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Les Arcs Film Festival : Palmarès 2020

par | 18 Déc 2020 | CINEMA, z- 1er carré gauche

Le palmarès de cette douzième édition du Festival des Arcs vient d’être révélé. Le jury présidé par Zabou Breitman a fait son choix parmi 10 films européens en compétition. Malgré les conditions exceptionnelles (projections en ligne) dues à la crise sanitaire, l’équipe du Festival a réaffirmé son identité avec une sélection de film européens de haut vol, alliage de regards affirmés sur les enjeux sociaux, psychologiques et politiques de l’époque. Tour d’horizon avec le palmarès commenté de FrenchMania.

Flèche de Cristal : Quo Vadis, Aida ? de Jasmila Žbanić (Bosnie)

Déjà récompensé par le Prix Atlas du Festival d’Arras, ce film bosnien a également reçu le prix du public du Festival des Arcs et fait partie des grands coups de cœur de FrenchMania. Juillet 1995, Aida fait office d’interprète entre les casques bleus de l’ONU et le peuple de Srebrenica, sa ville assiégée par les forces du Général Mladic. Au cœur d’un camp de réfugiés trop petit pour accueillir tous ceux qui tentent d’échapper au massacre, où règne la peur et l’incertitude, c’est le destin de toute une communauté qui se joue. La guerre qui a opposé Serbes et Bosniaques prend corps avec ce personnage de professeure quinquagénaire qui se débat pour éviter le pire à son mari et à ses fils. La caméra de Jasmila Žbanić (Sarajevo, mon amour, 2006) suit Aida au plus près dans cette course effrénée et désespérée contre la montre, faisant face avec force à l’incompétence des forces onusiennes, et à la menace terrible que représentent ceux qui furent ses voisins ou ses élèves. Un film simple, puissant et nécessaire porté par une actrice extraordinaire : Jasna Đuričić.

Grand Prix du Jury : The Whaler Boy de Philipp Yuryev (Russie).

The Whaler Boy a tous les atours d’un conte, cruauté comprise. Lyoschka, jeune pêcheur de baleine d’un petit village extrême-oriental découvre le sentiment amoureux et l’émoi érotique en se prenant de passion pour une “cam girl” américaine. Philipp Yuryev filme avec inspiration des paysages inédits et met en scène un jeune homme à la naïveté bouleversante.

Premier prix d’interprétation : La famille Gabarre Mendoza dans Last Days Of Spring d’Isabel Lamberti (Espagne)

Film étonnant, fiction qui flirte avec le documentaire, Last Days Of Spring nous plonge au cœur d’une famille gitane qui va devoir quitter le terrain qu’elle occupe avec sa communauté dans les faubourgs de Madrid. Au plus près de son sujet et travaillant avec des comédiens non-professionnels, Isabel Lamberti offre une véritable chronique immersive qui évite toute forme de pathos.

Second prix d’interprétation : Natasa Stork pour Preparations To Be Together For An Unknow Period Of Time de Lili Horvát (Hongrie).

Si Preparations To Be Together For An Unknown Period Of Time fait un peu trop confiance à son propre mystère, il faut reconnaître à Natasa Stork, qui est de tous les plans, un réel talent hypnotique. Dans le rôle d’une neurochirurgienne qui perd pied suite à une rencontre amoureuse, elle est fascinante.

Prix de la meilleure musique originale :  Chris Roe pour After Love d’Aleem Khan (Royaume-Uni)

Un prix pour la musique est une belle façon de ne pas oublier du palmarès le très beau After Love qui met en scène la rencontre entre une veuve anglaise (Joanna Scanlan, très émouvante) et la maîtresse française de son défunt mari (Nathalie Richard, toujours parfaite). Abordant avec finesse des sujets comme la conversion religieuse, la double vie et la parentalité, le film tient sa force de sa douceur infinie et de sa faculté à capter les petits riens capables d’engendrer de grandes émotions.

Prix de la meilleure photographie à Alexander Nanau pour L’Affaire collective (Roumanie)

L’Affaire collective est un documentaire, assez brut sur la forme d’enquête embarquée, sur un scandale qui a secoué la Roumanie il y a à peine 5 ans. Suite au drame de l’incendie du Collectiv Club, une discothèque de Bucarest, de nombreux blessés, grands brulés sont décédés alors qu’ils auraient pu être sauvés. La raison ? Une affreuse arnaque au désinfectant qui a gangréné tout le milieu hospitalier roumain. Le film suit l’enquête opiniâtre de Catalin Tolontan, journaliste à la Gazette des Sports et c’est absolument passionnant.

Prix Cineuropa : Shorta d’Anders Ølholm et Frederik Louis Hviid (Danemark)

Le prix du site Cineuropa a choisi de récompenser ce film qui raconte une émeute dans un quartier “sensible” suite au décès d’un jeune, victime de violences policières. Shorta (“Police” en arabe) suit deux flics aux caractères opposés qui se retrouvent piégés au mauvais endroit au mauvais moment. Malgré son côté un peu “bourrin” et ses quelques facilité scénaristiques, cet équivalent danois des Misérables est d’une efficacité redoutable.

Prix du jury jeunes : Apples de Christos Nikou (Grèce)

Le jury jeunes a visé juste en récompensant ce film grec extrêmement original récompensé du prix Orrizonti au dernier Festival de Venise. Récit construit autour d’une épidémie d’amnésie et des méthodes délirantes mises en place par les autorités médicales, Apples rappelle parfois, aussi bien en termes de recherche formelle que de sous-texte politique, les jeunes années d’un autre réalisateur grec, Yorgos Lanthimos. Un premier film des plus prometteurs signé Christos Nikou qui fut assistant réalisateur sur … Canine de Lanthimos.

Apples – crédit : Bodega Films

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