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Just Kids de Christophe Blanc

par | 1 Août 2020 | CINEMA, z - 2eme carre droite

Itinéraire d’enfants peu gâtés

Dix ans après Blanc comme neige, thriller qui réunissait François Cluzet, Olivier Gourmet et Jonathan Zaccaï, Christophe Blanc revient sur les écrans avec un drame naturaliste, en partie inspiré de sa vie et conçu comme un récit d’apprentissage. Au centre de l’histoire, deux frères, une sœur : Jack, 19 ans, Lisa, 17 ans, et Mathis, 10 ans, orphelins depuis peu. Rapidement, l’enjeu principal se dévoile, découlant naturellement des événements qui brusquent les jeunes années des personnages et leur font perdre de vue ce précieux sentiment de légèreté qui les anime. La mort, son odeur, le deuil, le chagrin, les responsabilités (familiales, morales, légales), autant d’obstacles à la fureur de vivre de Jack qui est désormais le tuteur de son jeune frère. Écrasant devoir. Fuite en avant. Évidemment, le cadre offert à Mathis est branlant. Jack glisse avec son frère vers des zones de plus en plus grises, de la France à l’Espagne (épopée à la fois joyeuse et douloureuse). Just Kids n’étonne peut-être pas par son scénario dont on devine les coutures, mais la composition des personnages, l’interprétation des acteurs et la sobriété de la mise en scène sont les atouts maîtres du film. Christophe Blanc évite chacun des écueils dans lequel ce type de fiction réaliste aurait pu tomber, par la justesse et la sensibilité du regard qu’il porte sur ses personnages, épais, complexes, touchants. Découvert dans Quand on a 17 ans d’André Téchiné, Kacey Mottet Klein continue sur sa brillante lancée (Comme des rois, L’Adieu à la nuit), parfait dans la peau de Jack, jeune homme à la tête dure et au cœur tendre. Mais la révélation du film, c’est Andrea Maggiulli, Mathis, gamin – pas né de la dernière pluie – qui lutte contre l’angoisse et le chagrin. A la noirceur qu’imprime le passé sur les personnages, surtout celui de Jack, plein de doutes, sans modèle, tout en essayant d’en être un pour Mathis, le réalisateur répond par la lumière qui court sur le corps des protagonistes et fait ainsi briller les promesses de leur avenir malgré les ombres planantes du déterminisme. Un émouvant teen-movie à la photographie élégante – signée Noé Bach (Les enfants d’Isadora).

Réalisé par Christophe Blanc. Avec Kacey Mottet Klein, Andrea Maggiulli, Anamaria Vartolomei … Durée : 1H43. En salles le 5 août. FRANCE – SUISSE. 

Copyright Blue Monday Productions

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