Coup de projecteur sur un cinéma dont la discrète devanture contraste avec le faste du quartier dans lequel il demeure depuis plus d’un demi-siècle.
S’aventurer sous terre pour voir les étoiles
Pour accéder à la mono salle du cinéma Étoile Saint Germain, il faut tenir la rampe d’un élégant escalier – plusieurs sources de lumières prenant une forme étoilée vous permettent de voir où vous mettez les pieds – et descendre jusqu’en sous-sol. Sur les murs, les portraits en noir et blanc d’étoiles du cinéma tels que Belmondo ou Louis Garrel parfont l’immersion. L’escalier nous mène, depuis un hall étroit, jusqu’à la salle de projection, un cocon de luxe constitué de 208 fauteuils, larges et hyper confortables. Une salle, qui a l’allure d’un vaisseau aux murs sombres piqués eux aussi d’étoiles luisantes, impeccablement isolée. Le silence précédant le film est d’or, on apprécie l’acoustique de cette salle, son son mat, comme dans un studio de musique. La projection (uniquement numérique, le 35mm a récemment été abandonné) est également d’une qualité monstre.
L’Étoile Saint Germain n’est pas le plus vieux des cinémas de quartier parisiens, pourtant son passé mouvementé est rythmé par les ambitions de divers propriétaires. Ancienne salle de cabaret transformée en cinématographe en 1969 sous le nom de Bilboquet, le lieu est rebaptisé Olympic Saint Germain sous l’égide du groupe Olympic appartenant à Frédéric Mitterrand à la fin des années 1970. Il s’impose en 1982 comme l’un des cinémas art et essai le plus prisé de France sous le patronyme Saint Germain des Prés, lors de son rachat par la société de distribution Henochsberg. Mais c’est seulement en 2007 qu’il intègre la filière Étoile Cinémas, fondée par le fils Henochsberg, aux côtés du Balzac ou du Racine Odéon.
Le public (hétéroclite) de l’Étoile Saint Germain raffole des films rares ou bien encore des longs-métrages français d’Alain Cavalier et Philippe Garrel – pour ne citer qu’eux. Deux cinéastes dont les noms font accourir les spectateurs en salle – pas étonnant lorsque l’on sait que ce cinéma fut le porte drapeau de la nouvelle vague à ses débuts. Une programmation courageuse – limitée à un film par semaine – qui s’aventure sur des terrains peu fréquentés. Récemment le film russe Tesnota, sensation au dernier Festival de Cannes, projeté dans moins de cinq cinémas à Paris, fut défendu pendant plusieurs semaines par l’Étoile Saint Germain.
Le truc en + : un étonnant salon de réception ouvert aux événements spéciaux.
A noter : le cinéma va faire peau neuve et s’agrandir de quelques mètres carrés l’été prochain tout en s’affiliant à un restaurant en cours de construction sur sa gauche, rue Guillaume Apollinaire.
Crédit photo : Ségolène Alunni.