Les deux font la paire
C’est sans doute la plus belle histoire d’amitié qu’il nous sera donné de voir cet été sur les écrans. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Golo et Ritchie (j’en faisais partie encore récemment), sachez que ce sont deux stars des réseaux sociaux. Plus d’un million d’abonnés suivent régulièrement les aventures cocasses de ce duo fusionnel à la ville comme à l’écran. Deux jeunes adultes se mettant en scène pour se marrer, mais aussi contredire les clichés de violence et d’instabilité liés à Grigny, la ville où ils habitent. Une vision moins caricaturale et surtout moins instrumentalisée de ces fameux « quartiers chauds », revisités ici sous l’angle de l’humour et de la dérision pour dire au contraire l’entraide et la solidarité qui y règnent. Et dont nos deux héros sont une réjouissante incarnation. D’abord Golo, jeune homme aux formes généreuses, roublard à sa manière et atteint d’un trouble autistique qui l’a longtemps reclus sur lui-même. À ses côtés, Ritchie. Un fan de vidéos, passé par la case prison, encore aujourd’hui traumatisé par la détresse de sa mère quand elle venait le visiter et qui a choisi sa rédemption : celle de la bienveillance envers autrui. En particulier envers son pote, l’homme de sa vie : Golo. Toujours prêt à le soutenir. Riant de ses aphorismes (« Il est où le tibia ? » demande Ritchie. « Ben chez lui », répond imperturbable Golo), mais sans jamais se moquer. Entre les deux, ce fut un véritable coup de foudre. Cette fois, ils quittent leur territoire pour aller sillonner la France à vélo. Une fiction documentaire donc, réalisée sans moyens, mais avec le talent de deux cinéastes qui savent exactement comment regarder leurs deux héros et retranscrire à l’écran le torrent de tendresse narquoise qui les unit. Golo rechigne parfois, refusant dans une scène hilarante que seule peut écrire la réalité, la carotte que son copain lui a acheté à la superette pour lui redonner des forces. Certes, le film prête sans cesse à rire et saluons le refus des auteurs à surenchérir celui-ci. Question de distance et de découpage. S’esclaffer fait souvent partie du plaisir que l’on éprouve. Mais sur la durée, nous sommes avant tout saisis par l’émotion. Toujours frontale. Sincère. Sans manipulation. Sauf peut-être (mais c’est assumé) lorsqu’explose à l’écran le kitsch « Je t’aime » de Lara Fabian. Instant bouleversant. L’amour (oui, osons le mot) qui unit Golo et Ritchie nous percute. Et nous emporte dans un flot d’humanité qui rassérène.
Par Martin Fougerol et Ahmed Hamidi avec Golo et Ritchie. Apollo Films. En salles le 14 août.1h14.