L’Amour et la violence
Dans La Nuit venue, on suit Jin qui est chauffeur de VTC depuis près de 5 ans, date de son arrivée à Paris depuis sa Chine natale. Ce jeune passionné de musique électronique, ancien DJ à Pékin, est tout près d’avoir payé sa dette à la mafia chinoise locale en heures de travail nocturne au volant de sa grosse berline noire. C’est quand il rencontre Naomi, danseuse dans un cabaret interlope de Saint-Germain-des-Prés, qu’il va commencer à enfreindre les règles et compromettre son rêve de liberté. Avec cette plongée dans les méandres de la mafia chinoise à Paris, Frédéric Farucci signe un film direct et inspiré qui porte un regard nouveau et original sur la capitale la plus filmée du monde. En jouant avec les codes du film noir, entre Paris et Aubervilliers, le réalisateur, qui signe là son premier long métrage, parvient à évoquer une communauté et ses dérives mafieuses, avec, en toile de fond, quelques plans saisissants sur les migrants aux portes de Paris dans cet entre-deux, ce no man’s land qu’on ne regarde plus. Son exploration de ce monde souterrain et de cette communauté invisibilisée (au quotidien comme au cinéma) est merveilleusement servie par le couple inédit et convaincant que forment Camélia Jordana qui n’a jamais été aussi sensuelle et moderne et Guang Huo, la révélation du film. Si la violence est toujours présente au dehors, la berline noire fait l’effet d’une bulle hors du temps et du monde, une “safe place” dans laquelle les deux amants vont apprendre à se connaître au travers de leurs échanges sur la musique, leur passion commune. Film noir et nocturne, La Nuit venue absorbe par ses atmosphères travaillées, son esthétique précise, et les sensations contradictoires qu’il donne à éprouver : l’amour et la violence.
La Nuit venue, réalisé par Frédéric Farrucci, avec Camélia Jordana et Guang Huo – 1h35 – En salles le 15 juillet (Jour2Fête)