Maxi Best Of
C’est avec une compilation de ses plus grands tubes (Benny’s video, Caché, La Pianiste, Amour) que Michael Haneke revient à Cannes. On attendait Happy End comme les enfants le père Noël; la déception n’en a été que plus fatale. Découpé en plusieurs vignettes, Happy End zoome sur les membres d’une famille qui n’ont de commun qu’un patrimoine génétique encombrant. Un frère, Thomas (Mathieu Kassovitz) et une soeur, Anne (Isabelle Huppert), qui se méprisent cordialement, un père, Georges (Jean-Louis Trintignant), qui préférerait crever plutôt que de passer plus de temps en leur compagnie, et autour de cette famille qui s’asphyxie, le monde (les migrants, la pauvreté, la famine, l’injustice). Il est à leur porte, il s’écroule, mais chacun préfère fermer les yeux et rester sourd, sauf Pierre et Eve Laurent, les petits enfants de Georges qui multiplient les appels au secours. Mais chez Haneke, c’est comme dans l’espace, personne ne vous entend crier.
Si les saillies comiques sont féroces, si la mise en scène est toujours aussi nette et intransigeante, c’est du côté du scénario et du montage qu’on accuse le coup. Difficile de raccrocher les wagons. Difficile d’y trouver sa place. Fractures et dysfonctionnements sont au rendez-vous. Se laisser déstabiliser par Haneke est un jeu amusant auquel nous aimons pourtant jouer, mais ici, les limites s’éprouvent pour de bon. Inconfortable, le film l’est du début à la fin. Il est redoutable, mais il est aussi incertain. Happy End, c’est l’impossible mélange de l’huile et de l’eau, des bourgeois et des prolo, l’impossible réconciliation des visions et des (non) valeurs. Au royaume des aveugles, le borgne est roi. Happy End illustre la maxime littéralement. Et au bout du tunnel, la mort évidemment puisque l’amour n’existe plus. Décourageant.
Réalisé par Michael Haneke. Avec Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz, Jean-Louis Trintignant … Durée : 1h50. En salles le 18 octobre 2017.