Du 12 au 17 octobre, FrenchMania pose ses valises au FIFIB, le Festival du Film Indépendant de Bordeaux. Pour cette 11ème édition, nous vous proposons chaque jour une rencontre avec l’un ou l’une des invités du festival afin d’évoquer le cinéma indépendant et son avenir. Aujourd’hui : la comédienne et réalisatrice Aude Pépin (A la vie), membre du jury.
Quel est votre regard sur l’avenir du cinéma indépendant ?
Aude Pépin : Ce que j’ai adoré avec A la vie, c’est l’accompagnement et je pense que l’avenir d’un certain cinéma indépendant et notamment documentaire passe par là. On retrouve ce que c’est que de vivre des choses en salles ensemble et le cinéma retrouve toute sa place. Après, la complexité, c’est que, pour nous réalisateurs, il est difficile de vivre malgré cet investissement de chaque instant. J’ai fait 60 dates pour la tournée du film et je n’ai pas été payée pour ça. A aucun moment. En tout, j’ai gagné 18.000 euros en 5 ans pour écrire mon film et je ne viens pas de la bourgeoisie. Je me suis battue pour faire mon film, ce n’est pas forcément possible d’avoir l’énergie énorme que cela nécessite. Le documentaire étant souvent une forme d’engagement, on imagine que tu fais cela par militantisme, ce qui est vrai mais il faut que cela soit rémunérateur, ce que le SRF essaie de développer pour qu’on ait des cachets même minimes. La démarche première pour mon film A la vie, c’était d’imaginer la salle, l’écran et de se dire qu’on allait voir ces femmes en grand ! Les regarder pendant 1h30. Grâce à l’image en grand, grâce au son, il n’y a pas de distraction, on est pleinement concentré sur le film. Voir ces émotions en grand, en XXL, j’y pensais toujours en travaillant sur mes valeurs de plan, je pensais toujours à la salle et à la façon dont on allait vibrer avec elles et recevoir cette histoire. Je l’ai pensé pour la salle. Au son, on a créé une vibration qui est présente et qu’on entend pas vraiment mais qui n’est perceptible qu’en salle. Quand j’ai fait cette tournée, je me suis rendue compte que l’échange, la rencontre rend les gens heureux, cela redevient un vrai spectacle.