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Les Cyclades de Marc Fitoussi

par | 11 Jan 2023 | CINEMA, z- 1er carré gauche

Trois raisons d’accoster

1 – Parce que ce « buddy movie » féminin nous transporte en terre inconnue

Depuis Laurel et Hardy, en passant par La Grande Vadrouille ou L’Arme fatale, le cinéma adore nous embarquer dans le genre populaire du « buddy movie ». Nul besoin d’être bilingue franco-américain pour comprendre : il s’agit bien du sempiternel « film de potes », construit autour de deux héros inséparables bien qu’aux antipodes l’un de l’autre, dans le sillon clownesque de la commedia dell’arte.
Un schéma très masculin (coucou Louis de Funès, hello Mel Gibson), que le facétieux Marc Fitoussi s’amuse à décliner au féminin dans Les Cyclades, cela pour notre plus grand plaisir. Mais est-ce vraiment un hasard ? De fait, le réalisateur du pétillant Copacabana, et de l’excellente série Dix pour cent, a bâti tous ses films, les plus fantasques (Pauline détective) comme les plus féroces (Les Apparences), autour d’héroïnes puissantes. Sa nouvelle comédie en forme d’escapade gréco-estivale confirme donc cette inclination. Mais aussi son talent en termes de rythme et de dialogues…

2 – Parce que cette mini-odyssée estivale déjoue finement les clichés de carte postale

A première vue pourtant, tout concourt au burlesque canonique dans cette mini-odyssée, dûment insulaire quoiqu’assez peu homérique. Jugez plutôt : Fitoussi nous immerge dans le quotidien mouvementé de Magalie, une journaliste précaire, aussi joyeuse que bordélique, et de Blandine, une manipulatrice radio nettement plus coincée, sinon larguée depuis son divorce. Contre toute attente, ces deux quadras ont été les meilleures amies du monde à l’adolescence. Alors que leurs chemins se croisent à nouveau, elles décident de faire ensemble le voyage dont elles ont toujours rêvé. Direction la Grèce, son soleil, ses îles et ses galères… En clair, tous les codes du genre sont respectés, de la paire antagoniste au cadre exotique, en passant par l’intrigue forcément agitée (attention méga spoiler, les deux copines vont s’agacer, se fâcher puis se réconcilier). Mais c’est oublier que Marc Fitoussi manie l’humeur « mélancomique » avec une rare finesse, et cela depuis son tout premier ouvrage (La Vie d’artiste, en 2007). La profondeur affleure toujours derrière l’apparente légèreté de son récit. D’ailleurs, si les retrouvailles de Magalie et Blandine, souvent hautes en couleurs, nous emballent autant, c’est parce qu’elles se teintent de vulnérabilité, d’émotion, et même de gravité à l’occasion. A travers elles, ces deux BFF contrariées vont apprendre à se reconstruire, et donc s’autoriser de nouveaux horizons…

3 – Parce que ses comédiennes de haut vol nous font chavirer (de bonheur)

Ce voyage initiatique est d’autant plus savoureux qu’il est porté par un casting de haut vol (nul hasard, là encore, vu l’amour que Marc Fitoussi voue aux actrices depuis ses tout débuts). Bien sûr, on a déjà beaucoup croisé Laure Calamy (alias Magalie) dans le registre tornade brune, mais elle y est une fois de plus épatante (et blonde, exceptionnellement), tandis qu’Olivia Côte (alias Blandine) lui tient formidablement tête, même dans ses silences. Quant à Kristin Scott Thomas, elle est assurément « the cherry on top » (of the gâteau) dans le rôle secondaire quoiqu’exubérant de Bijou ! Car oui, au fait, le tandem initial de Marc Fitoussi s’élargit en cours de route, adoptant la forme d’un trio virevoltant de fantaisie, de résilience et, chose plus rare, de maturité épanouie (elles ont toutes dépassé la quarantaine). D’ailleurs, c’est aussi pour cela qu’on les aime ces réjouissantes Cyclades… pour leur bienveillante hospitalité.

Les Cyclades, écrit et réalisé par Marc Fitoussi, avec Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott-Thomas. 1h50. France. Sortie en salles le 11 janvier. Memento Distribution

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