Le festival tient à favoriser l’échange entre les cinéastes et les spectateurs
Du 6 au 12 novembre prochain, le cinéma francophone est fêté à Villefranche sur Saône. Entretien avec Catherine Antoine, déléguée des Rencontres du Cinéma Francophone en Beaujolais, pour en savoir plus sur l’événement, la sélection des films et les objectifs de cette manifestation cinématographique et culturelle.
Déjà la 22e édition des Rencontres du Cinéma Francophone en Beaujolais. Pouvez-vous nous parler de la programmation et des choix que vous avez faits ? Y a-t-il une thématique particulière cette année ? Un fil rouge ? Ou des pays francophones davantage mis à l’honneur ?
Pas de thématique particulière (hormis la francophonie bien sûr). Chaque année, c’est l’actualité cinématographique qui décide d’elle-même, si je puis dire, des thèmes abordés, ce qui donne un reflet du monde, ici et ailleurs. Ainsi, vont se côtoyer des premiers films et des films de réalisateurs internationalement reconnus, des fictions et des documentaires, des films sociaux et des films historiques. Cette année, les thèmes qui ressortent sont riches et variés : la famille, le travail, la place des femmes dans la société, l’immigration et les racines, le monde rural… Hasard de la programmation, les films de la sélection s’accordent à l’affiche puisque l’Afrique y sera particulièrement présente. Nous avons été impressionnés par deux premiers films tournés en Algérie (En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui et Les Bienheureux de Sofia Djama) ainsi que par un thriller politique franco-malien (Wulù de Daouda Coulibaly), sommes tombés sous le charme du jeune héros de Wallay, et avons été séduits par les personnages mystérieux de Corps étranger de la franco-tunisienne Raja Amari, sans oublier un des films les plus forts que j’ai vu cette année, Makala de Emmanuel Gras, entièrement tourné au Congo.
Avec l’association L’Autre Cinéma, comment avez-vous procédé pour la sélection des films ?
Nous sommes un groupe de 5 sélectionneurs qui visionnons tous les films qui nous sont soumis ou que nous avons repérés, soit dans le calendrier des sorties, soit dans les programmations des festivals (Fespaco, Cannes, Locarno, Venise). Nous nous réunissons ensuite pour en discuter puis retenons une liste de films qui est ensuite affinée à mesure que la programmation se construit. Comme ce sont des « Rencontres », nous tenons à ce que le plus de films possibles soient présentés par leurs réalisateurs ou un membre de l’équipe, donc la présence d’un invité est l’une des conditions que nous demandons pour sélectionner un film (notamment pour les films en compétition).
Pourriez-vous décrire les Rencontres en quelques mots (ambiance, enjeux) ?
Tout d’abord, il s’agit de proposer un panorama de films francophones en provenance de différents pays, avec des films dans l’actualité, en avant-première et même parfois quelques inédits. Ensuite, le festival tient à favoriser l’échange entre les cinéastes et les spectateurs. Chaque film avec un invité fait l’objet d’une présentation mais surtout d’une discussion après la projection qui se poursuit presque toujours ensuite de façon informelle autour de nos traditionnels buffets – nous sommes dans une région viticole ne l’oublions pas ! La convivialité est un des maitre-mot du festival qui doit être avant tout fait de moments de plaisir.
Quels sont vos objectifs cette année ?
L’année dernière, pour la première fois nous avons franchi le cap des 5 000 entrées donc un des objectifs est de tenir ce cap en proposant un programme attrayant aux spectateurs – ce qui semble bien parti vu les réactions très positives que nous avons eu suite à la présentation. Ensuite, nous souhaitons continuer à tisser des partenariats et des liens avec des entreprises, des médias, des institutions et d’autres associations cinéphiles. Si le lieu central des Rencontres reste le cinéma Les 400 Coups à Villefranche (co-producteur du festival), nous avons aussi trois rendez-vous Hors-les-murs : une rencontre « Cinéma et littérature » à la médiathèque de Villefranche – cette année avec Marion Vernoux – et deux séances-rencontres en présence des réalisateurs dans des cinémas voisins pour faire découvrir le cinéma d’auteur francophone au plus grand nombre. Nous n’oublions pas non plus les spectateurs de demain : un programme spécifique ainsi que des ateliers continuent à être proposés aux plus jeunes. Nous avons aussi un jury lycéen (plus de 200 élèves encore cette année) qui remettra son prix. Proposer et organiser un festival de cinéma est chaque année un nouveau défi dans le contexte d’une économie culturelle toujours fragile. Heureusement que la manifestation bénéficie d’une collaboration étroite entre notre association et sa salariée coordinatrice et un exploitant ouvert et cinéphile. Pour les prochaines éditions, nous avons d’autres projets en tête, ce ne sont pas les idées qui manquent ! Mais pour le moment l’objectif est de faire de ces 22ème Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais une réussite !
Propos recueillis par Ava Cahen