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Guillaume de Tonquédec (Arrête avec…) : “Je suis l’incarnation de la revanche du timide”

par | 25 Fév 2023 | CINEMA, Interview, z - 1er carre droite

Télévision, théâtre, cinéma… Depuis sa révélation au grand public grâce à la série de France 2, Fais pas ci, fais pas ça, Guillaume de Tonquédec enchaîne les rôles. Dans Arrête avec tes mensonges d’Olivier Peyon, sorti en salles mercredi dernier, il incarne un écrivain alter ego de Philippe Besson, qui part à la rencontre de son passé lors d’un petit périple promotionnel sur les terres de son adolescence. Entre deux dates de sa tournée théâtrale, nous l’avons rencontré pour évoquer sa carrière en général et ce beau rôle en particulier.

Aviez-vous lu le livre de Philippe Besson dont ce film est l’adaptation ? 

Guillaume de Tonquédec : Non c’est un copain qui m’a raconté l’histoire, ce morceau de vie, et j’ai adoré en me disant combien j’aimerais un jour jouer un personnage comme celui-là dans une histoire comme celle-là ! Quelques jours plus tard, Olivier Peyon m’appelle pour me proposer de lire le scénario. Je me suis dit que les étoiles étaient alignées. J’ai donc lu le scénario avant le livre, parce que c’est le socle du film pour tout le monde et je l’ai adoré. J’ai rencontré Olivier dès le lendemain et la rencontre m’a plus que convaincu. Nous avons parlé plus de deux heures dans un café. Je crois au destin, je pense que les rôles sont faits pour ceux qui les jouent ! Je suis souvent passé en deuxième ou troisième mais ça ne me dérange pas. J’ai compris tout de suite que c’était bon si je disais oui. Je n’ai pas voulu jouer la star et le faire attendre donc je lui ai dit tout de suite que pour moi, c’était bon. Il a éclaté en sanglots, j’étais presque gêné mais il m’a expliqué que mon “oui” mettait fin à quatre ans de galère pour monter ce film. Tout a été intense depuis ce premier rendez-vous. J’ai lu le livre juste avant de tourner pour compléter mes intuitions. L’adaptation est très différente du livre et, en même temps, très fidèle. Besson avait dit à Olivier que les plus grandes trahisons faisaient les meilleures adaptations. C’est out à son honneur. Olivier l’a beaucoup intégré au processus.

Et vous avez également rencontré Philippe Besson avant le tournage ? 

Oui même si Olivier avait peur que je cède au mimétisme. Il n’était pas question de ça. Mais c’est rare de pouvoir rencontré l’auteur d’une histoire à qui elle est vraiment arrivée. C’était une chance folle ! Il m’a donné rendez-vous au Café Beaubourg qui est un lieu très important pour ceux qui connaissent le roman. Symboliquement c’était très touchant. J’avais noirci une feuille de questions et on s’est parlé pendant une heure d’homme à homme. Cela a été passionnant et très intense. je me suis imprégné de lui et j’ai proposé cette interprétation du personnage sans que cela ne soit une copie, même si on s’est amusé dans la recherche de la coupe de cheveux et des lunettes. Olivier m’a dit qu’il pensait m’avoir offert avec ce personnage, le rôle peut-être le plus proche de moi parmi tout ceux que  j’ai joués. C’est vrai. J’étais obligé d’être juste. Et ce que j’aime c’est qu’aucune des scènes n’est anodine, il faut voir le film deux fois pour vraiment le savourer !

Vous vous êtes fait connaître avec un personnage de père un peu stéréotypé dans Fais pas ci, fais pas ça mais, mais finalement doux et, par la suite, tout vos personnages ont été emprunts de cette douceur, d’une masculinité moderne parce qu’elle intègre le doute…

Ce qui me touche dans tous ces personnages, c’est leur humanité que ce soit dans la comédie ou le drame. Ce sont des personnages touchants qui ne sont jamais des caricatures parce ça ne m’intéresse pas. Il faut assumer les défauts de ce personnage sans les juger, c’est ça qui les rend humains. Par exemple, Depardieu en ringard dans Quand j’étais chanteur est bouleversant parce qu’il est vraiment le personnage et ne le juge pas. Le spectateur a un instinct absolu de cela. Je suis un ancien timide maladif et j’avais envie qu’on me trouve drôle, touchant, qu’on m’aime en fait ! Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi ce métier, je suis l’incarnation de la revanche du timide. Une fois passé l’ego, ce qui m’intéresse c’est le partage. Fais pas ci, fais pas ça a bouleversé ma vie en me rendant populaire, c’est le plus cadeau qu’on m’ait fait. Cela a changé ma vie de comédien et ma vie tout court. Je serai toujours reconnaissant au personnage de Renaud Lepic, à Pascal Chaumeil, le premier réalisateur de la série qui a choisi le casting et à Anne Giafferi qui lui a donné vie dans les deux premières saisons.

Et puis il y a eu la pièce et le film Le Prénom, encore un grand succès…

La popularité que m’a apportée la série m’a permis de faire le film tiré de la pièce. Cela a aidé le producteur à me garder dans la casting. La pièce était géniale et le film a été un carton et, c’est un vrai conte de fées car Valérie Benguigui et moi avons eu des César alors que les comédies sont rarement nommées. C’est une histoire merveilleuse à part la disparition de Valérie. C’était une femme et une actrice exceptionnelle. Elle me manque et elle manque au cinéma et au théâtre. Elle avait ce rythme de la comédie qu’on a ou qu’on a pas. On se connaissait depuis la classe libre du cours Florent et elle me laisse un souvenir extraordinaire.

Côté partenaires, dans Arrête avec tes mensonges, vous formez une espèce de trio avec Victor Belmondo et Guilaine Londez, pouvez-vous nous parler de votre travail avec eux ? 

Guilaine est également une femme exceptionnelle, elle a une humanité et une sensibilité hors du commun. Elle m’a bouleversé. Elle fait de ce second rôle un vrai premier rôle féminin. Il y a une scène pas prévue pendant laquelle je descends de la chambre pour manger quelque chose à la cuisine et elle est en train de boire un verre. Là, il se passe quelque chose d’important et ça a été un vrai rendez-vous pour les comédiens que nous sommes. On a fait une lecture du scénario tous les trois, avec Victor, je me suis tout de suite dit qu’il avait une classe et une humilité incroyables et, ce qui est un compliment pour moi, il est très bien élevé ! Ce film lui permet, à mon sens, de se faire un prénom parce qu’il est formidable. Nous avions tous envie de porter ce film au plus haut.

 

 

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