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L’Arlequin, le roi des Écrans

par | 17 Fév 2018 | Reportage

L’Arlequin, c’est le cinéma amiral du circuit Les Écrans de Paris. Programmation pointue et ciné-club à gogo, il accueille depuis les années 1930 son public rue de Rennes, au sein d’un écrin à la fois vintage et majestueux.

Ce cinéma interpelle par sa curieuse configuration – de longs couloirs qui jouxtent les salles, de vastes escaliers, des enchevêtrements et des renfoncements muraux, plusieurs mètres carrés non exploités. C’est en creusant un peu dans son histoire que l’on comprend davantage la physionomie du lieu. D’abord destiné à devenir une centrale électrique, le bâtiment est construit dans les années 1930 en sous-sol. Il se transforme finalement en cinéma mono salle, le Lux Rennes, et abrite un bar et une brasserie. Racheté en 1962 par Jacques Tati qui impose sa pâte en programmant ses propres films, le Lux Rennes devient L’Arlequin (nom choisi par le cinéaste en référence à son univers burlesque), et son bar, une boite de nuit, avant de se changer à nouveau – dans les années 1970 – en une vitrine du cinéma russe. En 1993, deux autres salles sont créées, l’ancienne boite de nuit est convertie en une élégante cafétéria, et l’Arlequin retrouve son titre tatiesque (bye bye Le Cosmos, nom de baptême dans les seventies).

Rue de Rennes, le Roi des Écrans

La déco, chargée mais pas oppressante, renforce l’authenticité de ce cinéma et son charme un peu désuet. La devanture extérieure, sombre et discrète contraste avec le hall d’entrée, tapissé de miroirs, habillé jusqu’au plafond (doré) – ce qui évoque d’emblée le style 1930. Pour accéder aux salles, on doit donc s’aventurer en sous-sol. Même si l’ensemble du lieu mériterait un petit coup de rafraîchissement, son confort est indéniable. La salle 1 par exemple, très classique, murs noirs et fauteuils rouges, possède une qualité de projection remarquable. Paradoxalement, les deux autres petites salles, plus récentes, épousent une ambiance plus rétro – velours rouge et orange très seventies qui recouvre murs et sièges. Les projecteurs 70mm ont cédé leur place au numérique haute définition. Moderne et old school à la fois, voilà l’impression que laisse l’Arlequin.

En salle, des retraités, fidèles habitués – amateurs de films d’art et essai-, et un public plus jeune aussi, conquis notamment grâce à la mise en place de nouveaux événements ludiques tels que les ciné-club organisés chaque dimanche mais aussi les “Soirées très classes”. Des séances autour de la projection d’un film culte et « classe », précédées d’une soirée festive avec blind test et d’un cocktail à thème. Prochaine session en date : Sacrée Graal des Monty Python, le samedi 31 mars. Le rendez-vous est donné à 19h pour l’ouverture du bar et des animations, 22h seulement pour la projection, et n’hésitez pas à vous habiller dans le thème du film pour l’occasion. A vos cottes de maille !

Les petits + de l’Arlequin :

– On apprécie l’espace agréable et considérable de sa cafétéria, point d’orgue entre les trois salles, mais on regrette son manque d’exploitation – mis à part pour les séances spéciales, le service n’est pas assuré.

– Le confort de la salle 1, fauteuils profonds et grand écran incurvé. Qualité sonore impeccable.

– L’environnement. Avec la proximité du quartier Saint Germain, l’agitation modérée de la rue de Rennes, ses immeubles d’époque, on se sent bien dans le 6e arrondissement.

 

Crédit photo : Ségolène Alunni.

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