Des étoiles dans la nuit
Présenté dans la sélection Séances spéciales du Festival de Cannes, La Belle de Gaza de Yolande Zauberman vient conclure une magnifique « trilogie de la nuit » initiée en 2011 avec Would You Have Sex With an Arab ? puis M en 2018. Cinq ans après, la documentariste se glisse de nouveau dans les profondeurs des nuits israéliennes. Sur le tournage de M, elle filmait des femmes trans qui couraient de dos ; en rentrant en France, son compagnon lui apprend « que l’une d’entre elles était venue à pied de Gaza à Tel-Aviv ». Légende ou réalité ? Peu importe puisque le mythe se crée, et le film nait de la recherche de cette mystérieuse Palestinienne venue transitionner en Israël. Comme toute quête, le chemin prédomine sur le graal et dans ses rues de Tel-Aviv, Zauberman rencontre une galerie de personnes qui ont voulu devenir elles-mêmes : c’est-à-dire des femmes. De ces vies singulières s’extrait leur récit, entre drames et joies, répondant aux questions franches de la cinéaste. Si la majorité de ces Palestiniennes se prostitue pour survivre, on découvre aussi la sublime Taleen Abu Hanna, Miss trans Israël 2016, devenue une star. Si la caméra par le regard de Zauberman les caresse, elles brillent toutes comme des étoiles dans la nuit, des étincelles insaisissables, des guerrières mythologiques abolissant tous les antagonismes. En désirant trouver la belle de Gaza, Zauberman a capté toutes les belles de Gaza, devenues métaphores intrinsèques du conflit israélo-palestinien actuel alors même que le film a été tourné avant le 7 octobre dernier. Un voyage quasi magique !
Réalisé par Yolande Zauberman. Durée : 1h16 – Pyramide Distribution – En salles le 29 mai 2024.