Splendeur et décadence
Ce film, on aurait pu le rêver. Un rêve en noir et blanc où tout ce qui traine aux quatre coins de notre subconscient s’incarnerait. Ce genre de rêve qui, au réveil, s’accroche encore par flashs à tout son corps mais le laisse flou, frissonnant, étourdi. Décor, situation. Une île, des jeunes hommes, leurs vices, leur brutalité. Orange mécanique featuring Cocteau pour le dire vite. A priori, c’est un cauchemar, surtout pour les victimes de ces garçons sauvages, des femmes principalement. Les crimes de cette bande adolescente cessent le jour où un mystérieux capitaine la coffre et l’embarque à bord de son navire. Sa mission : redresser les mauvais garçons. Mais alors, tout dérape. Ce premier long métrage de Bertrand Mandico n’est pas qu’une hallucination grande et belle où le masculin paie pour la domination qu’il exerce sur les autres genres. Mandico déplace le curseur du côté de l’allégorie, et à travers cette bande de mecs dégénérés qui font le monde autour de leur queue, raconte des métamorphoses, épiques et crues comme chez Ovide, et la fin du règne des empereurs – ces ados phallocrates et criminels. Du chaos à la renaissance, le film nous emporte dans son tourbillon. Il ne s’agit plus d’opposer le masculin au féminin, il s’agit de les confondre, jusqu’à ce que le corps cesse d’être un outil au service de la division, jusqu’à la prise de conscience dans cette jungle luxuriante qui reprend des couleurs. Le voyage fait des vagues. Il prend aux tripes. Et sa musique envoûtante ne vous quitte plus. Les Garçons sauvages est un choc. Esthétique et épidermique à la fois. Un shoot de cinéma, pur. Encore, encore.
Réalisé par Bertrand Mandico. Avec Vilmala Pons, Pauline Lorillard, Diane Rouxel, Anaël Snoek … Durée : 1h50. En salles le 28 février 2018. FRANCE