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Les Enfants vont bien de Nathan Ambrosioni

par | 3 Déc 2025 | CINEMA, z - 2eme carre gauche

Ceux qui restent

Dans Partir un jour d’Amélie Bonnin (sorti en mai dernier), la chanteuse Juliette Armanet incarnait une quarantenaire qui faisait le choix de ne pas avoir d’enfants. Il semblerait que cette dernière inspire désormais les cinéastes pour symboliser la représentation à l’écran de femmes dans le refus de la maternité. Les Enfants vont bien, troisième long métrage de Nathan Ambrosioni (Les Drapeaux de papier, Toni en famille) – s’ouvre ainsi auprès de Jeanne (Armanet, donc), célibataire, maman de deux jeunes enfants, Gaspard et Margaux. Sentant qu’elle s’efface peu à peu, elle va les abandonner à sa sœur pendant les grandes vacances, sans aucune explication. C’est autour de ce postulat de départ – la disparition volontaire et incompréhensible d’une mère que l’on doit essayer de ne pas juger -, que le jeune réalisateur va resserrer son récit sur celles et ceux qui restent et sur cette question brûlante et universelle : comment continuer à faire famille ? Suzanne – interprétée par Camille Cottin, décidément remarquable devant la caméra d’Ambrosioni après Toni en famille – ne voulait pas d’enfants et cette décision était d’ailleurs au coeur de sa rupture avec Nicole (Monia Chokri), la femme de sa vie. Experte en assurance, elle est habituée à garder son sang froid face aux drames des autres. Mais comment réagir face au droit à une disparition désirée ? Confrontée à cette zone grise juridique, à cette opacité d’un deuil qui ne peut pas se faire, mais aussi au hors champ de l’absence, elle devra apprendre à devenir, non pas mère, mais parent. Avec ce troisième film, le cinéaste poursuit son étude des rapports familiaux, observant en plan large, la reconstitution d’un foyer pour les deux enfants, incarnés parfaitement par Manoâ Varvat et Nina Birman, pour leur première fois à l’écran. Tout en continuant de raconter, des mères seules, des parents absents et le lien invisible entre des frères et sœurs, Nathan Ambrosioni gagne en maturité dans sa mise en scène. Il trouve ici de la justesse dans la simplicité des silences ou la délicatesse d’un geste, guidant ses personnages et ses acteur·ices vers la lumière, jusqu’à ce que les enfants aillent bien. 

Écrit et réalisé par Nathan Ambrosioni. Avec Camille Cottin, Monia Chokri, Juliette Armanet, Guillaume Gouix… 1h51 – StudioCanal – En salles le 3 décembre 2025.

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