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Festival de Cannes 2025 – Partir un jour de Amélie Bonnin

par | 26 Avr 2025 | CINEMA, z- 1er carré gauche

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C’est inédit et ce n’est pas pour nous déplaire ! Un premier film français musical fait l’ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes ce mardi 13 mai 2025 (et sortira en salles partout en France au même moment). Il s’agit de Partir un jour d’Amélie Bonnin, ou la version longue et réarrangée de son court-métrage en-chanté, récompensé du César du meilleur court-métrage en 2023. La réalisatrice y poursuit son exploration du syndrome de transfuge de classe, des rapports familiaux, de la maternité et des sentiments retrouvés, mais contrairement au court-métrage, les rôles sont ici inversés. Ce n’est plus l’écrivain parisien – qu’incarnait Bastien Bouillon – qui fait son retour dans sa ville natale et retrouve son amour de jeunesse, mais Cécile Béguin, interprétée par Juliette Armanet, dont on suit la route. Gagnante de Top Chef, en passe d’ouvrir son premier restaurant gastronomique avec son compagnon à Paris, elle pensait être partie « un jour sans retour » (chanson des 2Be3 qui donne son titre au film). Pourtant, inquiète pour la santé de son père, Cécile revient là où tout a commencé, à l’Escale, le relais routier que tiennent ses parents. Elle retrouve aussi, une fois sur place, celui qu’elle a aimé quand elle était adolescente, Raphaël, aujourd’hui mécanicien. Très influencé par les Chansons d’amour de Christophe Honoré et On connait la chanson d’Alain Resnais, Partir un jour se démarque par le traitement joyeux de son sujet, ambiance karaoké colorée, et par le point de vue féminin adopté. Rares sont les premiers films dont la thématique n’est pas la jeunesse et ses préoccupations émancipatrices. Ici, ce sont les interrogations et sentiments d’une femme de 40 ans qui sont partagés et  projetés. Et si le film aurait pu être plus punk et audacieux, on se laisse volontiers emporter par son répertoire musical intergénérationnel où Dalida côtoie K-Maro et Stromae, Nougaro. Ces séquences permettent d’accéder à l’intériorité de chaque personnage et offrent des instants de cinéma inventifs, comme cette scène de patinoire entre les deux anciens amoureux, mais aussi déchirants, lorsque le père (merveilleusement incarné par François Rollin) entonne « Je voudrais mourir sur scène » en épluchant des patates dans sa cuisine, dernier bastion de ce vieux briscard, ou réjouissants, quand mère (Dominique Blanc, toujours impériale) et fille partagent en duo « Paroles, paroles » dans un camping-car garé dans un jardin. Car plus que l’histoire romantique, le cœur du film se situe dans les liens qui relient Cécile à ses parents, ce qui les éloigne ou les rapproche, les regards portés les uns sur les autres, et bien entendu, la transmission plus forte que les non-dits, comme acte d’amour filial ultime. 

Écrit par Amélie Bonnin et Dimitri Lucas. Réalisé par Amélie Bonnin. Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Dominique Blanc… 1h38 – Pathé Films – En salles le mardi 13 mai 2025. 

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