui confirme, une fois encore et dans un registre différent, le talent débordant qu’elle parvient à imposer. Rien que pour elles deux et l’énergie que leur duo dégage, Entre les vagues mérite qu’on s’y consacre.
Réalisé et écrit par Anaïs Volpé, avec Souheila Yacoub, Deborah Lukumuena , Angelique Kidjo, Sveva Alviti, Matthieu Longatte… France – 1h39 – En salle le 16 mars 2022 – KMBO films.