Le jeune comédien révélé par la série Plus Belle la vie est cette année partie prenante du Festival Chéries Chéris comme membre du jury dédié à la compétition de courts métrages. L’occasion de faire le point avec lui sur la représentation trans dans la fiction, sur sa carrière et ses envies.
Vous êtes dans la série Plus Belle la vie depuis mars dernier et ce fut un événement historique puisque c’est la première fois en France qu’une série populaire intègre un personnage trans et qu’il est incarné par un acteur trans, qu’est-ce qui a changé dans votre vie ?
On ne me reconnaît pas trop dans la rue, je crois que je passe un peu inaperçu parce que je suis très discret ! Personnellement, sur le plan privé, c’est la satisfaction d’apporter sa pierre à l’édifice, et l’édifice est immense et il y a encore beaucoup de pierres à apporter ! La visibilité, la représentativité c’est plus qu’essentiel, c’est crucial. J’ai pu participé à la création et à l’écriture en tant que « personne concernée » et cette volonté de véracité m’a agréablement surpris. J’ai raconté mon histoire et je leur ai conseillé également de rencontrer d’autres personnes trans car chaque parcours est différent. Et je donne mon point de vue sur les dialogues en expliquant ce qui se dit ou non. Il y a beaucoup d’écoute, de bienveillance chez les équipes de France 3 et ça fait du bien !
Avez-vous l’impression que les choses sont véritablement en train de changer sur la représentation de la transidentité dans la fiction ?
C’est le début d’un processus, et changer c’est un mot fort. Il y a en tout cas des pas en avant, il faut continuer à essayer d’avancer même à contre-vent, expression que j’employais souvent pendant ma transition. Moi, c’est une série qui m’a aidé à faire mon coming out, c’était The L Word ! Et j’ai toujours été très fan des Wachowski, leur cinéma m’avait touché en plein cœur avec Matrix mais elles ont abordé le sujet dans Sense 8 avec des thématiques qui me touchent ! J’ai commencé ma transition en 2010 et les sœurs Wachowski ont fait leur coming out vers 2012, j’avais tellement envie de leur dire, allez on se parle, je suis comme vous ! J’ai découvert Sense 8 assez tard parce que je préfère les films aux séries mais cela m’a bluffé ! Mais il n’y a pas encore beaucoup d’œuvres grand public et accessible pour tous. Netflix, précurseur dans sa manière de faire consommer la fiction, permet aussi de la démocratiser et de la rendre accessible, notamment sur ces sujets-là et ça, c’est une vraie révolution.
Vous êtes désormais comédien, quelles envies professionnelles vous animent ?
Je travaille pour me sentir comédien mais en gardant toujours à l’esprit la défense des minorités, et la question du racisme encore très présente dans notre pays. Le cinéma, ça me plaît, me parle, me transcende, me transporte, et j’ai bien sûr des envies. Ce que j’aime par dessus tout c’est le cinéma fantastique et j’aimerais un jour en faire, en tant qu’acteur mais aussi en apportant mon regard en réalisant. J’aimerais apporter mon regard sur les choses. Jumanji, c’est le film qui m’a donné envie d’être acteur, Matrix, celui qui m’a donné l’envie d’être réalisateur.
Comment avez-vous réagi à la proposition d’être membre du jury courts métrages de la 24ème édition du festival Chéries Chéris ?
Très honnêtement je suis toujours surpris par ce genre d’invitation, je leur ai demandé s’ils étaient bien sûrs d’eux ! Mais je le fais avec plein de reconnaissance, j’ai bien conscience de ma chance, et c’est une belle occasion de découvrir des œuvres que je n’aurais eut-être jamais été voir spontanément. J’ai d’ailleurs eu la chance de découvrir un long métrage documentaire dans un festival cet été, c’est Cassandro the exotico de Marie Losier (également programmé à Chéries-Chéris et bientôt en salles, NDLR). Honnêtement, un documentaire sur le catch ? Je ne serais en temps normal jamais allé voir ça. En 10 minutes, Marie Losier m’a convaincu et je pense que n’importe qui a envie de se voir à travers le regard de Marie ! Cela m’a beaucoup ému !