Sélectionner une page

Imago de Déni Oumar Pitsaev

par | 20 Oct 2025 | CINEMA, z- 1er carré gauche

S’enraciner

Parmi les (trop) rares documentaires de la dernière édition du Festival de Cannes, la Semaine de la Critique a déniché une œuvre belle et singulière, Imago, récompensé par le prix French Touch du Jury de la Semaine de la Critique et l’Œil d’or. Le premier long métrage de Déni Oumar Pitsaev a également eu la primeur d’être le tout premier film tchétchène présenté à Cannes. Imago prend la forme d’une auto-fiction. Le réalisateur, exilé depuis l’enfance, retrouve ici sa terre natale et ses racines. Devenu propriétaire d’un lopin de terre en Géorgie, à la frontière avec la Tchétchénie, plus précisément dans la vallée de Pankissi, Déni Oumar Pitsaev s’y rend dans le but d’y construire une maison plutôt…originale. Une sorte de cabane vitrée sur pilotis, comme celle dont il rêvait enfant. Ce drôle de petit habitat ne semble pas apte à recevoir la future famille que son entourage lui réclame alors. C’est pourtant la raison pour laquelle sa mère lui a acheté ce terrain, afin qu’il s’installe dans sa communauté, pour perpétrer la descendance. Dès lors, le cinéaste passe un pacte secret avec les spectateurs qui ont deviné qu’il n’est aucunement question pour lui de se marier. Sur ce territoire, où de nombreux tchétchènes se sont installés d’abord au XIXe siècle, puis, suite au conflit et à l’occupation par l’armée russe, dans les années 1990, la parole circule et le réalisateur la reçoit, naviguant entre le passé et le futur, les traumatismes et les rêves des uns et des autres. Pourtant, à chaque plan c’est bien dans l’authenticité du présent que le film s’écrit quand il se transforme en retrouvailles familiales et quête identitaire. L’un après l’autre, sa mère, exilée en Belgique, et son père, en Russie, viennent lui rendre visite. Le cinéaste n’avait pas vu ce dernier depuis plusieurs années et leurs retrouvailles prennent tout leur sens lors d’une scène épatante qui se passe dans la forêt, à l’ombre des arbres. Une confrontation/réconciliation sublime qui clôt le film par un geste de cinéma bouleversant.

Écrit par Déni Oumar Pitsaev et Mathilde Trichet. Réalisé par Déni Oumar Pitsaev. 1h48 – New Story – En salles le 22 octobre 2025. 

Pin It on Pinterest

Share This