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Le Journal de Sébastien Marnier, épisode 4

par | 30 Jan 2021 | CINEMA, z - 2eme carre gauche

Episode 4 : J’espère que le monde d’après ressemblera un peu à ça

Sébastien Marnier est entré dans la phase de préparation de tournage de son troisième long métrage L’Origine du mal. Chaque jour sur les réseaux sociaux, le réalisateur tient son journal en un post et une image. Retrouvez chaque week-end sur FrenchMania l’intégralité de son journal de bord de la semaine. Au programme de ce quatrième épisode : la relation réalisateur-productrice, des repérages dans l’Ouest, la menace d’un confinement “serré”, et, encore, des centaines de questions … Et quatre comédiennes de plus au casting : Dominique Blanc, Naidra Ayadi, Véronique Ruggia-Saura et Clotilde Mollet.

JOUR 16

PRÉPA

Hier, nous avons repris le train de Toulon pour regagner Paris puis j’ai foncé à Montparnasse pour un autre TGV en direction de Tours. Demain je repartirai à Nantes. 9h de train et de car en trois jours. Le temps de travailler mais aussi de somnoler, de rêver au film, de réfléchir à certains plans qui m’échappent encore, notamment celui qui clôturera le film avant le générique de fin. Le découpage est quasiment terminé mais en ce début de nouvelle semaine, il va se confronter à la réalité des nouveaux décors que nous allons visiter entre Nantes et la Baule.

Photo Sébastien Marnier

Dans le train en direction de Tours, j’ai beaucoup pensé à ma productrice Caroline. Si tout cela peut arriver, si tout cela peut exister, c’est grâce à elle. J’ai replongé dans tous nos souvenirs communs.

Notre rencontre en 2014.

Notre premier rendez-vous après sa lecture du scénario d’Irréprochable.

A peine 24h s’étaient écoulées et elle me disait déjà qu’elle voulait le produire.

Depuis, nous ne nous sommes plus quittés.

Caroline est devenue ma productrice, mon amie, ma confidente.

Cette femme, c’est de la dynamite. Je ne sais pas où elle trouve toute cette énergie pour mener à bien tous les projets qu’elle entreprend. Toujours une dizaine de films en prod, en écriture, en tournage, en post-prod, en festivals… deux enfants et un mari, les copines, les amies, les amis, les sorties, les musées, les restaus, le syndicat des producteurs indépendants, le collectif 50/50, le CNC, la Commission de films de genre, la Commission de l’avance après réal…

Je suis fasciné par son endurance et par son envie de cinéma toujours intacte.

C’est, je crois, ce qui nous anime, elle et moi : cette merveilleuse et épuisante affaire qu’est le cinéma.

En faire, en voir, en parler. Il nous prend tout mais il nous donne tout.

La rencontre avec Caroline a changé ma vie.

Après des années à douter, c’est grâce à elle que j’ai pu arrêter les petits boulots pour me consacrer entièrement à mon travail. C’est parce qu’elle m’a proposé un bureau à la prod’ que mon quotidien a changé. Après toutes ces années de solitude à écrire mes romans, seul face à moi-même et donc aux angoisses le plus abyssales, je pouvais enfin avoir des collègues, faire la pause déjeuner avec elle et le reste de l’équipe. Elle m’a présenté ma chère Xenia, directrice de post-prod avec qui c’est un plaisir jubilatoire de travailler.

Avec cette équipe, aujourd’hui complétée par les délicieux Audrey et Sébastien, nous avons traversé des hauts et des bas, du succès de mon premier film à l’échec du deuxième mais aussi les aventures des autres films que Caroline produit. Les joies des autres, leurs financements, leurs résultats de commissions, leurs chiffrages de Canal, des régions, des autres télés mais aussi leurs déceptions immenses, le sentiment que tout s’arrête, les peurs, les pleurs, les crises de nerfs, je les ai tous vécu comme si c’était pour mes propres films. C’est ce que m’a appris ce petit bureau à l’intérieur de la prod ; comment on finance un film français aujourd’hui. Comment chaque projet est une totale remise à plat, comment ce métier est dur, comment il faut aller chercher avec les dents chaque euro, chaque partenaire. Comment il faut convaincre. Toujours et encore.

Caroline est la productrice que je cherchais car elle me pousse toujours à creuser mes histoires, à comprendre en quoi elles sont personnelles mais aussi à ne jamais oublier le public en cours de route ; ni elle ni moi ne faisons des films pour nous en vanter.

Je souhaite à tous les jeunes réalisateurs et réalisatrices qui doutent, qui flippent, qui galèrent, qui se battent de trouver une partenaire comme Caroline. Grâce à elle, ma vie professionnelle est palpitante, grâce à elle mon quotidien est hilarant. Quel veinard je suis.

JOUR 17

PRÉPA

🔴 Dominique Blanc rejoint le casting de L’Origine du mal.

Pour ce premier jour de repérages en Pays de la Loire, nous avons visité neuf décors potentiels. Comme c’est le cas à chaque film, découvrir des décors qu’on n’a jamais vu autrement qu’en photo m’a pas mal chamboulé et questionné. La plupart d’entre eux remettent en question mon découpage car leur réalité se percute à mes fantasmes. Je connaissais depuis longtemps la maison dans laquelle nous allons tourner dans le sud et celle-ci a alimenté les différentes versions du script ; c’était pour ainsi dire du sur-mesure. Dans cette nouvelle région, c’est un tout autre exercice : le script va devoir s’adapter. A la topographie des espaces, à la hauteur sous plafond, aux vacances scolaires, aux flux de voitures et de cars… Même si par expérience, je sais qu’on finit toujours par trouver des solutions, c’est difficile de rêver dans un décor d’hôpital, de hangar, de bureau… tout me semble plat et sans âme. A côté de la maison, tout me parait affreusement banal. Hier, je ne trouvais pas la cohérence, ni sensorielle ni visuelle entre tous ces décors aussi différents les uns des autres.

Photo Sébastien Marnier

Je me suis couché, plein de doutes et cette nuit j’ai fait un cauchemar, toujours le même qui se répète : au premier jour de tournage, j’arrive sur le plateau et tout ce que j’ai préparé pendant des mois, n’existe plus, envolé ! Je ne sais plus rien. Je flippe, j’ai le ventre en ébullition, j’ai peur des acteurs, je ne sais pas comment les diriger, je ne sais pas comment leur parler parce que je ne connais même plus l’histoire de mon film. Les enjeux ? Aucune idée. Le découpage, les placements de caméra ? J’ai oublié toutes mes notes et mes dossiers dans la chambre d’hôtel, je n’ose pas dire que je dois y retourner alors j’improvise et tout le monde me regarde, personne ne comprend un mot de ce que je dis, je balbutie, je bredouille… Je ne fais plus le lien avec rien, je patauge, Laure, Doria, Suzanne, Dominique sont en face de moi dans une scène et un décor que je n’ai même pas écrit, elles appellent leurs agents, elles veulent déjà jeter l’éponge, elles hurlent à l’imposture…. Pire encore, j’ai rêvé que j’avais le covid et que je n’osais pas le dire aux autres, terrorisé à l’idée que le tournage ne puisse pas commencer à cause de moi.

Je me suis réveillé, les jambes tremblantes, j’ai descendu les cinq étages pour prendre l’air et fumer quelques taffes, j’ai regardé la façade de l’hôtel. Un néon rouge éclairait le parking. La lune formait un étrange halo dans le ciel et sur les nuages. Il n’y avait pas un bruit, pas un passant (il était 3h47). C’était à la fois le monde le plus brut, le plus banal mais il y avait dans cette lumière, dans la silhouette du bâtiment qui se découpait dans la nuit et surtout dans ce silence absolu, quelque chose de magique et hypnotisant.

Je suis remonté et en me recouchant j’ai compris que je ne devais pas avoir aussi peur de filmer le réel : Avec un filtre rouge (Enfer), un bruit blanc (Purgatoire) et un flair (Paradis), la réalité peut devenir éminemment cinématographique. Tout est une histoire de point de vue.

Ce matin, j’y vois un peu plus clair : c’est la dichotomie entre le décor fantastique de la maison et l’étrangeté du réel qui fera sens et qui donnera à ressentir les sentiments contradictoires de mes personnages.

JOUR 18

PRÉPA

🔴 Naidra Ayadi rejoint le casting de L’Origine du mal.

Ce deuxième jour de repérage en Pays de la Loire fut encore très riche en découvertes et en émotions. Encore six décors au pas de course et beaucoup de route entre chaque. Le temps de regarder les différents paysages de cette région défiler à travers les vitres de la voiture, le temps de penser, penser, penser encore au film, toujours au film. Ça y est, je suis passé en phase obsessionnelle.

Mais à 15h, la vie s’est pour ainsi dire arrêtée : nous avions rendez-vous sur un décor que nous attendions avec impatience mais que nous redoutions aussi.

Une Maison d’arrêt.

Lucile, Romain, Damien, Nathalie et moi, n’étions jamais entrés dans une prison.

Quand nous sommes arrivés au plus proche des murs d’enceinte, des barbelés et des miradors, nous avons arrêté de parler, arrêté de rire. Nous avons arrêté de travailler et presque de respirer. Le bâtiment était là, face à nous, imposant.

Je crois que nous avions peur. En tous cas, moi j’avais un peu peur.

Nous sommes descendus de la voiture en fumant frénétiquement quelque dernières taffes et nous nous sommes avancés vers la porte d’entrée. Mon cœur battait très fort dans ma poitrine.

Et puis quatre personnes se sont avancées vers nous, une femme et un homme en uniforme, deux autres femmes en civil ; ils portaient leur masque mais, je ne sais pas comment, nous avons vu ça mais ils souriaient. Ils avaient une bienveillance dans le regard qui nous a immédiatement rassuré. Nous sommes présentés et puis nous sommes rentrés.

J’étais à la fois excité de découvrir un autre monde et en même temps, parcouru d’une certaine culpabilité. Contrairement aux autres, moi j’étais libre. Quel drôle de sentiment que celui-ci !

Nous parcourions les différents couloirs, nous passions les différentes portes, les différentes grilles alors que de l’autre côté du mur, il y avait des détenus. J’ai été subitement envahi par une profonde tristesse. J’ai imaginé tous ces échecs, ces accidents de parcours, ces ratés, ces mauvais jours au mauvais endroit…

Les deux surveillants qui nous ont accompagnés pendant ces trois heures on fait de ce moment l’un de ceux que je n’oublierai pas.

Ils étaient passionnants, curieux, blagueurs par moments. Ils ont répondu à toutes nos questions, ils ont confirmé et validé la véracité des scènes de notre scénario mais aussi remis en question ce qui n’était pas crédible, ce qui était fantasmé. Ils nous ont donné des conseils, ils nous ont aidé à trouver des solutions.

Nous avons aussi évoqué l’idée de prendre à la fois du personnel pénitentiaire et des détenus pour faire de la figuration, j’espère sincèrement que cela sera possible.

Hier, le cinéma a encore provoqué des choses inouïes : il nous a connectés à des personnes que jamais je n’aurais pu rencontrer dans la vraie vie, et mieux, il a instauré une certaine complicité entre eux et nous. Le quotidien du personnel comme celui des détenus est sans répit et contrairement à tant d’idées reçues, ce qui permet de le rendre supportable, c’est la culture. Toutes les personnes que nous avons rencontrées aujourd’hui aiment le cinéma (je dirais même que le cinéma les fait rêver). Je ne sais pas si elles vont encore en salle mais le cinéma reste une échappatoire irremplaçable. Le cinéma c’est l’ailleurs, c’est l’horizon, c’est le rêve surtout quand on travaille dans ces longs couloirs où tout est fait pour perdre ses repères. Hier, le personnel n’avait qu’un seul objectif : nous aider à fabriquer les séquences de notre film, et, déjà, tous rêvaient déjà de le voir terminé – sans se douter un instant que ça pouvait prendre des mois. Nos hôtes nous ont répété plusieurs fois que notre vision de la fonction publique et du personnel pénitentiaire était bourrée de clichés. Eux aussi en avaient tout autant sur les intermittents du spectacle et sur le monde du cinéma où « ça paye bien ».

Nous sommes repartis dans la voiture, nous n’avons pas parlé pendant plusieurs minutes, conscients d’avoir vécu un moment particulier. Nous sommes rentrés à l’hôtel et nous avons enchaîné avec une réunion de trois heures.

En me couchant, j’ai pensé, plus encore que d’habitude, que l’absence de culture pendant cette période de pandémie était une faute majeure, que c’était une décision politique et une erreur fondamentale qui aura de lourdes conséquences.

JOUR 19

PRÉPA

🔴 Véronique Ruggia-Saura rejoint le casting de L’Origine du mal.

Cette nouvelle journée de repérages dans les Pays de la Loire nous a retourné le cerveau. Nantes-La Baule. La Baule-Nantes. Nantes-Les Sables d’Olonne. Les Sables d’Olonne-Paris Montparnasse. Et enfin la maison. Mon grand amour. Mon grand chat. Mon grand lit. Le bonheur.

Quand je suis arrivé, j’ai aussitôt fait un Skype avec mes parents. Ma mère est enfin rentrée chez elle. En convalescence mais guérie. Quel soulagement. Sur l’écran de l’ordinateur, elle avait bonne mine et c’est elle qui se moquait de ma vieille tête et de mes cernes. Je leur ai raconté cette dernière journée qui nous a mis sur les rotules mais qui nous a mis le cœur en fête.

Nous avons quasiment trouvé tous les décors du film. Après la maison d’arrêt de la veille, nous avons fait escale dans une usine d’anchois et de soupe de poissons. Une fois encore, l’accueil qui nous a été réservé a été incroyable. Est-ce la période Covid qui rend les gens si gentils, si généreux ? Un besoin vital d’aller à la rencontre des autres, de voir des gens, de découvrir des métiers, des univers – j’espère que le monde d’après ressemblera un peu à ça.

Passés la rigolade de nous voir tous vêtus de blouse, de charlotte, de masques et de sur-chaussures (nous avons passé un certain stade de fatigue et toute l’équipe ne cesse de ricaner pour un rien, la moindre blague nulle nous fait exploser de rire… J’en profite pour nous excuser auprès de tous les voyageurs SNCF qui étaient dans notre périmètre…), nous avons arpenté cette usine avec une certaine fascination.

Photo Sébastien Marnier

Ces repérages sont quasiment un voyage pédagogique ! Un jour on nous raconte la vie en milieu carcéral, un autre, on nous explique de A à Z la transformation du poisson en soupe… je vais bientôt m’inscrire à Questions pour un champion !

Les machines sont belles, les convoyeurs, extrêmement cinématographique mais encore une fois, ces nouveaux décors remettent en question le découpage de plusieurs scènes. Rien de grave. Tout sera mieux. La directrice veut déjà faire de la figuration.

Reste à caler les dates de tournage…

Reste à comprendre ce que cache la nouvelle expression du porte-parole du gouvernement : Possibilité d’un nouveau confinement “très serré”.

Qu’est-ce encore que cette nouveauté ? Peut-on être encore plus flou que ça ? Serré dans le temps ? Serré dans le sens, sans aucune liberté donc comme en mars, serré comment ? Serré quoi ? Serré qui ? C’est insupportable ce non-langage.

Je sais que rien ne doit être simple mais nous donner autant de sueurs froides par une approximation, c’est terrassant. La langue française comporte un nombre de mots extraordinaire ; elle permet donc d’être précis.

Merci à eux de faire un effort de communication. Merci pour nous. Parce mon tournage et ma prépa sont très serrés aussi.

Après avoir fermé Skype, j’ai ouvert une bière et j’ai caressé le chat de longues minutes en écoutant une chanson de Pierre Lapointe.

Je me suis détendu.

Un peu.

Pas très longtemps.

Confinement très serré comment ? Comme en mars ?

JOUR 20

PRÉPA

🔴 Clotilde Mollet rejoint le casting de L’Origine du mal.

Ça y est, les journées deviennent trop courtes. Celle d’hier a commencé à 8h et s’est terminée à minuit. De retour à Paris, j’étais heureux de retrouver nos bureaux de prépa. Jonathan, le deuxième assistant réalisateur nous a rejoint, je pense que Lucile l’attendait avec impatience car les plans de travail sont un vrai casse-tête : il y en a plusieurs car nous ne savons pas si nos comédiennes seront indisponibles à certaines dates puisque nous n’avons aucune visibilité sur la réouverture des théâtres. Pourront-elles jouer ou non ? Mystère. En attendant nous faisons comme si car nous espérons évidemment que la culture pourra reprendre son souffle le plus vite possible.

Les questions ont fusé toute la journée. La déco, les costumes, les accessoires, les véhicules… tout était décousu.

– Seb, cette voiture te plait ? Qu’est-ce que tu en penses ?

– Pas mal mais je voulais une voiture avec des sièges en cuir.

– On en a une mais elle n’est pas noire.

– Ok, c’est l’un ou l’autre ?

– On peut chercher encore.

– Je veux bien oui.

– Seb tu veux bien venir, je voudrais te montrer des trucs avant l’essayage de Dominique Blanc demain.

– Génial !

– On a énormément de vêtements à lui faire essayer.

– J’ai trop hâte de voir !

– Seb, tu peux venir voir les nouveaux repérages en Pays de la Loire ?

– Oui je regarde après, je suis aux costumes.

– Seb, qu’est-ce que tu penses de cet hôtel en PACA ?

– Ça va pas, il faut quelques chose de plus cosy et de plus confortable. Excuse-moi, j’ai les costumes qui m’appellent.,

– Seb, pense à aller faire ta visite médicale demain matin.

– Ah oui merde, c’est où déjà ?

– Dans le 16ème. Tu vas mettre 45 minutes en métro. Il y a trois changements.

– Seb, faudrait qu’on parle de ton contrat.

– Ah mais attends, je dois aller voir la déco, ils ont des trucs à me montrer pour la chambre de George.

– Seb, on va recevoir demain les essais filmés de la figuration et des petits rôles en Pays de la Loire.

– Seb, on va recevoir demain les essais filmés de la figuration et des petits rôles en PACA.

– Ah génial.

– Seb, ce soir, il faudra que tu penses à regarder les essais des comédiennes pour Jeanne.

– C’est long ?

– Il y a eu quatre actrices aujourd’hui, il y a à peu près 30 minutes de rush chacune.

– Seb, demain, il faudra qu’on prenne au moins trois heures tous les deux pour qu’on se raconte le découpage technique parce que je dois affiner la liste du matériel lumière et technique.

– Merde, il est déjà 16h, il faut que j’aille faire quelques courses au Franprix pour ce soir.

– C’est tellement chiant ce couvre-feu.

– Tu as une brosse ?

– Merci toi aussi.

– Ça fait 4 euros 95 monsieur.

– Je vais payer en carte, en sans contact.

– Seb, tu as un colis qui vient d’arriver.

– Ce tissu est trop beau, pour les abat-jours de Louise, t’en penses quoi.

– Regarde la fausse plaque en marbre pour l’entrée de la maison.

– Mais qui vient de faire une imitation de Shakira ?

– C’est toi Lucile ?

– C’était à la fois étonnant et effrayant.

– On boit une bière ?

Hier soir en me couchant, j’ai beaucoup pensé à tous les membres de cette équipe merveilleuse, à toutes leurs propositions, leurs idées par milliers, leur fantaisie, leur folie, leurs talents ; c’est fascinant de les voir depuis plusieurs semaines se glisser dans MON film et dans mon univers. Désormais, j’en ai la certitude, ils rêvent également LEUR film et c’est de cette émulation, comme une transe collective et joyeuse que ce film deviendra le NOTRE.

Je me suis endormi, un peu plus rassuré que la veille parce que je ne me sentais plus seul.

Photo Sébastien Marnier

 

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