Le festival des Arcs s’est ouvert hier soir. Consacré à la diversité du cinéma européen, l’évènement, présidé par l’acteur et réalisateur Roschdy Zem au long métrage et par la cinéaste Léa Mysius au
court, s’achèvera le samedi 17 décembre. Petit tour d’horizon d’une programmation riche d’une centaine de films faisant la part belle au cinéma français.
Du côté de la compétition officielle, on se réjouit de la présence de Leonor Serraille et d’Un petit frère, présenté au dernier festival de Cannes. Après la caméra d’or Jeune femme, portait tendre et schlag d’une aventurière d’aujourd’hui (Laetitia Dosch génialement fantasque et mélancolique), la cinéaste reconduit son art du portrait ici élevé au rang de saga. Un petit frère met en scène l’arrivée en France de Rose (Annabelle Lengronne) et de ses deux fils – l’occasion d’un regard d’aujourd’hui posé sur l’exil et sur une époque, la fin des années 80. La cinéaste yougoslave Teona Strugar (Dieu existe, son nom est Petrunya), présentera son nouveau film L’Homme le plus heureux du monde soit l’histoire d’Asja, 40 ans, célibataire prête à faire une drôle de rencontre en speed dating avec un homme à la recherche du pardon. Autre rencontre impromptue du côté de l’Italie entre un flic et un jeune homme avec la comédie dramatique Ghost Night de Fulvio Risuleo, jeune cinéaste passé par la Semaine de la Critique en 2015 pour son film court Varicella. Le duo de cinéaste Rainer Frimmel et Tizza Covi, auteur·trice entres autres de La Pivellina, dévoilera Vera, chronique qui suit une femme de la haute société romaine, à la fois lassée de la superficialité de son métier et fidèle à ses préceptes d’apparat. Les cinéastes issus de la photographie et du documentaire devraient à nouveau ici jouer du truchement entre réel et fiction
pour nous offrir le portrait à peine déguisé d’une héroïne du présent. Enfin, Eismayer de David Wagner convoquera certainement le fantôme du Beau Travail de Claire Denis dans une romance queer empêchée par l’armée et l’auto-censure de son protagoniste.
Côté avant-premières, Les Arcs réservera cette année un bel accueil au cinéma français. On prêtera grande attention au nouveau film de Lucie Borleteau qui après Fidelio, l’odyssée d’Alice et Chanson Douce devrait à nouveau explorer les complexités que contient le mot « féminin » dans l’espace réduit d’un strip-tease avec, au casting, Zita Hanrot et Louise Chevillotte. Le comédien et désormais réalisateur Guillaume Gouix montrera Amore Mio, son beau road movie et émouvant récit de retrouvailles entre sœurs ombragées par un deuil, avec le duo à l’alchimie parfaite Alysson Paradis et Elodie Bouchez. Après l’exploration de l’adolescence de son autrice dans Camille Redouble, la machine à remonter le temps de Noémie Lvovsky se posera dans la France des années 20 avec La Grande magie. La cinéaste adapte là la pièce éponyme d’Eduardo De Filippo qui voit un homme (Bruno Podalydès) au cœur amoché par la disparition « miraculeuse » de sa femme (Judith Chemla) lors d’un tour de magie. Une fantaisie qui donnera certainement l’occasion pour la cinéaste d’étreindre à nouveau ses motifs chéris que sont le doux poids mélancolique du souvenir et l’irrépressible besoin de fiction pour y survivre. Après le sublime Saint Omer d’Alice Diop, Toi non plus tu n’as rien de Béatrice Pollet avec Maud Wyller et Géraldine Nakache s’annonce comme un film de procès féministe. Le film devrait lui aussi donner des pistes de réflexion sur ce que recouvre la maternité. Enfin, après Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête et Funambules, Ilan Klipper retrouve Camille Chamoux pour Le Processus de paix ou la tentative de sauvetage, que l’on imagine comme le portrait fantaisiste d’un couple abîmé (Chamoux donc et Damien Bonnard) qui décide d’établir les règles d’une charte Universelle des droits du couple. Enfin du côté de la sélection Focus, Thomas Salvador présentera La Montagne, nouvelle variation autour de la figure du super-héros ici implantée en haute montagne pour une réflexion métaphysique sur les affres de l’existence.